Durant mes recherches, j’ai eu l’occasion de passer pas mal d’entretiens dont beaucoup seront oubliés d’ici quelques temps. Mais l’un d’eux méritera sans doute de reste quelques temps dans le rayon « anecdotes dont on rit volontiers après coup mais sur le coup, pas trop ». Comme la fois où j’avais mis le pied dans un trou plein de béton frais... Voici donc l’entretien « mais elle est où la caméra ».
Une pensée prémonitoire
En fait, je crois avoir été en présence d'un retour de karma. C'était un mercredi, je me souviens, rendez-vous à 19h en plein coeur de Paris. Dans l'après-midi, un candidat vient chez Pubilon passer un entretien. Il attend 30 mn car on l'avait oublié et il a droit à un entretien de 15 mn dans un café car y a un rendez-vous après. Très classe. Je dis à mes collègues "non mais moi, un entretien comme ça, je prends pas le job!". Prémonitoire comme déclaration.
Une longue attente
Le jour J, j’arrive pile à l’heure et même un peu en avance. Je fais bien : j’arrive pas entrer dans les bureaux. En fait, la sonnerie ne marche pas donc je frappe, je frappe, j’entends bien des voix derrière la porte mais personne ne vient m’ouvrir. J’appelle mais personne ne répond. C’est une blague ? Enfin, alors que j’entends des pas se rapprocher, je tambourine et on vient enfin m’ouvrir pour me déposer sur un canapé. Et là, j’attends. Dans mon sac, je n’ai que deux trucs à lire : un numéro de Management mais je trouve que ça fait trop
fayote… et un Guillaume Musso. Oui, je SAIS, Guillame Musso, je voulais lire pour pas mourir idiote. Donc concrètement, entre le trop et le pas du tout assez, je n’ai rien à lire. Donc j’observe les lieux. Pendant 30 mn… C’est long, très long.
Merci de me bousiller la soirée
Enfin, alors qu'intérieurement, je commençais à insulter les gens parce que bon, 30 mn de retard, ce n'est pas très correct, un homme vient enfin me chercher pour m'amener dans une salle de réunion. Au passage, il s'arrête à la fontaine à eau pour se prendre un verre d'eau. Moi, ça fait juste 30 mn que j'attends, j'ai pas besoin de me réhydrater, manifestement. Bon, ok, on ne va pas se formaliser de cette légère goujaterie. A peine la porte refermée, il s'excuse et sort son iPhone pour passer un coup de fil... histoire d'organiser sa
soirée. Là, je respire très fort et je garde mon sourire alors que, bordel, moi aussi j'ai une soirée et que grâce à cette demi-heure de retard (on arrive à 40 mn avec son coup de fil), c'est sûr que je vais en rater le début. C'est bon, on peut y aller ? Ah, on dirait que oui.
Je ne suis pas celle dont vous avez besoin
Entretien classique à base de "avant, je faisais ça, maintenant, j'en suis là, j'ai telles compétences et compagnie". Pendant que je lui raconte ma vie professionnelle, il envoie des textos. Non mais merde, elle est où la caméra là ? Dans ma tête, ma décision est prise : je ne viendrai pas ici. D'ailleurs, voilà que se dresse un gros nuage : "ah c'est bien tout ça mais il me faudrait quelqu'un de plus commercial, qui soit capable dans un premier temps d'aller chercher les clients." Au lieu de répondre en criant : "mais tu l'as lu mon CV ou t'as juste décidé de me faire perdre mon temps?", je saisis la perche : "Ah oui, le commercial... Je ne vais pas vous mentir, je n'ai vraiment pas les compétences dans ce domaine, je n'aime pas ça du tout." Voilà, pif paf, on convient que nos chemins vont se séparer là mais il me dit, jovialement "mais tenez moi au courant, votre profil est bien, on ne sait jamais...". Là, j'ai sorti ma mine "oui, je prends ton numéro mec parce que je sens que tu ne me lâcheras pas sinon mais crois bien que je ne m'en servirai jamais" et je suis partie.
Ne pas accepter n'importe quel job
Je ne suis pas désespérée. Ce qui me pousse à chercher un nouveau job, c’est le fort sentiment d’injustice, de non reconnaissance de mon travail et de non respect. Là, le mec, dès l’entretien, il pose à quel point il fait grand cas de ma personne. Je ne suis pas forcément exigeante mais il me semble que lorsque l’on a un rendez-vous avec quelqu’un et qu’on est en retard, ce que je peux comprendre, on évite de pousser le vice jusqu’à téléphoner devant elle et on n’envoie pas de textos pendant un entretien ! Quant à mon verre d’eau, je suppose que je ne devais pas avoir la tête d’une fille assoiffée (alors que dans les faits…). Je suis sortie de là, tellement atterrée que j’ai fini… par en pleurer de rire. Mais je commençais à entrevoir quelque chose, comme une répétition des faits… Comme il y a trois ans, quand je cherchais un job et que j’avais eu un entretien bien merdeux. Et si…