Parce que ces vacances, vous ne les avez pas volées et que vous initiez une course à l’échalote où personne ne sortira gagnant. Depuis le début d’année, ma petite entreprise a basculé dans un nouveau groupe et autant vous dire que… pfff. Bon, j’en parle sans en parler mais je vous promets que mon journal d’une démissionnaire sur ce job-là sera salé. Même si, là, je ne recherche pas parce que ma psy m’a dit que c’était mieux de ne pas bouger. Ok mais va falloir aligner la moula, par contre. Bref, un groupe toxique se reconnaît notamment à un élément clé : les vacances, ok, mais faut continuer à taffer.
Le boss, il voudrait qu'on lui donne notre vie
Le capitaine ivre de notre vaisseau n’a qu’une valeur étalon : l’investissement. Et l’investissement, il le compte en heures. Le fait qu’on prétende vouloir “juste” faire nos heures le défrise. Vous voulez le rendre fou ? Refusez les réunions calées sur l’heure du déjeuner. Notre représentant CSE a testé et je peux vous dire que, ce jour-là, on aurait pu créer un nouveau bassin de récolte de sel en Gironde. Parce que lui, il compte pas ses heures. Bah oui, Robert, mais on en a déjà parlé de ça : c’est ta boîte, pas la mienne. Et ne me parlez pas des risques pris ou je ne sais quoi. On sait très bien qui paie les pots cassés quand ça va mal et, devinez quoi, ce n’est jamais le PDG. Même quand il est nullach’. Donc mon investissement, je le dose. Je donne déjà la moitié de mon temps d’éveil, sans parler de ma bande-passante mentale et de ma précieuse énergie.
Ne donne pas de mauvaises habitudes
Mais le PDG, ça, il le compte pas. On doit tous être à balle. Et c’est ainsi que je découvre le ballet des faux-culs et employés aux tendances sacrificielles. Déjà, moi, je fais mes heures. A 18h, je plie boutique. 17h le vendredi. Sauf quand je suis en télétravail pour bien souligner le fait que je bosse plus en télétravail qu’en présentiel. Certes parce que je suis un peu taquine mais aussi parce que j’ai pas loin d’une heure de trajet donc bon…Et autant dire que pendant mes vacances, je veux rien savoir. Principalement parce que j’ai connu le burn-out du “je finirai ma to do pendant les vacances”. Non, en vacances, tu es en vacances. Tu ne prends pas du temps pour faire une tâche. Et si tu dois vraiment le faire, surtout, tu ne dis rien, tu fais en louce-dé. Parce que si tu donnes la main une fois, c’est fini.
Des réunions pendant les vacances
Alors vous allez me dire que chacun fait ce qu’il veut et si les gens veulent bosser en vacances, qui suis-je pour les juger ? Le souci, c’est qu’on part en course à l’échalote et votre non-respect du droit à la déconnexion peut avoir des conséquences pour tout le monde. Petit résumé de cet été dans ma boîte. Un directeur vient me parler pour savoir si j’ai des news d’un client. “Non, tu veux que je le relance ? - Oui parce que je suis en vacances, là”. Quoi ? Ma cheffe actuellement en vacances aussi m’envoie des messages pour savoir si tout va bien, si j’ai besoin de son aide. Un autre directeur me sort “j”ai une réunion avec Artus demain pour en parler”. Artus comme le mec qui est en vacances depuis trois jours ? C’est quoi votre putain de problème ?
Mes vacances sont sacrées et non négociables
On va rappeler la base : vous ne volez pas vos vacances, c’est un droit. Des gens se sont battus pour ça. Certains diront qu’en France, on est bien lotis mais c’est pas le sujet. On a droit à cinq semaines de congés et on n’est pas censés grignoter dessus, même pour une réunion… à la con, au demeurant. Parce que là, je sens clairement que si je refuse une réunion pour la simple et bonne raison que je suis en congés, ça pourra être mal vu. Rassurez-vous, je ne cèderai pas. Parce que plus on sera nombreux à céder, plus ça sera normalisé. Et sans mentir, je suis pas assez bien payée pour sacrifier une minute de mes vacances. Et même si j’étais très bien payée…
Aucun membre d'une boîte n'est indispensable
Déjà parce que je crois en la vertu de la déconnexion. Ensuite, parce qu’on adore le croire mais en vrai, personne n’est indispensable dans une boîte. Et si vous l’êtes, c’est qu’il y a des soucis d’organisation. La boîte ne va pas couler car quelqu’un est absent pendant une poignée de jours. Même si vous prenez vos cinq semaines d’un coup. Déjà parce que les vacances ont cet avantage incroyable d’être prévues et que le service se réorganise en fonction. C’est pas comme si vous disparaissiez pendant deux mois suite à un genou cassé, par exemple…
On n'ouvre pas cette porte
Bref, vacances, on oublie tout, on déconnecte. On ne se rend pas “un peu” disponible “si besoin”. Une fois de plus, on ne sauve pas de vies. Tout peut attendre. Surtout que ce qui était prévu a été anticipé et pour le reste, votre back up gèrera. Comme vous gèrerez si ça déconne sur ses dossiers pendant ses absences. Et puis si votre direction vous reproche votre manque de disponibilité en congés… remettez votre cv à jour parce qu’il va pas falloir rester là. Et pensez à faire un coucou à votre représentant RSE et votre syndicat, ça peut toujours être utile.