Il y a toujours quelque chose qui me turlupine dans le militantisme quand tu causes à des gens pas sensibles à ta cause : ceux qui te réclament de la pédagogie sinon, ils ne s’intéresseront pas à ton combat. Perso, j’appelle ça une excuse et je refuse le devoir de pédagogie.
Si tu ne me prends pas par la main, je ne m'intéresserai pas à ta cause
Parce qu’on n’a pas le temps. Il existe des tas de causes auxquelles je m’intéresse et celles qui ne m’ont pas forcément effleurée. Je ne hiérarchise pas, hein. Je ne dis pas qu’une cause a forcément plus de valeur qu’une autre. Juste que je ne suis pas au courant de tout non plus. Et je ne suis pas la plus légitime pour prendre la parole sur certains sujets. Donc je reste sur mes prérogatives, notamment le féminisme. La semaine dernière, par exemple, j’ai écrit un article sur le not all men et apparemment, le ton de l’article n’est pas “encourageant” pour s’intéresser au féminisme. Et bien, si vous vous arrêtez à ça, c’est qu’il y avait peu de chances que ça vous intéresse de toute façon. Mais certains ont quand même eu besoin de le signaler, je.ne.com.prends.pas. Parce qu’on n’épouse pas une cause parce que quelqu’un vous prend par la main pour vous apprendre la vie. Non. Surtout que de façon générale, personne n’aime qu’on lui prenne la main pour lui apprendre la vie, c’est TOUJOURS mal pris.
Poser de vrais questions, chercher à vraiment comprendre
Sortons du féminisme pour parler un peu écologie, une cause qui m’est chère aussi. Comment me suis-je intéressée au sujet ? Oh bah je me suis assise dans un coin et j’ai demandé aux écologistes de m’expliquer leur histoire pour voir si ça m’intéresse ou pas… Non, évidemment que non. Je lis, j’écoute. Si j’ai une question, je la pose simplement. Sans jugement. Sans “j’entends ton argument mais vu comment tu parles, j’ai pas envie, je crois. Parle moi mieux et peut-être que je t’écouterai”. Evidemment qu’on ne sait pas tout spontanément. Bien sûr que parfois, on ne comprend pas le soucis et on a besoin d’explications. Mais il faut aussi comprendre que le militant n’est pas obligé d’expliquer, encore et encore. Surtout quand on sait que la question n’est pas si gratuite et innocente. Voire qu’il ne s’agit pas d’une question en vrai mais une leçon de vie. Un peu en mode “oui, je comprends pas trop pourquoi tu t’énerves sur le sujet [parce que moi, personnellement, je trouve que ça n’a aucun intérêt et tu as un peu tort, là…]”. Sauf que… Ben on s’énerve pas par principe, on prend la parole quand on est convaincu d’un fait. On va pas changer d’avis juste parce que quelqu’un qui n’a jamais défendu la cause vient te dire qu’en fait, ton combat, c’est un peu de la merde et c’est pas comme ça qu’il faut faire.
On ne prendra n'importe qui comme allié
Mais vous allez me dire que l’union fait la force. Ben pas tellement en fait. C’est compliqué de s’investir dans une cause. C’est fatigant. Littéralement, tu essaies déjà de prendre du temps pour poser tes arguments, tu écris ou parles avec tes tripes d’un sujet qui t’importe, sur lequel tu prends du temps pour monter au créneau. Et là, quelqu’un qui n’y connaît rien ne comprend pas bien pourquoi tu n’es pas tout sourire quand il vient t’expliquer que franchement, tu ne donnes pas envie de s’impliquer. Mais ce n’est pas mon but, de “donner envie”. Je ne suis pas là pour vous apprendre les choses. Je soulève un point, sans fioriture parce que, justement, ça fait plus réagir qu’avec des “s’il vous plaît, veuillez considérer”. Des ressources sur les différentes causes, il y en a des tas. Sur le féminisme, l’écologie, l’égalité des droits, etc. Quand on s’intéresse vraiment à un sujet, on n’a pas besoin que quelqu’un nous explique gentiment les choses, on va les chercher nous-mêmes. Quant aux alliés qui ont besoin de courbettes pour daigner s’intéresser au sujet… On s’en passera en fait.