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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

L’étrange cas des gilets jaunes

Publié le 20 Décembre 2018 par Nina in Politique, Mouvements sociaux, Gilets jaunes

Je n’ai que peu parlé des gilets jaunes alors que le monde bruisse d’un hiver européen qui serait parti de chez nous. Cocorico ! Alors concrètement, je vais expliquer rapidement pourquoi je me suis pas penchée avant sur le sujet. D’abord parce que y avait des éléments qui ne me plaisaient pas à l’origine. J’ai détesté certaines images que j’ai vues lors de la première contestation, notamment les épisodes racistes ou homophobes, ou des gilets jaunes qui imposent à des automobilistes d’arborer leur gilet sinon, pas de passage. J’ai été déconcertée de voir certains gilets s’en prendre à ceux qui ne volent rien à personne, qui rentrent chez eux le pare-brise pulvérisé. J’ai été navrée de lire qu’une personne avait perdu la vie, percutée par une autre personne en panique… J’ai compati avec ma tante, infirmière libérale qui fait sa tournée des petits vieux et était en panique totale car elle ne pouvait pas faire son taf. Et puis y a le drame qu’est ma vie pro.

Les gilets jaunes

 

Un mouvement hors parti

Cette histoire de gilets jaunes me fascine. Mais vraiment. Pour de multiples raisons. Déjà parce que la contestation est en train de naître hors des mouvements politiques qui rament pour récupérer cette contestation absolument protéiforme. Car la principale force (et principale faiblesse) de ce mouvement, c’est vraiment son agrégat de populations diverses aux revendications variées, même si on y trouve globalement une même colère autour du pouvoir d’achat et de l’injustice fiscale. En fait, ce mouvement me plaît de plus en plus… de par sa spontanéité, fondamentalement.

Gilets jaunes

Un petit malaise tout de même

Tout ne me met pas à l’aise dans cette histoire et la récupération de certains m’agace profondément. Certains discours, aussi. Après, forcément, on ne peut jamais être d’accord sur tout. C’est un peu le souci que j’ai avec l’engagement politique d’ailleurs. Y a des moments où, vraiment, je ne peux pas adhérer 100% aux vues d’aucun parti. Et curieusement, ça ne passe pas trop, trop. Quand tu t’engages, tu peux vite être mal vu si tu commences à dissoner un peu. Tous unis, pas une tête ne doit dépasser ! Mais pour en revenir aux gilets jaunes, ce que je trouve un peu marrant à observer, ce sont justement les politiques de tout bord qui essaient de récupérer le mouvement. On dirait un peu cette vidéo trop kawaï où un chien en panique essaie de remettre des chatons dans un panier mais ils s’en branlent et repartent. Là, c’est un peu pareil : tous les partis (sauf les marcheurs, évidemment) essaient de récupérer le truc, réfléchit à comment canaliser le mouvement, comment en prendre la tête. Et pour le moment, je n’en vois pas un qui réussit.

Les gilets jaunes au chaud

Le peuple n'a pas besoin des partis et syndicats pour s'exprimer

Et ça me fait plaisir en un sens. Alors, oui, le fait qu’il n’y ait pas de ligne directrice donne une sensation fouillie qui sert la soupe aux détracteurs du mouvement. “On comprend rien à ce qu’ils veulent ! Leurs revendications, c’est la liste au Père Noël, là”. Et je pense même que c’est pour ça qu’on est nombreux à ne pas trop savoir que penser de ce mouvement. Mais dans l’absolu, je trouve rassurant que le peuple agisse et réagisse sans avoir besoin de politiques pour leur tenir la main ou leur expliquer la vie. On peut regretter beaucoup de choses dans ce mouvement, tel n’est pas mon sujet. Mais de voir que les citoyens s’agitent encore, ça me rassure profondément. Je ne suis pas tout à fait convaincue que nous sommes à l’aube d’une révolution. Il est bien trop tôt pour le dire et je ne suis pas certaine que l’histoire retienne ce mouvement même si ça commence à faire tache d’huile en Europe et ailleurs. Mais cela montre que toute contestation n’est pas morte, que les manifs ne sont pas qu’histoire de syndicats ou de partis politiques. Et qu’elles peuvent même prendre des formes inédites.

Après Noël, ce sera fini ?

Et après ? J’imagine que nos chers gouvernants vont tranquillement attendre que ça passe car Noël n’est plus très loin. Mais la colère se dissout-elle dans les guirlandes de Noël et le papier cadeau ? A suivre.

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