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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Ragots en boîte : arme de destruction massive ?

Publié le 7 Juillet 2020 par Nina in Le travail, le travail est une humiliation, la rumeur

C’est un peu rigolo de parler de ragot en boîte à l’heure où certains d’entre nous restent tranquillement en pyjama chez eux pour travailler. Mais c’est un sujet que j’avais de côté depuis quelques temps et dont j’avais envie de parler parce que moins je vais poser mes fesses dans mon open space, plus je ressens toute la toxicité de ma boîte en particulier… et sans doute du monde de l’entreprise en général. Et aujourd’hui, on va parler d’une technique bieeeeen pourrie de harcèlement soft ou à peu près : le ragot.

Les ragots en entreprise
La fausse démission d'Hervé

Attaquons par le petit bout de la lorgnette. J’ai un collègue que nous appellerons Hervé. J’ai déjà un peu parlé de lui de ci, de là. En gros : le mec est là depuis le début de sa carrière, n’a jamais évolué et ne fait plus vraiment illusion quant à ses compétences. D’ailleurs, mon nouveau N+1 l’a un peu pris en grippe et l’a un peu humilié l’autre jour en lui disant “C’est pas parce que t’es pas à l’aise sur ce sujet que tu ne dois pas le proposer aux clients. [Vrai, ok]. Sinon, au pire, Nina le fera”. Alors que je ne maîtrise pas du tout le sujet. Bref. En début d’année, Violette me tope sur Whatsapp “Ninaaaaaaa, tu sais quoi ? Il paraît que Hervé vient de démissionner !””Non, je n’y crois pas une seconde, ça n’arrivera jamais””Je sais pas, c’est [ma N+2 incompétente] qui l’a sous-entendu”. Evidemment, Hervé n’a pas démissionné. Et notamment pour une raison que je comprends parfaitement : avec 14 ans d’ancienneté, s’il se fait virer, ses indemnités minimales ne seront pas trop dégueulasses. Bref, Hervé n’a pas démissionné alors pourquoi ce quiproquo ?

Les billets verts
Passion saper les gens

Alors nous ne faisons que spéculer vu que nous n’avons pas pu confronter la principale intéressée qui, avouons-le, me terrorise. C’est à dire qu’elle m’a limite engueulée quand j’ai dit que Castres-Toulouse, c’est à peine une heure de route en voiture… Alors que c’est vrai, en fait. Bref, quelqu’un de très instable du point de vue de l’humeur. Mais surtout quelqu’un qui aime saper les gens. Pas forcément directement. Mais c’est le genre de femme qui va sortir à une tierce personne qu’untel ou untel est nul. Tout le temps. Elle avait sorti devant Violette “lui, il communique pas ! Les managers comme ça, ça dégage”. “Ca” dégage. Elle a également viré un mec durant le confinement (aucune communication dessus) et s’en est largement félicitée devant Violette, enchaînant sur un “et celui-là, franchement j’hésite”. Vu qu’elle lui sape le moral depuis des mois (il est écarté de tous les potentiels sujets et engueulé car rien ne se passe de son côté), tu parles qu’elle hésite…

Langue de vipère
Je m'excuse auprès des ophiophobes
L'éternel soupçon

Elargissons l’image. Si je repense à ma carrière, elle a toujours été placée sous l’ère du soupçon et de la rumeur. Dans toutes mes boîtes, les bruits de couloir rythmaient les conversations à la machine à café. Mauvaise santé de la boîte ou Machin qui serait sur le point de se faire licencier. Toujours, tout le temps. L’autre jour, je remplissais une fiche pour postuler à un emploi. Je me demande bien pourquoi je m’em*** à faire un joli CV vu que chaque site me demande de réécrire mon parcours mais passons. Pour chaque poste, on me demandait ce que je n’avais pas aimé et clairement, ce que je déteste, c’est le flou artistique. Ce fond d’angoisse qui fait que tu ne sais jamais à quelle sauce tu vas être mangée car c’est la criiiiiiiiise ! Oui, c’est la crise, c’est la crise depuis que j’ai mis un orteil dans le monde du travail. Sans doute que nos modes de fonctionnement ne fonctionnent plus du tout, justement. Mais apparemment, y a pas grand monde que ça intrigue. Dans tous mes jobs, présents et passés, même les moins toxiques, il y a des gens qui disparaissent du jour au lendemain et on te demande de ne pas trop poser de questions. Machin est parti, point. De toute façon, de quoi tu t’étonnes, ça bruissait.

Rumeur au bureau
Résistez ! 

Je suis même pas sûre que ce soit toujours une tactique consciente. Dans le cas de ma N+2 problématique, oui, clairement. Mais pour d’autres ? Ca reste un bon moyen de faire ployer l’échine, rappeler que le couperet du licenciement n’est jamais loin. Et saper le moral de celui qu’on aimerait bien voir partir sans desserrer les cordons de la bourse. Y a plus rien pour toi ici, tout le monde te trouve nul et de plus en plus de personnes vont venir te voir pour te demander si c’est vrai que t’as démissionné. Histoire de bien te faire comprendre que t’es au bord de la falaise et que tu risques de tomber à tout moment. Dans ce cas-là, à vous de voir. Si vous avez les nerfs de faire chier, n’hésitez pas à jouer au petit jeu de l’emmerdement maximal. Déclarez à qui veut l’entendre que vous ne partirez jamais. Et multipliez les arrêts maladie. Ils n’auront pas votre tête gratos. 

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