Hier, j'ai parlé sur mon blog bien-être et coach de vie du fait de croire que l'on a tout compris à la vie. Cette sensation se décline absolument sur le terrain des opinions et convictions. Oui, j'ai pas l'air mais j'essaie d'avoir une cohérence éditoriale entre mes différents blogs. J'avais donc envie d'écrire un petit laïus par ici sur ce sujet qui s'appellera "je suis plus woke que toi". Et qui est surtout un appel à la tolérance pour ceux qui n'ont pas forcément fait le même chemin que vous. Si tant est que votre chemin soit le bon, déjà.
Si la moi d'aujourd'hui devait débattre avec la moi d'il y a dix ans, je pense que nous aurions quelques petites prises de bec. Façon polie de dire "au bout d'une trentaine de tweets rageurs, on se serait bloquées mutuellement". Parce que je me serais trouvée bien conne et peu informée. Je me serais jetée des "pfff, va te renseigner un peu au lieu de dire de la merde". Oui, je me serais potentiellement mal parlé. Parce qu'en dix ans, j'ai lu, j'ai écouté, je me suis documentée. J'ai été alertée sur des problématiques dont je n'avais pas forcément conscience, j'ai intégré certains concepts, etc. Et je considère que je suis encore loin d'être au bout du chemin du savoir sur tous les sujets d'égalité sociale. Plutôt une bonne nouvelle en soi. Mais voilà, ce n'est pas parce que j'ai eu le temps de faire une jolie distance sur le chemin du wokisme que je dois prendre de haut ceux qui n'en sont pas là. Déjà parce que faudrait pas oublier que j'ai 40 ans et que le fait de venir d'un milieu aisé et d'être très curieuse m'a permis de me confectionner un petit bagage.
Le problème, c'est que parfois, on est un peu tendax. Quand on échange sur les Internets, il est difficile de savoir à qui on à affaire. Troll ou personne un peu maladroite ? Qui ne voit pas le mal car elle n'a pas réfléchi au sujet. Alors effectivement, on n'est pas obligé d'exprimer un avis en permanence. Il y a pas mal de sujets où, pour ma part, je ne commente pas. Peut-être juste parce que j'ai pas le temps. Cependant, il est fort possible que la personne ne soit pas mal intentionnée. Malheureusement, en lui tombant sur le coin du nez à base de "t'es trop stupide, je suis tellement plus éveillée que toi sur le sujet", vous ne l'encouragez pas vraiment à creuser la question. Parfois, il suffit de laisser l'idée faire son petit bonhomme de chemin, comme on dit.
Alors c’est vrai que les militants et associés n’ont pas toujours le temps ni le courage de faire de la pédagogie. Ils n'en ont pas le devoir non plus. Surtout quand iels se retrouvent en plein shitstorm ou tout du moins débat virulent. Quand tu prends des coups, t’as moyen le temps de te montrer patient.e ou pédagogue. Et donc la pauvre personne qui quémandait un peu de savoir se prend une avoinée sans comprendre d’où ça sort. Pourtant, il faut se souvenir que tout le monde n’a pas notre savoir ni notre temps pour l’acquérir. Et encore, je considère manquer cruellement de temps pour investiguer les mille et uns sujets que j’aimerais creuser. Genre féminisme et amours hétérosexuelles ou anarchisme. Les deux ne sont pas correlés. Quoique…
On a souvent tendance à encourager les gens à se cultiver eux-mêmes et je pense effectivement que c’est la meilleure façon d’apprendre. Mais se faire envoyer bouler n'est pas très encourageant. Oui, nous ne devrions pas nous désintéresser d’une cause juste à cause d’une mauvaise interaction. Moi même, y a une féministe sur Twitter que je pouvais vraiment pas piffrer mais je ne me suis pas drapée dans mon ego en mode “puisque c’est ça, ta cause, j’en veux plus”. Au pire, jetez un lien ou deux en invitant la personne à lire. Si elle refuse, c’est qu’effectivement, la personne ne veut pas apprendre et vous pouvez passer à autre chose. Mais souvenez-vous : on peut s’ouvrir à tout âge, évoluer. Et ce n’est pas parce qu’une personne tenait des propos bofs y a dix ans que vous devez disqualifier ses propos aujourd’hui. Personne n’a la palme du wokisme.