La grève ? Quelle grève ?

05 décembre 2019. Alors si vous vivez pas dans une grotte, vous devez être vaguement au courant que c'est grève aujourd'hui. Alors je n'écris pas cet article pour vous parler retraites, droit de grève, du mode de lutte ou quoi que ce soit. Je vais même pas tellement parler de la grève en soi. Non. Moi, je veux vous parler du déni des entreprises qui n'anticipent pas et laissent au salarié la charge de bien se galérer.

Et ça m'énerve un peu. A l'heure où j'écris cet article (mercredi 04 à 09h30), je n'ai reçu aucune consigne de la part de ma boîte. Les seules communications qu'on a reçues, c'est l'annulation du petit dej du jeudi et  que les employés de la société de ménage passeront plus tôt le mercredi soir. Je reprends mon article à 17h50, toujours rien. Les champions. Dans la boîte de mon mec, ils ont envoyé un mail dix jours avant pour présenter les solutions : venir pour ceux qui peuvent, congé ou télétravail. Oui, manifestement, personne n'envisage que l'on puisse faire grève dans le privé.

"Oui mais tout le monde ne peut pas faire du télétravail ou prendre un jour". C'est vrai. Prenons le cas de ma besta Anaïs, partie vivre en province. Elle travaille sur un ordinateur fixe à son bureau et les documents qu'elle traite sont hyper confidentiels. Lui reste donc à poser un jour mais elle a débuté le 1er juillet donc le pécule est peu élevé. Elle va donc devoir se déplacer en voiture demain... ah j'oubliais : elle est enceinte de 08 mois, son congé mat débute lundi. A quel moment tu n'encourages pas quelqu'un à rester chez lui dans ces conditions en mode "ça reste entre nous"  ?

Parce qu'à un moment, je ne comprends pas que ce soit à nous de trouver une solution quand le problème est aussi massif et que tout le monde est potentiellement touché. Si j'avais voulu me rendre au travail, n'ayant aucun moyen de locomotion personnel ni transport fonctionnel à côté, il me restait quoi ? Mes petits pieds ! J'aime la marche, vraiment, mais entre mon domicile et mon bureau, il y a 10km soit 2h de marche... Du coup, à quoi ça sert de me galérer pour arriver à 10h30 et repartir à 17h, tout ça pour ne voir quasi personne ? Quand on parle d'excès de présentéisme, n'est-ce pas un excellent exemple ? Quand je télétravaille, je commence à 9h et termine à 18h-19h (quand j'ai du taf, ce qui n'est pas le cas actuellement).

Alors quoi ? Ceux qui ne peuvent ni venir ni télétravailler, on leur offre la journée ? Alors à voir. Sur Twitter, Queenofsofa expliquait par exemple que dans sa boîte, ils avaient loué des places de coworking à droite, à gauche, pour permettre aux gens de s'y rendre. Voir aussi le réseau des antennes d'une même entreprise. J'ai une copine qui vit en banlieue un tout petit peu lointaine et qui bosse dans une autre et qui a négocié un télétravail avec possibilité de se rendre dans une antenne de sa boîte à côté de chez elle si besoin. Il doit exister mille autres solutions auxquelles je ne pense pas mais qui, avec de l'anticipation, peuvent se mettre en place harmonieusement.

"Et si rien n'est possible, on offre le jour ?" Franchement... oui. Bon, on va arrêter de déconner deux secondes : quasi aucun d'entre nous n'a un métier vital. Si on manque tous une journée ou même deux, je vous jure qu'on va très bien s'en sortir. Vous me croyez pas ? Pourtant, on survit très bien aux épisodes neigeux qui bloquent tout le monde chez soi. On survit très bien à n'importe quel pont de mai. Ou aux fermetures de Noël. Surtout que si la majorité de vos collègues seront absents, ce sera pareil côté clients.

Bref, rien de grave. Mais je sais pas : la tolérance que l'on peut avoir pour des causes météorologiques ne s'applique pas à la neige qui, pourtant, empêche elle aussi les honnêtes travailleurs d'aller au boulot. Là en plus, on a de la chance, on savait précisément quand il allait y avoir grève et que ce serait massif. Mais pourquoi anticiper et chercher des solutions quand on peut rajouter une petite charge mentale aux salariés, hein ?

Allez, à plus dans le bus... ah non...