On m’avait promis que les choses allait se décanter, que je n’aurais plus à subir Michel le toxique. Et peu avant Noël 2018, les rumeurs bruissent : il va repartir en Belgique. Tant que je ne reçois pas de communications officielles, ça n’existe pas, pour moi. Cependant, il se comporte de plus en plus bizarrement. Moi, je suis devenue un bibelot, il m’approche avec mille précautions et lors de la dernière pres chez Yellow, il me lance une centaine de confettis. Sauf que tu m’as déjà perdue, mec.
Car je ne lâche rien. Quand on sort de Yellow, il commence à partir vers le métro, je lui annonce que je prends un taxi, plus rapide (ce qui est relativement faux à cette heure-là mais je refuse tout tête-à-tête), je ne réagis pas à ses compliments. Il a merdé et il le sait mais je ne lui accorderai pas mon absolution. Non par rancoeur mais parce qu’il est un effroyable être humain et qu’il ne mérite pas qu’on le rassure sur son humanité.
Finalement, la new tombe : il part. Je le savais plus ou moins car il s’était replié sur son dernier soutien : Violette. Enfin, soutien, la seule à être encore gentille avec lui, plus par nature que par sentiment de justice ou loyauté. Il lui parle longuement au détour d’un rendez-vous, il lui fait tout un sketch sur moi et, accrochez-vous à votre slip, c’est croustillant “non mais Nina, je lui en ai trop demandé car elle est excellente”. Non mais tapez-moi dans le dos, je m’étouffe ! Quand elle me raconte ça, nous sommes avec Aurélien que je prends à témoin “il a dit à Aurel que ce que je faisais était stupide, il se donne le beau rôle, là !”. Parce que le beau rôle, il va l’avoir jusqu’au bout et c’est ce qui m’a profondément dégoûtée : il annonce lui-même son départ en expliquant que la Belgique a trop besoin de lui et qu’il a décidé de les rejoindre (notons qu’il gérait la cellule marketing digital à Bruxelles qui, elle, a fermé, entraînant un licenciement au passage).
Alors là, c’est quand même la confusion sur plusieurs choses. D’abord, on me dit qu’on ne tolère pas les managers toxiques dans ma boîte et qu’une action va avoir lieu. Sauf que non seulement le mec n’est pas viré mais en plus, on lui offre une belle porte dorée. Pire : Pascal et Ségolène sont saqués car ils ont manoeuvré dans le dos de Michel et “on ne tolère pas ça ici”. Pardon ? Wow. Pourtant, je pensais qu'ils allaient récupérer le pôle. Début décembre, Pascal et Ségolène avaient convié Violette, Aurélien et moi à une rencontre presta à laquelle participait leur équipe. Ce jour-là, je m’étais dit “ah, voici l’avenir de mon équipe”. Sauf que non. Si le DG évoque à Pascal un rendez-vous pour évoquer l’avenir du pôle, celui-ci n’aura jamais lieu. Evidemment, j’en retire une très mauvaise image de ma boîte qui sauve les managers toxiques (et y avait pas que celui-là, c’est un vrai nid) et qui punit ceux qui ne jouent pas le jeu de la lèche. Je comprends ce que je suis : juste un levier. Il n’y a pas eu de choix entre lui et moi, juste la volonté de le pousser là où il ne nuit plus (trop).
Quoi qu’il en soit, réjouissons-nous un peu, Michel le toxique s’en va. Il fait un tour à Paris début janvier pour rendre des papiers, je suppose. Ce qui donne la scène la plus ridicule du monde : alors que je chemine gaiement, je le vois au carrefour. Paniquée, je tourne à la première rue à ma droite. L’impasse qui longe l’immeuble. Il a certainement dû me voir mais bon. Il me convoque pour un dernier point où il me donne des conseils que je ne suis pas parce que je m’en fiche, il m’explique que je vais rejoindre l’équipe marketing automation avec Benoît, merci au revoir. Je ne fais aucun effort pour être aimable ou sympathique. En fin de journée, il part tel un voleur et je n’en entendrai plus jamais parler. Il a quelquefois appelé Aurélien qui travaillait encore ponctuellement sur un de ses clients et il demandait à chaque fois de mes nouvelles. Peut-être qu’il avait des regrets. Sans doute qu’il était persuadé que j’étais la pire du monde et que j’allais finir par me faire licencier. Et non toujours pas !
Mais il manque un élément à cette histoire : mon chevalier blanc. Je vous ai parlé de Pascal car je pensais que je devais mon sort à son intervention. Mais non, en vrai, j’avais un champion dans l’ombre et il allait bientôt se révéler… A suivre !