J’ai fait un article bonnes résolutions sur mon blog “vie plus jolie”, pas de raison que je n’en fasse pas un ici. Même si, en terme de bonnes résolutions, je vais plutôt être dans l’interrogation. En 2020, je veux que ça bouge mais comment le faire bien ?
Moi, mon arme préférée, c’est la plume. D’abord parce que je suis parfaitement à l’aise avec et ensuite parce que ça permet de poser tranquillement les choses. Parfois, un article fait date et tu découvres un jour par hasard que l’un des paragraphes de ton article est même devenu une sorte de mème collé par des personnes que tu ne connais pas pour faire taire les #notallmen. Sah quel plaisir. Sauf que bon, écrire un blog lu par pas grand monde, est-ce que ça compte ?
En fait, militer, c’est quoi ? Je réalise que je n’ai même pas ma propre définition du truc. Est-ce qu’il faut obligatoirement battre le pavé quand on en a la possibilité ? Distribuer des tracts, coller des affiches ? Appartenir à un collectif ? Ou diffuser une parole par tous les biais possibles. Je veux dire, est-ce que mon article de blog n’aurait pas autant d’impact qu’une affiche collée sur le passage des gens ? J’ai des avis là-dessus mais ils sont si subjectifs.
En 2017, j’ai rejoint un groupe politique. Ah, ça, me lever dès l’aube voire même bien avant pour distribuer des tracts, faire des opérations, offrir du café sur le marché, coller des affiches, j’ai fait. J’ai même été cadre bénévole pour une manif en commandant à une vingtaine de bénévoles de déplacer pour la 4e fois les barrières Vauban. J’ai servi des sandwiches et jus de fruits aux militants et députés du parti. Ouais. J’ai pas économisé mes efforts sauf que la politique politicienne a repris ses droits. Conflits et petites magouilles pour placer ses pions, ça m’a dégoûtée. Moi, je voulais aider les gens, à la base, pas servir la soupe à machin ou truc pour qu’il se fasse bien voir des cadres du parti. D’ailleurs, c’était drôle car c’était une gratification d’être repéré par le national. Un des cadres avec qui je bossais me le glissait parfois “t’as été top lors de la manif, t’as été repérée par le national”. Super… j’en ai rien à faire. Je n’ai jamais voulu faire de politique et être “repérée” me faisait une belle jambe.
Alors sans doute que j’ai mal choisi, que j’ai fait preuve de naïveté. Mais il en résulte une certaine angoisse. Une double angoisse, même :
- La peur que mes idéaux ne servent que de marchepied à Bidule ou Machin qui veulent juste être élus. Elus à quoi, ça dépendra de qui on parle mais c’est vraiment quelque chose que je ne veux pas. Enfin, dans le sens où je veux que mon énergie soit utile à une cause et non à une personne. Surtout que ceux qui ont de beaux discours avant et qui finissent par fermer leur bouche quand leur idéal est trahi pour garder leur place au chaud, on en connaît trop pour que je puisse encore être en confiance. Un ami qui s’était fortement engagé dans la lutte antinucléaire a laissé tomber à cause de ça : pour beaucoup, ce n’était qu’un tremplin électoral. Tant pis pour la cause.
- La surcharge de travail : ou la difficulté de répondre parfois absent. Il y a un truc qui a vraiment signé la rupture avec le mouvement précédent : l’obligation. Eté 2018, je commence mon nouveau taf et il y a les fameuses universités d’été. Victor et moi nous retrouvons limite contraints d’y aller. Je me souviens de cette conversation “alors du coup, on pourrait louer une maison à 8 et faire ci, ça…” et là, j’ai lâché dans le plus grand des calmes “mais j’ai jamais dit que je viendrais, en fait. Je commence un nouveau boulot, j’aurai pas de congés”. Victor a renoncé également et grand bien nous en a fait, on se serait retrouvés à passer nos fins de journées à nettoyer les salles de conférence. Le non était toujours très difficile à faire entendre et on a vraiment eu du mal à s’en sortir. Aujourd’hui encore, je reçois mon SMS hebdo des actions de la semaine en mode “rendez-vous samedi au marché”. Moi, je veux bien donner de mon temps mais quand je le peux. Je vous jure que quand je me suis retrouvée à organiser mon pool de bénévoles pour la manif et gérer mon travail alors que je partais au Japon quelques jours plus tard (donc surcharge de travail pour tout finir à l’heure), j’en ai eu quelque sueurs froides. Tout ça pour ne pas assister à la marche qui avait déjà commencé quand on a eu fini de tout installer et de me faire virer limite comme une malpropre de la zone “VIP” que j’avais passé la matinée à monter avec mon équipe.
Depuis, j’ai vraiment un blocage. Surtout que tout le monde se tire tellement tout le temps dans les pattes. Je me considère plutôt comme une féministe et je me dis que quitte à militer, autant aller sur ce sujet là. Point 1 : quelle association choisir ? Celles qui ont pignon sur rue ou les plus discrètes qui n’ont que peu de moyen et de rayonnement mais qui aideront une ou deux personnes ? Et puis les associations, y a toujours un moment où quelqu’un dit quelque chose qui ne va pas aller. Dans le groupe politique cité plus haut, j’ai eu quelques grimaces par moment… Militer pour qui, pour quoi, comment ?
Peut-être que le militantisme n’est pas une réponse pour moi, je ne sais pas. Peut-être que je suis mieux dans mon coin à prendre le temps de taper ma petite prose, qu’on n’est pas à l’abri qu’une lecture d’article fasse un jour changer d’avis quelqu’un. Que tous ces petits articles mis bout à bout, les miens, les tiens, les leurs, ça finisse par créer un echo, un mouvement. Que si on est plein à dire ce qui ne va pas, ça finisse par porter, que c’est pas juste un caprice de telle ou telle personne. En 2020, je veux m’engager et bien. Je veux aider. Ce sera peut-être ma quête. En attendant, je vais continuer à écrire d’autant que j’ai envie de me faire quelques petits cahiers d’idées. Je vous raconterai ça un autre jour.