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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Le piège abscons des polémiques

Publié le 28 Novembre 2019 par Nina in les médias, la polémique, le buzz

Ah, les polémiques. Existe-t-il une journée sans qu'on s'en ramasse une dans les dents ? A l'ère des réseaux sociaux où il devient difficile de ne pas être au courant de tout, on a vite fait de réagir, de s'enflammer. On s'indigne puis quelqu'un, blasé, nous rappelle qu'on est tombé dans le piège abscons de la polémique. Alors, oui, mais... 

Les polémiques autour de Polanski

Alors déjà : c'est quoi le piège abscons de la polémique. En gros : une personnalité médiatique (souvent médiocre) va dire une énormité à la télé, la radio, un journal, et nous allons nous fâcher. Sauf que certains, à l'image du mythomane Zemmour ou du sanguin Finkielkraut, s'en servent pour se promouvoir, pour "faire le buzz". Enthoven est pas mal dans le style aussi mais en plus sirupeux. Alors point "bah oui, peu importe que l'on parle de moi en bien ou en mal, du moment qu'on parle de moi". Non. Ici, il ne s'agit ici pas tant de "bad buzz" que de faire mouche auprès de la communauté ciblée. Vous croyez que Zemmour vend des bouquins auprès de ceux qui s'indignent de ses propos racistes ou sexistes ? Non, il les vend aux chantres du "on ne peut plus rien dire", "il dit tout haut ce que les gens pensent tout bas" et co. Ils sont populaires auprès d'une certaine audience de par leur agressivité et odiosité. Et pour le média qui a invité l'indélicat, il va pouvoir remonter le passage pour le diffuser ad nauseum sur les réseaux. Marie Peltier a plutôt bien résumé le bousin ici. 

Marlène Schiappa en pleine polémique
Je mets Marlène Schiappa parce que sa position sur la photo illustre bien le sujet et que j'avais pas envie de mettre les sales gueules de Zemmour ou Finkie

Et ça devient un cercle vicieux. Les minorités quelles qu'elles soient vint se faire vomir sur la tête juste pour cette volonté du bad buzz. Les femmes, les LGBT, les Noir.e.s au prénom qui ne sonne pas français, les Musulmans... le tout avec la complicité, souvent hilare, du présentateur qui laisse le fumier se répandre et tant pis si un de ses invités ou chroniqueur est blessé. Non mais on vit dans un monde où un vieux balance en toute décontraction à une femme qui a été violée "moi, je viole ma femme tous les soirs". Ce mec aurait dû être sorti immédiatement du plateau mais non... Alors perso, ça fait longtemps que j'ai pris le parti de ne pas regarder ce genre d'émissions (j'ai plus la télé de toute façon) mais vu que je fais pas partie du panel Audimat... Et je rêve sincèrement d'un monde où la grosse majorité coupera son poste dès que ce genre d'individus est invité... 

Eteins ta télé

En attendant, doit-on ignorer la polémique ? Mmm... Lorsque j'ai annoncé à mon alternant, garçon fort gauchiste, que je souhaitais ne plus suivre l'actu car j'en pouvais plus du sensationnalisme et que ça ne servait à rien de discuter avec des gens qui ne t’écouteront pas. Navré, il me réplique “mais du coup, tu vas céder le terrain à ces gens-là”. Ces gens-là aka les racistes, mascus, fachos... de tous bords qui polluent les comms des journaux en ligne par exemple, les réseaux sociaux… Je lui ai expliqué que débattre avec ces gens-là ne servait de toute façon à rien donc bon. Sauf que y a quand même un souci. C’est facile en tant que meuf privilégiée de s’en foutre. Je veux dire, à part les mascus, peu de gens me dénigrent vu que je suis blanche, CSP+, hétéro, cis, tout ce que vous voulez. 

Une femme blanche et une femme noire dansent ensemble

Mais même si je ne suis pas concernée, dois-je laisser les minorités agressées se démerder seules, ne pas unir ma voix à ceux qui s’indignent. Vous savez ce que font les extrêmes droiteux qui pullulent sur Twitter : ils se créent plusieurs comptes pour donner un effet de masse. Ainsi, se taire face à un propos révoltant, est-ce que ce n’est pas cautionner ? Au-delà du qui ne dit mot consent, il faut comprendre qu’une fois qu’une parole est publique et amplifiée, on ne peut pas laisser dire n’importe quoi sans réagir.

Amplificateur de son

Est-ce qu’on a tort de rentrer dans ce piège abscons ? Peut-être. Je préfèrerais que personne ne regarde ces gens, qu’ils parlent dans le vide et qu’on arrête de surfer sur ces buzz là. Mais en attendant, on ne peut pas laisser ces vieux connards cracher sur la tête des gens qui ne leur conviennent pas. Parce qu’on sait que tout est instrumentalisé pour donner un poids (genre TPMP ne peut pas être critiquée car grosse audience) donc s’il n’y a pas d’indignation face à la dégueulasserie des propos d’un Finkie et co, ils vont arriver à te dire qu’il y a consensus dans la population (déjà que…). Et je vous jure, ça m’épuise autant que vous de devoir entendre ces propos là. Et de devoir m’en indigner même si je pense qu’il faut penser à orchestrer nos indignations différemment. Peut-être en ne citant pas les provocateurs et en ne diffusant pas leurs propos pour commencer. 

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