Expérience vécue. J’ai un nouveau sujet qui me titille en ce moment. Ca s’appelle “tout ce que tu peux faire quand t’es riche qui serait totalement stigmatisé si tu étais pauvre”. Sous-titre : je suis allée en week-end au Cap-Ferret et c’était un peu voyage en terre inconnue. Même si c’est très joli mais c’est pas le sujet.
Les pauvres, on peut tout leur reprocher
Il y a quelques temps, j’avais un peu suivi un react lecture sur le livre de Denis Colombi “Où va l’argent des pauvres” qui mériterait amplement mon temps de lecture. Je n’ai donc pas tout lu mais il y avait une idée reine, qui flottait un peu au-dessus de tout ça, c’est en gros qu’on reprochera toujours aux pauvres leurs comportements et leur gestion de l’argent. Alors que des riches se comportant de la même façon, ma foi…
Sortir en pantoufle, le dernier chic
Par exemple, au Cap-Ferret, on va dîner un soir dans une pizzeria-épicerie fine. C’était très bon, au passage. On attend d’être placé et j’avise un jeune couple avec un bébé. Je les capte surtout parce que la mère commence à vouloir parler en anglais à son fils qui n’a pas l’air réceptif du tout. Il ne sont pas anglophones. Ils se parlent français entre eux et elle a clairement demandé à son fils de deux ans max “do you want to speak in english ?”. Je regarde un peu indifférente et là, je remarque le motif léopard de ses chaussures. Je détaille et.. omagad, ce sont des pantoufles. Sans aucun doute possible. Et je ne vous parle pas de sa coiffure en mode “j’ai pas vu un peigne depuis 2003 et j’ai attaché ça comme j’ai pu”.
Le fashion look de Kate qui sort les poubelles
Alors chacun fait ce qu’il veut et ce n’est pas bien de shamer une femme sur son apparence. Et ce n’est pas ce que je veux faire ici. A ce moment-là, j’ai juste fait un petit exercice mental : et si on était genre dans le 9-3 ou le 5-9 et qu’une femme sortait dans la rue en pantoufle et coiffée avec un pétard, il se passerait quoi ? Elle passerait pour négligée voire folle. Pour incarner un peu mieux ce que je veux dire, parlons de Kate Moss. Alors Kate Moss des années 2000 car j’ai pas ouvert de magazine people depuis. Dans les années 2000, il fallait toujours copier le look casual de Kate, celui qu’elle mettait pour aller dans la rue. Qui correspondait à peu près à celui que je mettais, moi, pour sortir mes poubelles. Des guenilles dégueus, c’est chic… quand t’es riche. Sinon, t’es une plouc négligée. Et vulgaire, évidemment.
Les riches ne s'excusent pas
Alors à la limite, se promener en pantoufle dans la rue, c’est pas si grave. Parlons un peu d’éducation. Les riches sont extrêmement mal élevés. Je vais citer une série sud-coréenne. Les Sud-Coréens, ils adorent la lutte des classes, les méchants riches et leurs pauvres victimes pauvres. Avec beaucoup de fétichisme sur les chaussures. Parlons de la série “Little women”, qui se veut une adaptation des "Quatre filles du Docteur Marsh”. Sauf qu’elles sont trois, y a une orchidée tueuse et à la fin, la méchante veut dissoudre tout le monde à l’acide. Donc dans cette adaptation très libre, une femme peu sympathique parle à une autre “Ca se voit que tu viens d’un milieu pauvre, tu t’excuses tout le temps. Les riches ne s’excusent pas”. Autant cette série était un gros nawak permanent, autant cette phrase a sonné particulièrement vrai. Les riches ne s’excusent pas. Ils prennent toute la place, sont particulièrement bruyants, n’hésitent pas à te passer devant en faisant mine de ne pas te voir (vécu). Ils fument des cigares qui puent. De par leur naissance, ils ont plus de droits que la plèbe et c’est comme ça.
Les enfants de riche sont des polissons comme les autres
C’est assez ahurissant quand on voit comment l’opinion est assez prompte à condamner les pauvres pour des faits similaires. Le bruit, déjà. Ah, qu’on aime rayer le bruit de ces familles pleines d’enfants qui prennent toute la place. Rien que ça, les familles à plein d’enfants. Tu sais, les familles de maghrébins à 5 ou 6 enfants entassés dans des HLM qui touchent les allocs, là. Alors, certes, les familles les plus riches ne perçoivent pas d’allocs donc il n’y a aucune solidarité sociale vis-à-vis d’eux. Mais des enfants, ça fait toujours des déductions d’impôts, déjà. Et suffit d’aller dans un parc pour remarquer que les enfants aux prénoms les plus bourgeois font autant de bruits et de conneries que les autres. Sauf que eux sont HPI, même qu’ils sont bilingues à deux ans. Comme le petit garçon de la pizzeria ou la princesse Charlotte. C’est vrai qu’une langue, ça ne s’apprend pas, c’est de l’inné en fonction de ton QI, tséééé. D’ailleurs, c’est rigolo, beaucoup d’enfants d’origine maghrébine sont bilingues très jeunes mais ça n’estourbit personne. Même là, je parlais avec mon collègue réunionnais qui nous expliquait que le français de métropole n’était pas sa langue natale. Pourtant, il le parle sans aucune difficulté. Et pour ceux qui me diraient que le créole et le français, c’est proche alors ça va, je leur dirai qu’ils ne seront pas bilingue en espagnol ou italien en deux jours.
Voiture de riche, voiture de pauvre
Pour rester sur le bruit et l’odeur, comme dirait Chichi, parlons de mon sujet de haine préféré : la voiture. Je ne vais même pas m’étendre sur les familles aux multiples voitures dont celles qui ne sortent jamais, qui sont là pour la collection. Mais force est de constater une différence de taille entre la citadine d’entrée de gamme et les berlines de darons. Différence de taille au sens propre du terme, j’entends. Ces grosses bagnoles non seulement débordent de leur place de stationnement mais en plus, offrent à leur propriétaire un sentiment d’impunité assez déstabilisant. Je veux dire mon mec a eu droit à des invectives car il avait… posé sa main sur une Tesla. Littéralement posé sa main. Le mec était en travers du trottoir pour faire un demi-tour, mon mec a posé la main sur le coffre, je vous dis pas le drame. Et puis évidemment, quand tu veux qu’on repère ta voiture, tu montes un pot trafiqué dessus histoire qu’on puisse pas te rater. A une époque, y avait un immense trou du cul du genre à Bordeaux, celui du “sans masque et sans capote”. Quand il roulait dans Bordeaux, tu pouvais pas le rater. Si tu ne le voyais pas, tu l’entendais. Pauvre tâche. Concernant l’odeur, je n’aurai qu’un mot “vieille voiture de collection”. Vous savez. A noter qu’une vieille voiture, si elle est conduite par un pauvre, tu la bannis de la ville. Si elle est conduite par un riche, tu lui ouvres les portes de la ville pour des exhibitions. Nuance, nuance.
Stigmatiser les pauvres, un sport national
Bref, stigmatiser les autres parce qu’ils font du bruit, que ça pue, qu’ils s’habillent comme des sacs, c’est que pour les pauvres. Les riches ont leur totem d’immunité, tout va bien. En même temps, ce sont eux qui possèdent les médias et, donc, orientent les discussions et créent les représentations et archétypes. Genre on va raconter que chaque année, grâce à l'allocation de rentrée, les pauvres vont s’acheter des écrans plats plutôt que des livres scolaires pour leur gosse. Ok mais à un moment, ils vont vraiment avoir beaucoup d’écran plat, que vont-ils en faire ? Ca, l’histoire ne le dira pas.