Etre informés : croiser les sources

Qu’il est compliqué de s’informer correctement. A présent qu’Internet met à notre disposition une source perpétuelle de savoirs, on veut tout lire, tout connaître… quitte à s’embourber dans une version très alternative de l’histoire. Complotisme contre complotisme, arguments d’autorité contre “je suis la question depuis dix ans, tu peux pas test…”, je me demande qui est vraiment informé de quoi ? Le plus simple est encore de croiser les sources. Sauf que ça nécessite “un peu” du temps.

Quand j’ambitionnais d’être journaliste, il y avait cette règle d’or : croiser les sources. Je pense que vous avez tous expérimenté ça : sur un événement donné, pour peu qu’il y ait une dimension politique, même dérisoire, vous pouvez avoir mille lectures selon l’orientation de la source. Non parce qu’on va arrêter de se mentir deux minutes : les journaux ne sont pas objectifs. Il ne SONT PAS objectifs. Et je ne parle pas que de la partie éditoriale, là, c’est legit. Mais voilà, dans la vraie vie, un fait n’est pas toujours si simple, c’est rarement noir ou blanc donc chacun sa grille de lecture.

Parfois, vous vous promenez sur les Internets (j’adore le mettre au pluriel, ne me jugez pas), vous lisez un article dans un journal ou magazine, un reportage radio ou télé… et vous découvrez un sujet d’actualité que vous ne connaissez pas. Je vais prendre un cas que je vais caricaturer à outrance volontairement : le Venezuela. Je vais essayer d’écrire un article dessus (enfin, deux : un sur “qu’est-ce que c’est que ce bins” et un autre pour comparer le traitement médiatique de ce pays vs d’autres comme l’Arabie Saoudite ou l’Azerbaïdjan voire le Gabon rapport au dernier coup d’état (raté) ou la Turquie, tiens… Bref, si vous connaissez une bibliothèque où je peux avoir accès à Europresse et récupérer des articles, manifestez-vous (au pire, mon mail : nina.bartoldi(a)gmail.com)). Donc sur le Venezuela, vous allez avoir deux camps, grosso merdo, les “c’est scandaleux ce coup d’Etat, Maduro a été élu démocratiquement” et les “Ahah, bien vu les rebelles, à bas le dictateur”. Bon, cette histoire de Venezuela, ça sert aussi à ceux qui sont trop à fond de cracher à la gueule de nos politiques en mode “ah ben tu félicites les rebelles mais tu refuses d’écouter la rue connard”, “ah ben tu hurles la légitimité de Maduro mais tu veux faire partir Macron”. Ouais, en fait, je caricature pas tant que ça.

Bon voilà, j’ai mes deux camps. Moi, je sais pas trop qu’en penser alors quel est le réflexe logique ? S’informer, oui. Sauf que… je vais sans doute avoir tendance à cliquer sur le tweet qui m’éveille au sujet, me “contenter” du reportage, filmé ou écrit, qui va me faire découvrir le problème. Et donc avoir une vision parcellaire du sujet. D’ailleurs quand (si ?) j’écrirai cet article sur le Venezuela, je ne prétendrai pas avoir la vérité absolue, d’autant qu’en matière de politique, je ne suis pas certaine qu’il n’y ait qu’une vérité absolue, justement. Bref, dans un monde parfait, je vais vouloir lire plusieurs articles/voir plusieurs reportages sur le sujet pour essayer d’avoir un avis le plus impartial possible et…

Je vais avoir un souci de temps. Alors quand je dis “je”, je me mets en situation de n’importe quel citoyen, pas moi en particulier. On a tous notre métro-boulot-dodo à gérer, la fatigue de nos rythmes de vie, nos petits tracas du quotidien. Donc l’info, on la prend où on peut, sur le JT de TF1, sur BFM TV, sur Twitter ou Youtube… et on en reste à cette version des faits parce qu’on a autre chose à faire. Et je ne jetterai pas la pierre parce que je suis dans ce cas. Déjà, quand tu vois la cascade de sujets à creuser, faudrait prévoir des RTT “rattrapage le plus objectif possible de l’actualité”. Alors si on n’a pas le temps de croiser les sources, comment qu’on fait pour être correctement informés ? Bonne question, surtout à l’heure où les journaux font payer leurs contenus contre des contenus gratuits très discutables…

On parle de ça semaine prochaine !