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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Le syndrome de l’imposteur

Publié le 22 Novembre 2018 par Nina in syndrome de l'imposteur, Le travail est une humiliation, Le travail

Introspection, nous voici seuls face à nous mêmes, pire qu’un entretien d’évaluation avec le plus vachard des managers. Vous avez remarqué comme on est super durs avec soi ? Comme on peut se reprocher le moindre bourrelet avec violence, le moindre manquement avec une intolérance hystérique ? Je sais pas vous mais moi, y a des jours où la fille qui me regarde dans le miroir, j’ai envie de la gifler tant elle a chié sur toute la ligne.

Se regarder dans un miroir

Je lambine car j'ai pas confiance

Prenons un cas concret : le travail. Dans mon job, y a des trucs que je gère tranquille comme par exemple tout ce qui a trait à l’écriture. Par contre, dès qu’il s’agit de ficeler une strat sur PowerPoint, mes mains sont moites et tremblantes. La slide d’ouverture me nargue « recommandation SMO pour la marque Tartempion, 15/12/12 », je colle le logo de la marque. C’est après que ça se complique… Et grâce à Management, le magazine, j’ai enfin compris pourquoi je traîne tant à monter mes slides : je souffre du syndrome de l’imposteur.

Syndrome de l'imposteur

L'angoisse jusqu'au sabordage ?

Pour résumer, le syndrome de l’imposteur, c ‘est cette sensation désagréable qu’on n’est pas à la bonne place, que nous n’avons pas les compétences que l’on nous prête. Et que ça va finir par se voir. Dans sa version la plus légère, on ne rend les documents demandés qu’au dernier moment, histoire de « faire durer » l’imposture. Quoi que moi, non, j’essaie de le rendre le plus vite possible pour permettre trois milliards de corrections. Dans les cas les plus graves, celui qui en souffre peut aller jusqu’à saborder son travail, fuir les points avec son manager…et donc il finira par perdre son taf, aggravant le sentiment d’être un imposteur.

Le cercle vicieux de la dépression

Apprendre sur le tas et ne pas maîtriser les bails

Prenons mon cas. Après 7 ans d’études donc 5 en histoire, 1 en science po et 1 en journalisme, je mets le pied par hasard dans le webmarketing. Univers où l’on dégaine PowerPoint et excel à tout va, outils que je n’avais quasi jamais utilisés jusque là. Ben oui, en journalisme, notre outil préféré, c’est word. Le truc qu’on utilise en webmarketing pour les règlement de jeux concours et comptes rendus de réunion, point. Autant vous dire que PowerPoint m’a filé, et me file encore des sueurs froides. Surtout quand on souffre comme moi d’une mauvaise intelligence spatiale et qu’on met 2h à essayer d’équilibrer les différents espaces. Bref, moi, j’ai jamais eu de cours de ppt et j’ai l’obscure sensation que je serai toujours nulle.

Présentation Powerpoint
Je suis la reine des illusions

Pourtant, mes compétences sont reconnues. Ma chef me corrige rarement mes powerpoints, changeant juste un mot ou 2 à l’occase. Les commerciaux me trouvent performante en rendez-vous. Il paraît même que je suis experte en Facebook ads alors que j’ai programmé la 1ère mi septembre. Mais ça va, en 3 mois, j’ai réussi à chaque fois à faire mes campagnes sans conneries. Je dois progresser en optimisation mais je m’en sors, quoi. Bref, personne ne me reproche quoi que ce soit. Personne sauf moi. A chaque fois que je rends un truc, je me dis qu’on va bien se rendre compte que j’ai un gros souci avec ce powerpoint de merde. Que ma strat est pourrie et que je sais même pas de quoi je parle.

La magicienne des strats

Pourtant en vrai, je suis pas si nulle

Sauf que si je me pose 5 minutes et que je suis honnête avec moi même : si, je sais très bien de quoi je parle. Je peux vous faire une dissert de 4h sur Facebook, Twitter ou Pinterest, je crée mes petits réseaux. Rien que pour le blog, j’ai un compte Facebook (et une page dont je ne me sers pas), un Twitter, un Spotify, un Pinterest, un Instagram et même une page Google+. Et un Tumblr mort. Ne manque qu’un linkedin ou viadeo Nina Bartoldi. Ce dernier existe d'ailleurs. Je ne sais plus si c’est moi qui l’ai créé ou non. Mais si tel est le cas, je me demande ce que je comptais en faire…Je sais quel réseau social utiliser pour quoi, je sais chanter de belles chansons au client pour qu’il se dise que lui et moi, on va écrire une belle histoire. Mais je suis toujours un peu dérangée par la peur d’être « découverte ». C’est une impostrice ! La preuve, début 2011, quand on lui parlait e-commerce ou s-commerce, elle hochait la tête sans comprendre. Maintenant, je comprends mais ça m’intéresse pas beaucoup plus.

Je me serais pas un peu survendue ?

En fait, si ce sentiment peut relativement se justifier dans l’univers du marketing qui n’est point le mien au départ, il a toujours été présent à chaque fois que je commençais une nouvelle aventure professionnelle. Y compris dans le journalisme. Ne me serais-je pas légèrement survendue en entretien ? Il y a toujours un vent de panique le premier jour, quand on m’assomme par une avalanche d’infos dont je ne retiens pas la moitié, je me sens idiote, larguée, je n’y arriverais jamais. Et puis finalement… Ca le fait.

Une femme apeurée au téléphone

 

Il est temps de lutter contre ce syndrome de merde qui nous paralyse tant. Peut-être est-ce un mal générationnel, cette époque où même les stagiaires doivent savoir faire le job alors qu’ils sont censés l’apprendre. Que tu es là pour appliquer tes compétences sans avoir presque le temps d’apprendre. On n’est pas là pour te former de toute façon. En 5 ans, je n’ai eu droit qu’à une formation : anglais. C’est pas pour autant que j’ai pas les mains moites quand je dois bosser dans la langue de Shakespeare. Pourtant, l’anglais, je le parle, je le comprends. Je fais des fautes, oui, mais vu le nombre de fautes de français que je vois passer dans mes mails pros... Rarement les miennes, hein. Surtout que quand j’en fais une, je vais me flageller pendant une heure aux toilettes. On m’excusera quelques coquillettes dans une langue qui n’est pas la mienne. Dans la limite du raisonnable, bien entendu. De toute façon, mon anglais, je le bosse… Histoire de me sentir plus légitime. Ou pas.

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