Première reco, première baffe monumentale

Troisième jour chez Vinyl, on entame les rendez-vous commerciaux avec Violette et Michel. J’arrive (très) en avance, comme à mon habitude, il arrive environ 10 minutes avant le rendez-vous, Violette arrive pile à l’heure et se prend un sermon. Bon… Premier rendez-vous sans intérêt mais le second s’annonce plus prometteur : une marque de mode premium vieillissante veut qu’on fasse un devis social media. “Ah ben Nina, t’as déjà ta première reco”. Heu mais hein ?

Donc cette marque de mode premium vieillissante, que nous nommerons Eglantine parce que pourquoi pas, veut une reco social media… paid. Le truc que j’ai pas fait depuis quatre ans, là, élément que j’ai rappelé à Michel à peine 24 heures plus tôt. Je ne suis pas hyper jouasse de devoir faire mes preuves sur un sujet que je maîtrise moyennement mais puisque je n’ai pas le choix... Michel me partage sa vision des choses “alors ce que tu vas faire, c’est un audit de leurs performances actuelles, blablabla”. Heu… Je demande donc à notre peut-être future cliente les accès du compte en communiquant mon mail. Je découvre le dashboard du facebook business et… ça n’a plus rien à voir avec ce que je connaissais. Les plateformes réseaux sociaux évoluent énormément et quatre ans sans y toucher, c’est énorme. Mais bon, je suis pas plus con qu’une autre. 

Je bricole donc une recommandation en cliquant un peu partout, en recyclant de vieilles slides à la demande de Michel et j’utilise une matrice devis pour faire un costing. Je rappelle donc qu’à ce moment là de l’histoire, je ne suis pas arrivée depuis un mois, on doit être à la fin de la deuxième semaine, et je suis un peu lâchée là-dessus avec juste un “tu prends des slides là et là”. Je renvoie ma recommandation à Violette, on s’interroge un peu sur la marche à suivre (Michel la terrorise) et on se dit qu’on ne peut pas l’envoyer à la cliente sans l’aval de Michel. Elle lui envoie donc.

Vendredi 17h, elle m’interpelle parce que Michel veut me parler. On se met donc dans une salle de réunion et là, je me fais pourrir. Que ma reco, c’est de la merde, que mon costing, c’est n’importe quoi, qu’il n’a “jamais vu personne demander à ce que son compte soit mis en admin, il fallait que tu mettes l’entreprise, comme je vérifie que tu ne t’es pas trompée sur ton analyse”. Je souffle fort par le nez, essayant de garder mon calme “non mais arrête, tu passes pas une journée pour monitorer une campagne !” Donc là, je perds un peu mon sang froid parce que ça va aller de m’admonester pendant 15 bonnes minutes sans me laisser en placer une “mais j’en sais rien, Michel, je te rappelle que ça fait quatre ans que j’en ai pas fait et à mon époque, c’était beaucoup plus simple”. Bon, ça fait un peu rebaisser la tension mais je dois revoir ma copie. Un vendredi soir à 17h30. Sachant qu’on avait envoyé le documents le matin et qu’il l’avait lu bien au dernier moment.

Violette raccroche et me saisit le bras “écoute, il faut pas le prendre pour toi, il est comme ça”. Je la rassure en lui disant que je ne suis pas surprise vu ce que j’entendais depuis quelques temps, les conversations à demi-mots. Je refais donc ma reco et l’envoie (je n’aurai aucune réponse avant le lundi après-midi, je crois), gardant la tête haute. Ce n’est pas la première fois que je prends un plat à mon premier plongeon, je vais redresser ça.

Oui, à ce moment-là de l’histoire, je croyais encore que ce n’était rien.