Je ne rigole pas. Je n'exagère pas. On est tranquillement en train d'amorcer un sacré virage autoritaire et à chaque fois que tu le soulignes, t'es renvoyé dans tes 22 m par un cinglant "roh, tu exagères !". Voire l'insupportable "va vivre en Corée du Nord, tu vas voir ce qu'est une vraie dictature". Bah oui, puisqu'il y a pire ailleurs, laissons sombrer notre démocratie. Tant que Kim Jong Un (ou n'importe quel dictateur) fait pire, y a pas de sujet.
La démocratie française va mal et c'est pas nouveau. Bien sûr, en 2020, la liste des atteintes à nos libertés ne cessent de s'allonger. Dernière en date ? L'oppression des journalistes durant les manifestations. Outre les arrestations à répétition de Gaspard Gantz et Taha Bouhafs, les journalistes et observateurs pourront désormais être interpellés en manifs. C'est pas que les objectifs photos nous protégeaient mais on savait. On avait trace des violences policières. Évidemment, dans ce grand pays de droite dure que nous sommes (si), nous ne sommes pas si nombreux à nous en émouvoir. Ils n'avaient pas qu'à manifester d'abord. Ils nous font chier ces grévistes, ces gilets jaunes, ceux qui font mourir les centres-villes et nous prennent en otage. Ca, le jeu de la division, ils maîtrisent grave au gouvernement.
La liberté de la presse, la mal aimée
Normalement, une attaque aussi frontale à la liberté de la presse devrait paniquer tout le monde. La France n’était pas particulièrement bien placée dans le classement sur la liberté de la presse mais sombrer encore plus bas dans le classement n’est pas une bonne nouvelle. Se doter d’une législation permettant de mettre des bâtons dans les pattes des journalistes en toute décontraction devrait nous faire entendre le bruit des bottes. Non parce que je traduis : si tu prends pas la bonne photo, on va te confisquer ton matériel et t'envoyer en garde à vue te foutre. Au moment même où l’IGPN admet que la charge policière qui a conduit à la lourde chute de Geneviève Legay était disproportionnée. Dans un pays qui a été secoué par l’affaire Benalla révélée grâce à la presse (à partir d'images tournées par Taha Bouhafs, nommé quelques lignes plus tôt). Un pays dont les forces de l’ordre tabassent une infirmière. Un pays qui a remis en place les Voltigeurs... ah, pardon, les BRAV. Un pays qui accule des manifestants dans la cour d’un hôpital avant de les accuser de vouloir attaquer le bâtiment. Ce n’est pas des délinquants dont on parle H24 sur les plateaux télé qu'il faut craindre mais les forces de l’ordre. Et ne croyez pas qu’ils se contentent des manifestants. Y en a un qui s’est fait pété les dents juste parce qu’il passait à côté d’une manif, hein…
C'est à croire qu'on nous cultive tellement pas sur la politique que pour la plupart des gens, si c'est pas le RN où éventuellement la FI (dans la fantasmagorie où ils sont d'extrême gauche) à la manoeuvre, c'est bon, c'est démocratique. Non mais il suffit pas de se coller une étiquette démocratie, d'en appeler au barrage républicain et dire que les méchants, c'est les autres. Vous croyez que les urnes vous protègent de l'autoritarisme ? Ahahah. Quand on voit que même des élections complètement biaisées où l'abstention a dépassé les 50% permettent à des gens d'être élus sans trembler, de quelle démocratie parlons-nous ? Tout ceci n'est plus que simulacre.
Alors maintenant, on fait quoi ? Manifester notre mécontentement ? Oui, comme ça, on se fera casser la gueule ou crever un oeil en toute discrétion. Ca fait rêver… Va falloir y réfléchir et très vite. Parce que si votre grande méchante de l'histoire est élue, vous allez peut-être regretter de lui avoir laissé tout ce pouvoir. Certes, elle n'aura sans doute pas la majorité parlementaire. Par contre, avec une alliance avec la branche dure des LR… On pourra pas dire qu’on n’a pas prévenu mais une fois encore, on nous dira qu’on exagère.