Spoiler : non ! J'ai un nouveau big boss et un du genre gratiné. Vous vous souvenez du père Gamblois ? C'est le même. D'ailleurs, plot twist, ils se connaissent. Oui, préparez-vous, on va bientôt avoir un nouveau volet de mes malheurs professionnels. Jpp. Mais cette nouvelle mésaventure m'a fait remarquer un truc. Se comporter comme un tyran taré, ça ne fonctionne pas. C'est même carrément contre-productif.
D'une boîte humaine à une machine à broyer
Nous voici traumatisés. Pas que moi. Limite, moi, je suis la moins touchée. On passe d'une boîte certes imparfaite mais humaine à une boîte où on te traite comme de la merde. Déjà, les gens (se) parlent mal, faut voir ça. Mais le CEO, notre nouveau maître à tous, nom de Dieu… Le mec écrit des mails avec des mots en majuscule dedans. Quand il est très énervé, il les passe même en rouge pour bien montrer qu’il est énervé et que l’on doit obéir. On a basculé dans cette nouvelle entreprise le 1er février et là, on a lancé les paris sur l’ordre des démissions. Au pluriel, oui. La première fois que ce monsieur est venu nous voir à Bordeaux, il est venu me parler d’une agence qu’il avait racheté “ils sont tous partis en moins d’un an, je comprends pas”. Et bien moi, j’ai compris…
On déteste tous notre nouvelle boîte
Tout le monde se mange donc une violence inouïe. Enfin, tout le monde… encore une fois, je suis épargnée pour le moment. Déjà parce que j’ai commencé à bosser pour eux en novembre en mode “prestation de service pour une agence concurrente”. Oui, moi aussi, ça m’a beaucoup interrogée… Et j’ai donc été gérée par la responsable de la team marketing digital. Aka la fille du CEO qui crie dans ses mails. Ah oui, le népotisme, j’adore toujours autant ça. Donc le mal parlé et les micro-agressions, je me les suis mangés en amont. Mais du coup, face à cette nouvelle violence, l’incapacité à se projeter car tout le monde redescend au niveau pure exé, des promesses d’embauche qu’on avait fait aux alternants qui partent en fumée. Le niveau d’agacement est tel que quelqu’un a “reproché” à la chargée de comm sur les réseaux sociaux de relayer les posts de notre nouvelle boîte sur le slack de l’ancienne parce qu’il ne veut pas voir ça. Ambiaaaaance.
Evacuer nos traumatismes
Le trauma est réel, tout le monde est perdu. Et que se passe-t-il dans ce cas-là ? On paaaaarle. Un peu, beaucoup. Sauf qu’on ne parle pas autour d’un verre le soir ou le week-end, non. On parle au moment où les choses se passent. Dans l’open space. Je me souviens d’un vendredi particulièrement tendu où j’ai travaillé en cumulé une heure. Et si je n’ai pas connu depuis une telle intensité de messes basses et d’ouverture de coeur, ça arrive encore régulièrement qu’on consacre trente minutes à une heure à détailler les derniers événements. Les mails écrits en rouge, la dernière dinguerie du CEO, qu’on se demande si telle personne va partir ou si elle va être dégagée. Une pure perte de temps.
Traumatiser les équipes, ce n'est pas les motiver
Le pire, c’est que je suis persuadée que le CEO connard croit que c’est comme ça qu’on dirige des gens. Qu’écrire en rouge et majuscule dans un mail permet de mettre fin à toute discussion et que les gens vont se mettre à travailler juste après, le coeur léger. Evidemment que non, jamais. Je vais même tirer un peu le fil, en exagérant légèrement. J’adore les dystopies, à lire et à écrire. Et je me questionne toujours sur le moteur, la motivation qui pousse une personne à rejoindre la résistance. Et bien, je découvre avec CEO connard que la peur et la rancoeur sont d’excellents moteurs. Déjà, on a tous nos égos. Nous étions quelqu’un avant ce rachat et le fait d’être traités comme des vulgaires pions par ce mec qui nous staffe sans chercher à savoir ce que nous faisions envie ou ce dont nous pourrions avoir envie, ça froisse. Genre notre CTO qui est prié de faire de la gestion de projet. Tu ajoutes à ça la crainte de te prendre une agression en règle gratos parce que tu n’as pas lu dans ses pensées, il ne te reste qu’une seule chose à faire : fuir. Perso, je tiens jusqu’à l’été tranquille, je prends mes congés payés puis ciao. Bon après, je dis ça, si je vois une annonce cool, je postule.
Le capital humain est toujours négligé
C’est fou comme plus tu montes dans la hiérarchie, moins tu es capable de capter l’importance du capital humain. Vous savez pourquoi je suis montée dans le bateau avant les autres ? Parce qu’il n’y avait plus personne au pôle marketing digital, tout le monde démissionnait. Dont, fait amusant, un ancien collègue de chez Vinyl qui y est resté moins d’un an. Là, début janvier, ils m’ont libérée de ma mission car ils venaient d’embaucher quelqu’un, une fille assez jeune. Elle s’est barrée au bout de deux semaines. 10 jours ouvrés. “Ah ben on comprend pas”. Vraiment, t’es sûr ? Parce que j’ai souvenir que lors du pitch annonçant la fusion, tu as clairement dit “de toute façon, ceux qui sont pas contents, on ne les retient pas”. Djizeus. Ok mais tu vois, le problème, c’est que si tu fais fuir tous tes salariés, à la fin, tes clients risquent d’être moyen contents que plus personne ne travaille sur son projet. Mais bon, vas-y, continue de faire de la merde. Je prends des notes, ça me servira pour un roman ou un autre.
Les patrons sont de gros nuls
On encense souvent les patrons, ceux qui “prennent des risques”, paraît-il. Sauf que plus j’avance dans la vie et plus je comprends deux choses :
- Ce sont généralement les petites mains, les exés, qui font fonctionner une boîte. Très honnêtement, sur mes clients, je suis un rouage essentiel. Si je tombe malade, ce sera embêtant. Alors que si le CEO connard tombe malade, il va rien se passer. A part un grand soulagement parmi les équipes.
- Les CEO sont quand même globalement des incapables qui prennent souvent des décisions foirées et qui ne s’en sortent que parce que les gens ont l’amour du travail bien fait. Quoi qu’on en dise. D’ailleurs, ce serait intéressant de mesurer la connardise des patrons qui chialent sur ces “jeunes qui ne veulent plus rien faire”. Le problème vient-il de la flemme des jeunes ou du fait qu’ils n’ont pas envie d’être traités comme des paillassons ?
En mode service minimum
En attendant, j’entre en mode survie jusqu’aux vacances et commencer à chercher comment en faire un minimum pour lui et récupérer du temps pour moi. Le zèle, c’est fini. Oui parce que moi, je suis épargnée mais mes camarades les plus directs, non. Et ça, c’est une déclaration de guerre.