Quand je dis on, je parle des gens de gauche. Enfin, non, je parle des gens qui essaient de militer pour un monde plus inclusif et tolérant. Paraît que c’est du wokisme et que c’est mal. C’est vrai, empêcher les gens d’être connement racistes, homophobes, sexistes… c’est vraiment un truc du Diable. Ohla, déjà trois lignes d’articles et je taille un peu n’importe comment, ça promet. Bref, en ces heures très sombres de l’histoire de l’intelligence et de l’empathie humaine, je constate que nous sommes en train de perdre la bataille des réseaux sociaux. De quoi ? Hé oui, nous sommes en train de déserter à nouveau un réseau social, laissant toute la place aux pires idées.
On a déjà abandonné Facebook
Ah, c’est le matin. Saisissons notre smartphone pour voir ce qu’il s’est passé pendant que nous dormions. Est-ce qu’il y a encore du rififi sur le groupe Facebook du quartier ? Ah non. Juste des gens racistes et/ou sexistes et/ou homophobes qui chialent qu’ils ne peuvent plus rien dire tout en le disant en long, en large et en travers. Je trouve quand même ahurissant que sous n’importe quel article d’actualité, une centaine de personnes émettent le même caca tout en disant qu’ils n’ont pas le droit de le dire. C’est devenu une sorte de blague, Facebook. C’est le réseau des tontons et tatas racistes et antivax qui nous filent la honte. Moi, ça va, j’ai qu’une tante sur Facebook et elle a dû perdre ses accès depuis longtemps. Mais effectivement, parfois, je vois des messages de potes pas toujours proches qui me mettent un peu le seum. Surtout ceux qui s’étiquettent à gauche et diffusent de la bouillie antivax à base de Big Pharma. Perso, Facebook, j’y vais surtout pour voir mes voisins s’engueuler par messages interposés et j’irai sans doute en enfer pour ça. Ah et fureter dans deux ou trois neurchis rigolos aussi. Mais voilà, Facebook, c’est devenu la lie de la complosphère, la messe est dite.
Elon Musk vient sonner la fin de la récré
Jusqu’à présent, les gauchos sûrs étaient pas mal sur Twitter. Même s’ils n’étaient pas les seuls. Y a qu’à voir à quelle vitesse tu peux te prendre un shitstorm de la part des jus de poubelle. Non mais imaginez, vous postez un tweet pour annoncer que vous êtes diplômée docteure en égyptologie et il suffit d’un compte troll pour que vous vous fassiez insulter par des milliers d’inconnus qui vous exhortent à retourner préparer des BigMac. Vague de harcèlement lancée par Sardine Ruisseau, pour ceux qui continueraient à le trouver drôle. 100% les incels de JVC energy. Bref, Twitter, c’est moitié threads hyper intéressants sur des sujets sur lesquels tu n’avais pas pensé à te pencher, 50% trolling de mecs qui ne sortiront jamais de leur vieux fauteuil de bureau mais croient qu’ils “dead ça” à chacun de leur vomi. Mais voilà qu’Elon Musk, l’idole de cette fange-là, s’offre Twitter. Alors d’un côté, je me délecte de voir que le mec est en train de casser son jouet car il est vraiment très con. Tout comme je me délecte de voir Facebook sombrer chaque jour un peu plus parce qu’il a fait un pari auquel personne n’a cru. Et oui, c’est plus facile de voler les idées de ses potes que d’avoir une vraie analyse business. Ca me fait néanmoins chier pour les employés de ces boîtes-là paient les pots cassés. Bref, Elon Musk a racheté Twitter et commence à débloquer tous les trolls les plus à droite. Trump pour commencer. Il est donc plus prudent et bénéfique pour notre santé mentale de se tirer de là vite fait. Go Mastodon !
Abandonner les terrains gangrénés ?
Ok mais est-ce la bonne tactique d’abandonner des terrains gangrénés. Je suis pas une experte en stratégie de guerre, essentiellement parce que je n’arrive pas à m’intéresser à ce que font des petits généraux à l’abri pendant que des soldats crèvent par centaines. Mais je suis un peu turlupinée par le fait de laisser les basses engences s’exciter entre elles. Je citais les incels de JVC plus haut, j’aurais pu parler de ceux de 4chan, c’est pas tant le média que l’effet communautaire que je veux citer. On connaît tous l’effet bulle de filtres, le côté où on a des communautés qui nous ressemblent, bla bla bla. Et j’avoue que quitte à traînasser vingt minutes sur des réseaux sociaux, j’aime mieux lire des threads qui m’apprennent des trucs que voir des gens s’indigner d’une statue trop noire, de traiter n’importe quelle femme politique de folle ou n’importe quel message de haine. Voire réclamer l'interdiction d'un jeu en travestissant son contenu. Je suis pas venue pour souffrir, ok ? Cependant, en laissant des gens qui barbotent dans leur haine de l’autre s’encourager les uns, les autres, est-ce qu’on ne risque pas de leur donner l’impression que leur colère est générale, normale et qu’il est temps d’agir ?
L'extrême droite, toujours prompte à basculer dans la violence
Je suis toujours un peu agacée par le côté “han, bulles de filtre, ouverture d’esprit”. Oui, j’ai des bulles de filtre mais mes bulles de filtre à moi m’encouragent à me poser des questions sur le mieux-être commun. Par exemple, quand je lis certains threads dénonçant le validisme, je réalise que j’ai pas toujours les bons comportements et j’essaie de m’améliorer. Ca va pas plaire aux petits incels qui aiment bien venir me traiter de méchante folle mais je ne me sens pas du tout du mauvais côté de la barrière vu que mes bulles de filtre n’incitent à la haine de personne. Contrairement à toute la merdosphère Hanouno-trumpo-anti-woko-inceliste. Oui, ok, gros Bougli Boulga mais vous avez l’idée. D’autant que, hey, qui sait qui va basculer dans une violence meurtrière suite à ces gangrènes collectives ? Ah bah pas les wokes, curieusement. Le fanatisme, il n’est pas qu’islamiste, voyez. Cf la dernière tuerie en date dans un club LGBT friendly aux States. Je parle de celle du Colorado. Je précise parce que j’écris mes articles avec quelques jours d’avance, va savoir ce qu’il va se passer. Ou je pourrais parler du Canada qui a connu plusieurs attentats masculinistes dont la tuerie de Polytechnique qui a traumatisé le pays. Ou la Norvège avec la terrible tuerie d’Utoya. Vous voulez de l’attentat islamiste ? Ok, je relance avec les attentats de Nice : l’auteur était connu de la police pour des faits de violences conjugales. Le jour où la justice prendra vraiment la haine des femmes au sérieux, on va peut-être mieux respirer. Encore un peu de lecture…
Est-ce que la bataille en vaut vraiment la peine ?
Bref, je ne suis pas à l’aise de laisser les réseaux sociaux tomber dans les mains de l’extrême-droite et j’y vois vraiment une défaite… Mais honnêtement, je ne vois pas de contre-feux possibles. Surtout sur Twitter où la modération suite la droite ligne de Musk. En gros, si tu pars en guerre contre les commus fascistes, tu te prends au mieux un shitstorm. Au pire, tu te fais ban et fin de partie. Peut-être qu'à un moment, faut admettre qu'en ce moment, la gangrène est partout, retour dans les années 30. Mais bon, quand tous les fachos racistes réaliseront qu'ils ne gagnent rien même quand leur champion.ne est au pouvoir… même si bon, les faits et eux, hein. Bref, on n'a pas leur haine et leur rage donc peut-être que la bataille des réseaux sociaux était perdue d'avance. Mais il reste encore pas mal de poches d'expression. Le dernier Effet Streisand me donne presque un peu d'espoir.