Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Mon impossible rêve pro du social listening

Publié le 3 Septembre 2020 par Nina in social listening, réseaux sociaux, le journalisme

Ou à peu près. Récemment, j’ai cherché un emploi. Cette phrase d’intro est vraiment nulle mais on poursuit. Chercher un emploi quand on a déjà un, c’est un luxe car on n’est pas aux abois et on peut se permettre d’être exigeant. Même si mon exigence se flétrit au fur et à mesure et je suis passée de “Boulogne ou Levallois, non merci” à “un entretien à Boulogne en fin de journée ? Oki”. Bon, ça m’a permis de prendre des photos de ma playmo aux serres d’Auteuil. Je réfléchissais donc à ce que je voulais et j’ai eu une idée… que j’ai fini par abandonner : le social listening d’actualité. Parce que j’ai plus le chill.

Social listening
Ecouter les gens pour les marques

Alors j’ai déjà parlé social listening sur les vingtenaires car je gérais un peu ça dans mon ancien taf. C’est le fait d’écouter les conversations en ligne en paramétrant des remontées via mots-clés et hashtags. Dans mon ancien travail, je faisais des écoutes marketing pour comprendre ce que disaient les gens sur une marque ou un produit phare. Franchement, j’aimais assez bien car je trouvais que c’était toujours riche en petits enseignements. Rien de transcendant mais j’ai trouvé amusant de découvrir que Magnum était la marque des glaces des gens cools en bord de piscine et Haägen Dasz celle des femmes en déprime. J’ai trouvé intéressant de voir que les jeunes parents trentenaires aimaient faire des brocantes pour retrouver les jouets de leur enfance pour leurs petits car hé, nous sommes la première génération à avoir croulé sous les jouets pour ensuite vouloir offrir la même à ses enfants. Bref, ce que j’écoutais était assez consensuel.

Le téléphone à tirer de Fisher Price
Genre ce jouet-là... alors que les plus jeunes d'entre vous n'ont même pas connu le téléphone à cadran
Etre payée pour traquer les conversations : mon rêve...

Et puis au tout début de ma recherche d’emploi, j’avais un projet, un seul but : partir à Toulouse. Et il y avait une boîte que je lorgnais particulièrement, qui fait du social listening d’actualités. Oh waaah, le rêve ! Je pourrais enfin regarder un peu l’évolution des discussions autour de l’actualité, un institut de sondage pour moi seule. Quand j’ai quitté le taf où je faisais ces écoutes et que je me suis dit que j’aimerais bien poursuivre pour mon blog, j’ai regardé les prix et j’ai lâché l’affaire. 500 € pour écrire potentiellement trois articles, comment dire… Si c’est pas fait pour les particuliers, doit y avoir une raison. Donc être payée pour traquer les conversations d’actualité, c’était mon rêve…

Le social listening aux US

 

Les nerfs usés par les polémiques et les trolls

… Sauf que mes derniers pétages de plombs rapport à ma fréquentation frénétique de Twitter m’a fait comprendre que je ne pouvais pas. Que je ne pouvais plus. Traitez-moi de lâche ou de faible mais… bon, déjà, je m’en fous bien. Mais j’ai du mal à me dire que je vais passer mes journées à lire des polémiques et surtout les propos outranciers qui vont avec. Parce que faut trier et que le problème, c’est qu’il n’est pas évident d’éliminer le troll avant que son message ne fleurisse sous vos yeux. Et j’ai pas le courage. Pas le courage de lire que c’est pas grave si des réfugiés se noient parce que ce sont des violeurs. Des blagues sur le féminisme qui cassent bien les couilles parce que ok, un mec est un violeur mais c’est un bon acteur/réalisateur etc. Mon ambition de devenir data journaliste, de donner la parole aux citoyens via des écoutes sociales se brise sur les rochers de haine. Et je suppose que c’est dommage pour tout le monde. Pas tant pour moi, d’ailleurs. J’ai trouvé un nouveau job, tout va bien merci.

La haine sur les réseaux sociaux
La dictature des trolls

Mais en me rendant compte que je suis absolument incapable de lire tous ces tombereaux de merde, je réalise surtout à quel point les trolls de tout poils censurent le débat. J’ai déjà parlé de la polémique comme moteur d’engagement sur les réseaux sociaux, livrant des activistes aux trolls. Là, c’est pareil. Tous nos avis, nos sentiments, nos indignations, sont automatiquement noyées par tous ces abrutis qui pourrissent toute prise de parole. Les mêmes qui chialent qu’on ne peut plus rien dire et qu’on n’est plus en démocratie alors que ce sont eux qui imposent leur dictature. On n’arrête pas de pleurer sur la dictature de la bienpensance mais sérieusement, ce n’est pas la bienpensance qui agresse, qui harcèle, qui fait du bruit pour faire taire les autres paroles. 

Le cyber harcèlement
Mon optimisme n'y aurait pas résisté

Bref, je n’ai pas postulé car je savais qu’entre les trolls et les complotistes, j’avais peur que mon cerveau et mon optimisme finissent par y passer. Les conversations sur les glaces, c’était plus cool, finalement.

Commenter cet article