Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Femmes fatales, égéries des téléfilms

Publié le 24 Août 2019 par Nina in La télé, Pop culture, féminisme, Femme du XXIe siècle

Parmi mes petits plaisirs coupables, il y en a un que j’avais délaissé depuis des années mais que j’ai retrouvé un peu récemment grâce à la magie du replay, à savoir les téléfilms. Alors, je précise, je n’aime que les polars/thrillers option personne psychotique, pas les soupes dégoulinantes à base d’amour qui vous cueille alors que vous n’y croyiez plus. Par contre, entre le moment où j’en regardais beaucoup et maintenant, j’ai pas pris des points de féminisme et soudain, j’ai eu un petit souci avec ces téléfilms : 9 fois sur 10, on va nous parler de femmes fatales.

Affiche téléfilm thriller d'une élève amoureuse de son prof

Aaaalors quand je dis fatale, c’est vraiment au sens propre du terme. Pas forcément une Jessica Rabbit ou une Angelina Jolie, juste une meuf qui tue ou qui essaie de. Que ce soit une petite amie jalouse, une mère possessive, une maîtresse qui pète les plombs. Alors oui, ce n’est pas tout neuf. On a tous bien compris qu’il valait mieux éviter de prendre une maîtresse psychotique qui fait cuire le lapin de la famille, par exemple. D’ailleurs, dans un téléfilm maté récemment, une folle avait reproduit la scène, faisant croire à la femme qu’elle harcelait qu’elle avait fait mitonner son chaton. Alors que non, elle l’avait juste caché dans le micro-ondes. Dis comme ça, c’est bizarre… mais c’était bizarre tout court en fait. Bref. Niveau femmes vénéneuses sur les écrans, ça pullule.

Sharon Stone dans Basic Instinct

Et pourtant. Si je me réfère à ces statistiques du Ministère de l'Intérieur sur les homicides (en France), certes, seuls 17% des homicides sont ocmmis par des femmes et elles ne représentent que 3,6% de la population carcérale (je vous renvoie à cet article intéressant de Slate sur la criminalité féminine). Alors pourquoi ce sont toujours elles qui dézinguent tout le monde dans les téléfilms sans que leurs motivations soient si claires que ça ? Alors évidemment, j’ai pas besoin d’aller chercher super loin, on patauge régulièrement dans ce que j’appellerais le syndrome Poison Ivy : une femme belle mais vénéneuse. C’est exaltant de prendre ce petit ange pur et d’en faire une meurtrière folle, sanguinaire ou, au contraire, d’une froideur glaçante. Le meilleur exemple reste Rosamund Pike dans Gone girl. Ceux qui ont vu le film comprendront. Et les autres, vous pouvez le regarder mais en VO parce que la voix de Rosamund Pike est certainement la pépite de ce film.

Poison Ivy

Et il est vrai qu’il est tentant de jouer avec ce personnage de femme meurtrière, généralement éloignée des clichés. Et c’est un ressort facile pour dissimuler le tueur, en l'occurrence la tueuse. Surtout quand un personnage qui enquête lâche en soupirant “c’est forcément un homme, les serial killers sont toujours des hommes”. A peu près. Jouer sur l’aspect angélique de la Faucheuse qui va tranquillement dézinguer avec ses jolies boucles blondes…

Légendes urbaines

Sauf que quand même, ça m’agace.  D’abord parce que ça entérine l’idée que les femmes sont aussi voire plus dangereuses que les hommes. Si elles tuent rarement pour des questions de drogue ou de trucs du genre, en général, elles le font par amour. Elles tuent la rivale, elles tuent l’homme qu’elles aiment. Parfois un enfant, ce qui serait un peu plus réaliste mais revenons sur cette histoire d’amour. Donc une femme au coeur brisé devient aussi mortelle qu’une voiture lancée à 120 km/h droit dans votre face. Alors qu’on en est actuellement à 94 femmes tuées par conjoint ou ex conjoint à l’heure où j’écris cert article (jeudi soir), ça me fait tousser. Et ce n’est pas tant une exception française, je vous renvoie à la fiche Wikipedia sur le féminicide qui vous fera découvrir les stats ahurissantes des féminicides au Mexique. Vous apprendrez également que dans certains pays d’Amérique latine, le féminicide est une circonstance aggravante. Du coup, voir que dans les téléfilms, on traite beaucoup plus la violence féminine que masculine, meeeh.

Scorpion

Car la femme criminelle (ou soupçonnée de l’être) est vite étrillée par la presse et paie même parfois le prix le plus fort devant la justice. Je vous explique ça semaine prochaine. 


 

Commenter cet article