Hé non, je ne vais pas parler de Macron. J'ai dit tout ce que j’avais à dire et je peux plus me le sentir donc on va parler… bah monde du travail. Car à propos de con que je peux plus sentir… Bon, j’exagère un peu, dans le sens où je m’applique à pas communiquer avec lui mais aujourd’hui, parlons de Robert, le PDG compliqué de mon actuelle boîte qu’environ tout le monde déteste. Ou, tout du moins, méprise. En vrai, Robert, j’ai presque de la sympathie pour lui tellement on dirait que le mec a à coeur de démontrer à quel point un patron peut être médiocre. Et aujourd’hui, pour illustrer ça, laissez-moi vous parler de la stratégie d’évitement des directeurs de ma boite. D’éviter que Robert s’en mêle, j’entends.
Bobby n'aime pas les freelances
La rentrée fut morose, à l’image de l’été. Ceux qui étaient là au mois d'août étaient en boucle sur le refrain “ras le bol de cette boite, marre de venir ici”. D’ailleurs, on commence à bien lâcher l’affaire niveau présentiel avec deux jours sur place seulement. Après, j’avoue, me taper une heure de trajet pour ne voir quasi personne, bof. Bref, ça revient petit à petit même si le strict respect du départ à 18h est devenu la norme, que les jours en télétravail se multiplient. Fin août, je discute avec un des directeurs, Bruno, qui m’explique qu’il est dépité car il risque de devoir remercier des freelances qui bossent pour nous car des équipes parisiennes ne sont pas staffées et qu’on va plutôt donner le taf à elles. Oui, on est des lignes sur excel, là aussi. Peu importe ton savoir de base, tu iras où on te dira. Ca passera avec une petite formation. Sans parler du fait de débarquer des sachants parce que Robert, il aime pas les freelances.
Faut pas que Robert s'en mêle
Il souffle un petit vent de panique donc en cette veille de rentrée et le directeur du staffing (COO ? Je ne sais jamais) s’agite beaucoup. Pourquoi ? Parce qu’il doit à tout prix éviter que Robert s’en mêle. C’est dixit ce que me dit Bruno, j’extrapole rien du tout. Je réalise que dans ma boîte, une énergie de dingue est déployée pour désamorcer Robert. C’est à dire que cet été, dans un grand moment de bad avec un autre collègue, on s’est pris à rêver. La situation de la boite n’est pas fofolle, comme beaucoup dans le secteur de… je ne sais meme pas ce qu’on est, une agence d’intégration ? Une ESN ? Robert achète tellement tout et n’importe quoi que je n’arrive pas à dessiner un contour. Oui parce que Robert, en bon arnaqueur qu’il est, génère de la croissance grace à toutes les boîtes qu’il rachète. Un modèle qui semble avoir quelques limites. Surtout que, nous concernant, nous sommes intéressants pour deux clients. Sauf que pour un, Robert s’est déjà montré fort indélicat avec le client et Bruno fait tout pour que Robert ne leur parle plus jamais. Donc : une économie pas folle, un accro du shopping de boite et une indélicatesse telle qu’il sort les pires trucs aux clients sous couvert d’humour. Du coup, avec mon collègue, on se dit qu’on doit tenir jusqu’au… licenciement économique. Carrément.
Robert en roue libre
Et on n’est pas purement médisant. Non parce que tu crois que les chiffres de début d’année qui sont assez dégueus, ça va le calmer, Robert ? Non, non. Il était en pourparlers pour acheter une autre boite sur Bordeaux. Comment je sais ? Le frère d’un de mes alternants y bosse. Finalement, Robert n’aura pas le gâteau car le PDG de la boîte à racheter a dit “je ne me sens pas en phase avec les valeurs de la boîte à Robert”. Je te comprends gars. Vous pensez que Robert a appris à mettre de l’eau dans son vin après chaque rachat raté, avec de gros clash et la moitié des effectifs qui se barrent ? J’exagère pas, on a dépassé le tiers des effectifs de début d’année qui s’en va. La violence est totale. Mais non, Robert, il est genre “faut me prendre comme je suis” et “le problème, c’est pas moi, ce sont les autres”. Le mec a même le culot de parler de compétence genre “tous ceux qui sont partis étaient nuls, nous avons dû nous en séparer”. Mec, tes N-1 consacrent une partie de leur énergie à te tenir éloigné des projets tellement tu es hors de contrôle et tu viens expliquer que des dizaines de gens ne sont pas à la hauteur ?
Un génie des affaires
Et le pire, c’est qu’il y croit. C’est même plus subtil que ça. Le mec se voit comme un super capitaine qui doit être au four et au moulin pour que ça avance. Qu’il ne doit sa réussite qu’à son talent. Alors qu’il la doit… à un pacte avec le Diable je dirais tellement c’est lunaire. En vrai, il le doit à ceux qui arrivent à le canaliser et lui donner des os à ronger qui ne remettent pas en cause la pérennité de la boite et à ceux qui bossent bien malgré tout. C’est assez bien vu de racheter plein de boites en province où le marché est moins dynamique… Le pire, c’est qu’il paie comme une grosse pince.
Tous trop nuls
Je me moque de l’incompétence de Robert mais il n’est pas le seul. Pubilon a mis la clé sous la porte parce que son PDG était le pire gestionnaire du monde. Et accessoirement un très mauvais commercial. Lui aussi, les commerciaux essayaient au max de l’écarter des rendez-vous parce que dans le genre “je marque un but contre mon camp”, il était fort fort. Et évidemment, je pense au père Gamblois, le Steve Jobs des Yvelines à l’entendre. Le mec tellement doué que les actionnaires lui avaient collé un DG pour le canaliser. DG encore plus hardcore niveau connerie puisqu’il voulait “arrêter Google (ads)” parce que c’était moins rentable qu’avant. C’est vrai, on ne fait pas le chiffre, ça me parait une bonne idée de couper le robinet qui apporte environ 50% du CA. Surtout que Google fait bien en sorte que les ads prennent de plus en plus de place, vu que ça leur rapporte gros… Breeeef.
Robert va faire s'écrouler son château
En résumé : non seulement les patrons ne sont pas meilleurs que nous, que vous, mais surtout ils sont le premier artisan de l’effondrement de leur boite. Et je vous cache pas que je ricane un peu de voir que le rachat de ma boite a sans doute été une de ses plus grosses erreurs. Bref, on va attendre tranquillement le licenciement économique. En grattant une belle augmentation d’ici à, évidemment.