Fin de l’été. Le super power point que j’ai envoyé à Jeanne Baron et à mon big boss est accueilli dans un silence assourdissant. Mon mail est-il parti directement à la poubelle ? En attendant, je n’entends plus parler du projet.
Petite conférence entre amis
C’est là qu’arrive une conférence interne à laquelle big boss veut qu’on aille concernant un site Internet. Le monsieur parle. Je prends des notes sans m’endormir, c’est pas si mal. Fin de la conférence, on pose des questions. Je prends la parole pour évoquer la responsabilité juridique des hébergeurs car on ne peut pas toujours se cacher derrière le « mais c’est pas moi, ce sont les flux que j’héberge ». Question compliquée. J’explique que sur TMF, il nous est arrivé d’être mis en demeure d’effacer des messages diffamatoires sous peine de poursuites judiciaires, par exemple et nous avions une responsabilité à avoir laissé ces messages, en gros.
Le camouflet
Quand je rends le micro, je constate que Jeanne Baron est assise à quelques rangs devant moi et me scrute. A son tour, elle prend la parole et là, crucifixion : « Oui, nous, avec TMF, on travaille actuellement sur un projet avec des blogueuses, on avance bien, blablabla ». C’est ce qui s’appelle un camouflet magistral. A ce moment là précis, bouillant intérieurement, je décide de créer un blog anonyme pour raconter toutes ces vexations permanentes, ces gifles symboliques et douloureuses que j’appellerais « journal d’une future démissionnaire ». Ne le cherchez pas, je ne l’ai jamais écrit. Des fois que… Mais elle savait qui j’étais. Elle savait que j’avais fait des propositions pour ce projet et que j’étais dans la pièce. Et je me prends cette bombe en plein figure. Je reste digne, je ne pleure pas. Mais je commence à me dire qu’il va être temps de me bouger les fesses.
Des vacances pas reposantes...
Octobre, je pars une semaine en vacances chez mes parents. J’en ai besoin. Des vacances qui ne sont pas tout à fait reposantes vu que ma grand-mère est à l’hôpital pour une opération de la vessie et qu’on découvre un premier cancer, soit disant bénin. A peine un mois plus tard, elle était morte. Le vendredi, je mets en pseudo Facebook un truc du genre : « je veux pas rentrer » et Simon commente mon statut : « et encore, tu ne sais pas ce qui t’attends ». Je prends ça à la rigolade.
Et une autre gifle
Le lundi, me voici de retour au travail, je m’installe, traite mes mails, réponds à ceux qui exigent une réponse, commence à bosser quand Simon m’annonce:
« Bon, Nina, voilà, tu risques de perdre ton plus gros site, TMF.com
- Hein ? Pourquoi ?
– Et bien Jeanne (la rédac chef de TMF.com) m’a appelé la semaine dernière et ils vont embaucher un community manager sur TMF.
– Mais… tu me fais marcher ?
– Non…
– Mais si toi, tu récupères Gossip (ce qui était plus ou moins annoncé), il ne va me rester que Joséphine…
– Non mais tu garderais peut-être les forums de TMF, c’est pas clair… »
Humiliée, désespérée
Je suis blanche, je suis tremblante, je ne dis plus rien/ Je me concentre très fort sur mon écran pour ne croiser ni le regard de Simon ni celui de Ioulia. Je suis tellement furieuse, blessée que je suis vraiment prête à pleurer. Je me précipite sur ma boîte mail perso pour écrire un mail en urgence à Vicky, il faut que je déverse un peu tout ce qui est en train d’exploser en moi. Car sinon, je vais vraiment pleurer. Et non, il est hors de question que je pleure au bureau. J’attendrai d’être chez moi pour le faire.
On va fuir
Ce jour là, j’ai compris : c’est démission ou dépression. Le soir même, je passais la soirée sur Viadeo à trouver de nouveaux contacts et à parfaire mon parcours, j’ai rempli mon profil LinkedIn, j’ai remis mon CV à jour. Va falloir que je me casse et vite.