La vie est taquine. Lors de mon précédent job, j’avais postulé plusieurs fois en interne car le social media, j’en avais assez. J’avais eu une touche en planning strat puis en “content strategist” (chef de projet marketing digital en vérité) mais à chaque fois, y avait un truc qui bloquait. En désespoir de cause et parce que ma santé était sérieusement menacée, j’ai fini par partir pour un job de consultante senior social media ou je ne sais plus l’intitulé exact. En gros, j’étais censée relancer le biz en accompagnant la commerciale dédiée, Violette.
J’arrive donc en ce deuxième matin et Michel, mon boss, finit par débarquer. Je suis un peu contente car je suis légèrement désoeuvrée et j’aimerais avoir une tâche. Et aussi me rassurer sur mon devenir. “Ah Nina, tu viens, on va prendre un café”. Oui, bien sûr, monsieur. “Ah, alors, ça fait quatre mois qu’on s’est rencontrés, c’est ça ?” “Oui parce qu’entre l’entretien RH et le préavis et tout, ça a un peu traîné…””Ah oui, j’ai cru comprendre que ta boîte n’a pas été très sympa sur le préavis (si tu savais mec). Si tu veux prendre des congés en août, n’hésite pas”.
Premier jet de paillettes dans ma face, un demi-sourire se dessine. Mais le mieux arrive “alors tu vois, on t’a embauchée pour être consultante social media mais on n’en fait plus. Tu feras des rendez-vous avec la commerciale pour tenter de trouver de nouveaux clients mais en attendant, tu vas faire du traffic management”. Feu d’artifice dans ma tête. Dans mon ancienne agence, j’ai tout fait pour bifurquer, prendre n’importe quel poste dans le webmarketing autre que le social media et là, ça me tombe dessus sans rien faire. “Tu vas t’occuper d’une compagnie aérienne”. Mais j’adoooooooore travailler pour des compagnies aériennes, ce sera ma troisième.
A partir de là, je n’ai plus vraiment de souvenirs de cette journée. En résumé, je vais remplacer Doria qui va me former pendant le mois et demi qui lui reste. Je me souviens parfaitement du trajet retour par contre. Pour rentrer chez moi, j’ai quinze minutes de marche jusqu’à la gare et je vous jure que je volais. Je me sentais SI LEGERE. Quelle chance incroyable j’avais soudain ! Les vacances et cette réorientation de carrière que j’espérais sans parvenir à l’obtenir, tout ça sans même ouvrir la bouche. Du coup, le soir, on a réservé nos vacances pour Fuerteventura, j’étais bien, heureuse.
Sauf que. On n’obtient jamais rien sans rien et ce coup de chance allait se payer cher, très cher. Et pourtant, j’avais déjà les alarmes mais débordante d’enthousiasme, je n’avais pas vu le loup dans la bergerie. Enfin, pas distinctement, en tout cas.