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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Es-tu sûr de ne pas aimer la politique ? Parce qu’il y en a partout

Publié le 16 Mai 2024 par Nina in Politique, Pop culture, Tout est politique

Hé oui. Et pourtant, qu’est-ce qu’on entend comme complainte. “Non, arrêtez, la politique n’a rien à faire là”. Toujours cette obsession de neutralité. Obsession de neutralité qui signifie souvent “vos gueules les gauchistes à toujours militer, là”. Alors que de ne pas vouloir faire de politique, c’est radicalement de droite. Sujet d’article, ça. Bref, alors que le spectacle le plus kitsch du monde a été malmené la semaine dernière parce qu’il est difficile de ne pas faire de politique quand un Etat génocidaire vient pousser la chansonnette mais qu’il est interdit d’en parler, je vais vous expliquer que vous aimez sans doute la politique sans même le savoir.

L'Eurovision est politique

Pas politique, l'Eurovision ?

Alors cet article sera garanti sans analyse fine de l’Eurovision vu que je n’ai pas regardé. Cependant, prétendre que l’Eurovision n’est pas politique est assez drôle quand on sait que Chypre et la Grèce se filent les “twelves points” depuis toujours, que les Etats baltes et scandinaves se filent toujours un max de point. Qu’on boude si la Belgique ne nous donne rien parce que “merde la francophonie”. Que la Turquie ne veut plus revenir dans le concours depuis la victoire de Conchita Wurst. Et que la Russie a été exclue depuis l’invasion de l’Ukraine. Ukraine couronnée en 2022, justement. Mais ok, c’est pas politique. Tellement pas politique que notre intelligentsia pro-sioniste a appelé à soutenir Israël en votant pour leur candidate. C’est rigolo pour un pays qui met la barre tellement à droite qu’on va finir par faire un 90°, que cette intelligentsia, comprenant des membres du gouvernement, appellent à voter pour un autre pays que la France. Mais promis, tout ça n’est pas politique.

Slimane

La politique, un excellent ingrédient narratif

La politique est partout et elle séduit. Il n’y a qu’à voir le nombre de séries sur le sujet. House of cards, évidemment mais aussi Veep, Scandal, Le régime, Baron Noir, la Fièvre, A la maison blanche, Borgen… Je suis loin d’avoir tout vu. Même Game of thrones. A votrer avis, le jeu des trônes, c’est un jeu de pouvoir ou les chaises musicales ? Et prochainement, on devrait nous proposer une série sur les Bene Gesserit, ordre mystérieux qui semble faire et défaire le pouvoir dans l’univers de Dune. Un ordre sur lequel Denis Villeneuve a bien poussé les putters pour leur donner un max de pouvoir pour nous proposer une série politique… et sexy parce que HBO.

Prophecy, la série HBO sur les bene gesserit

L'indispensable des séries coréennes

C’est quasi un prérequis dans les séries coréennes, même les plus fantasques, où un personnage riche et pas forcément très vertueux va finir par se lancer dans la course à la mairie de Seoul, à minima. C’est carrément au coeur de l’intrigue de la première saison de The good detective. On le voit aussi dans Vincenzo, The Penthouse et y a carrément la série The Queenmaker dédiée aux jeux politiques. Avec renversements de situation toutes les trois minutes.

Queenmaker, série coréenne

Le succès des dystopies

Un univers qui ne parle que de politique, aussi, ce sont les dystopies. 1984, Fahrenheit 451, Metropolis, toutes ces histoires où un pouvoir plus ou moins autoritaire soumet les populations qui finissent par se rebeller, avec plus ou moins de succès. D’ailleurs, le début des années 2010 fut marqué par une floppée de sagas dystopiques siglées “young adult” qui parlaient de système autoritaire, de révolte des jeunes. Hunger Games, Divergente, Le labyrinthe… Sagas qui reviennent d’ailleurs avec un préquel d’Hunger Games et un remake du labyrinthe. Y a eu une vague de dystopies au ciné, il me semble dans la foulée de Mad Max Fury Road. Qui revient aussi avec Furiosa d’ailleurs. C’est sûr que c’est plus passionnant qu’un débat entre Attal et Bardella mais ça reste de la politique.

1984, l'archétype de la dystopie politique

Joue à détruire des empires !

Les jeux vidéos aussi sont éminemment politiques. Bioshock propose trois jeux sur des effondrements de système. Final Fantasy VII où on incarne des terroristes écologistes. Final Fantasy VIII où nous incarnons des apprentis soldats qui vont prêter main forte à un groupuscule de résistance pour tuer une conseillère politique qui pousse un dirigeant à déclarer la guerre à ses voisins. La plupart des jeux nous transforme en héros qui décide de sauver le Royaume d’un dictateur sanguinaire ayant pris le pouvoir par la force, même. C’est fou qu’une partie d'une génération qui a passé des heures, des jours, à incarner des héros prêts à tous les sacrifices pour apporter la paix à une communauté pacifiste dans de grandes valeurs d’altruisme et de solidarité vote RN ou Reconquête par la suite. Bon, je pars un peu loin mais là encore, la politique est présente quoi que l’on fasse.

les jeux vidéos sont politiques

Même dans Beverly Hills et Premiers Baisers

Dans quasi toutes les fictions, il y a toujours un personnage qui va tenir un discours politique plus ou moins assumé. Et pas toujours bien éclairé mais passons. Vous savez, ce passage où on va pleurer sur certaines valeurs (censément) disparues, sur le fait que le régime politique en place ne fonctionne plus. Dans toutes les séries, même les plus inoffensives, y a une histoire d’élection qui traîne. Et à la fin, c’est Jessica la maire mais elle laissera son poste à son (ex?) mari pour aller faire de la radio. Dans toutes les séries, y a un personnage qui, à un moment, va se mobiliser pour un combat. Même dans Premiers baisers, y a une histoire de manif étudiante. Pour vous dire à quel point c’est partout. Moi, j’ai grandi avec Beverly Hills où Brandon organise une manif pour permettre à Donna de passer ses examens. Alors qu’aujourd’hui, une manif étudiante, ça se réprime sans ménagement. Je serais un personnage de série, c’est là que je sortirais ma tirade sur les valeurs perdues.

Manifestation dans Beverly hills

Personne n'aime la politique politicienne

Alors oui, je vous entends. “Oui mais c’est pas ça la politique qui ne nous intéresse pas”. Oui, c’est la politique politicienne, j’ai bien compris. Moi-même, je la déteste. Ce défilé de gens souvent médiocres qui récitent leur doxa aux micros tendus, ça m’irrite. C’est pour ça que j’ai une petite préférence pour la politique internationale. Je me rends moins compte de la médiocrité des politiciens parce que je ne les entends pas au quotidien. Alors que je sais bien qu’il doit exister une Aurore Bergé ou un Stéphane Trouvé dans chaque pays. Je l’espère, presque, ça me vexerait qu’on soit les seuls à avoir des nuls. Je suis d’accord qu’il est difficile de s’intéresser à ces gens-là. Que les écouter au quotidien tient parfois du pur masochisme.

Gabriel Attal est nul

La politique, c'est la base de la vie en communauté

Cependant, la politique est partout parce qu’elle est la base de la vie en communauté. Qu’on fait partie de systèmes plus gros que nous et que si on ne veut pas finir broyés, faut s’en préoccuper. Je ne vous en voudrai pas de ne pas vous intéresser aux personnes. Je déteste moi-même la personnification en politique, ce mythe de l’homme ou la femme providentielle. Surtout que c’est par ce biais-là que le marketing pol’ nous fait avaler strictement n’importe quoi. Genre que Macron serait quand même un peu à gauche. Cette blague. D’ailleurs, le fait que cette fable ressort à chaque élection me fait penser qu’en vérité, la France est bien plus à gauche que ce que l’on pense. Tiens, idée d’article.

La France à gauche toute

La politique, c'est pas juste des individus nuls

Bref, intéressez-vous à la politique. Aux grands systèmes, aux grandes idées. Pas forcément aux petits hommes ou petites femmes qui se baladent crânement avec leur écharpe bleu-blanc-rouge en oubliant qu’ils ne sont censés n’être que le porte-voix de ceux qui ont voté pour eux. Parce que vous ne le saviez peut-être pas mais en vrai, vous aimez la Politique.