Une histoire de silence assourdissant

Ou comment on se raconte des cracks H24. Résolution surprise 2024 : arrêter de lire les commentaires ou replies sur les réseaux sociaux. Parce que les médiocres rôdent, prêts à te choper à la jugulaire à la moindre parole prononcée. Même quand tu dis rien de fou. Je me suis pris des trolls sur un tweet soulignant que pour faire Bordeaux - Clermont-Ferrand en train, il fallait passer par Paris. Réponse des gens qui devraient avoir une vraie vie “prends la voiture et ferme ta gueule”. Mais ? Mais les comms qui me hérissent le poil, ce sont ceux qui hurlent au silence assourdissant. Des médias, des gauchistes, des féministes. Alors même que c’est faux.

Les féministes, elles disent rien sur Cantat

Vous savez qui revient ces derniers temps ? Bertrand Cantat. Le mec, c’est un boomerang. Plus on l’envoie loin, plus il revient. Avec un budget participatif qui a tout explosé car après tout, pourquoi ne pas soutenir un mec qui a tué une femme à coups de poing, hein ? Je me demande si l’histoire avait été la même si Bertrand s’était appelé Aziz. Bref. A un moment, un twitto peu inspiré se met à gueuler sur les féministes qui manifestaient contre je ne sais plus quel agresseur sexuel car “ah ouais et sur Cantat, elles ne disent rien”. Je pardon ? Cantat, comme le mec qui se prenait des manifs féministes à chacun de ses concerts ? Cantat qui a essayé une vive polémique après avoir fait la Une des Inrocks ? Cantat que Lio, féministe revendiquée, pointe régulièrement du doigt en rappelant dans quel état on a retrouvé le cadavre de Marie Trintignant ? Ah oui, le silence assourdissant des féministes, dis donc.

"Vous dénoncez pas quand ça vous arrange"

Autre “silence assourdissant” que j’ai vu passer, celui des gauchistes sur Gérard Miller. Le mec a été instant ban de toute visibilité à gauche mais ok, on fait genre qu’on n’a rien vu. J’ai même vu un article sur Sandrine Rousseau qui s’excusait de ne pas avoir condamné immédiatement. Mais ok, silence assourdissant. C’est assez fascinant, cette notion. Ou comment dénigrer un camp à moindre frais. Bien sûr qu’il y a des silences gênants. Voire des soutiens dont on se passerait bien. Je ne citerai pas le cas Quatennens mais… oh oups, si, je l’ai fait. Mais cette histoire de silence assourdissant me questionne : est-ce que tu n’as pas vu ce qui t’arrange de ne pas voir ou parce que c’est un mensonge éhonté ?

Les médias qui ne parlent jamais de rien

Evidemment, quand on parle de “silence assourdissant”, on pense de suite aux médias. Ici, nous allons avoir deux types de silence assourdissant. Le premier est le même que le précédent : n’est de silence que pour celui qui ne veut pas entendre. Un exemple manifeste : Didier Raoult et sa chloroquine. Les médias n’en ont pas du tout parlé, c’était trop un secret. On n’a pas du tout eu les témoignages d’Estrosi ou Douste-Blazy. On n’a pas du tout eu Macron en goguette à Marseille avec le médecin le plus célèbre de France. Même à l’étranger, personne, jamais, n’a parlé de ce type. Big pharma ne voulait pas que ça se sache. Mon petit kink à moi, ce sont les gens qui commentent les articles qui parlent d’un sujet en disant que les médias n’en parlent pas. Mais… ils sont en train de le faire, Janine, concentre-toi. Après, on peut discuter des angles choisis mais dire que personne n’en parle sur précisément un article qui en parle, ça ne manque pas de sel.

Ne pas parler de ce qui n'existe pas

Mais parfois, les médias n’en parlent pas… parce qu’il n’y a rien à dire. Allez faire un tour dans la complosphère, vous trouverez tout un tas d’exemple. Moi, je vais choisir...la neige en plastique. Bon, ça a été largement débunké mais en gros, il y avait une histoire à un moment de gens qui cramaient des boules de neige avec un briquet pour dire que c’était de la neige en plastique. Ok mais...pourquoi ? Je veux bien croire qu’on ne sait pas tout, qu’on nous cache des choses et tout ça. Pourquoi pas. Mais à un moment, faut un peu m’expliquer à qui sert le crime. Et vraiment, cette histoire de neige en plastique, je ne vois pas qui ferait ça. On serait dans un monde où la majorité des pays développés nieraient en bloc le réchauffement climatique, éventuellement, je comprendrais l’histoire de la fausse neige. Mais ce n’est pas la réalité dans laquelle on vit. Pourquoi dépenser des millions pour faire tomber une neige en plastique ? Qui sort d’où, d’ailleurs ? De dirigeables déguisés en nuage ? Donc oui, les médias n’en parlent pas parce que c’est juste de la connerie. Et encore, si je suis au courant de cette histoire, c’est bien que quelqu’un, quelque part, en a parlé. Comme les cérémonies satanistes qui se déroulent sous le parvis de la Défense. 

Réagir sur tout pour ne pas être mise à l'amende

Bref, on aime bien utiliser comme argument que certaines catégories de personnes, ou juste les médias, ne parlent pas d’un sujet. Soit pour les dénigrer, soit pour prouver que c’est très secret, ce que l’on a découvert. Mmm. Le truc un peu agaçant, c’est que dès que tu revendiques une étiquette, tu as intérêt à ne pas rater un sujet sinon, ça va te tomber direct dessus. Alors on se sent obligé de cueillir à la volée toutes les dépêches afp qui tomberaient dans notre scope, histoire de ne pas être accusé·e de ne pas en parler. Sauf que, de toute façon, qu’on le fasse ou pas, on nous accusera quand même de ne pas le faire. Et révélation : des fois, on est déconnectés. Ca fait un bien fou, certains devraient essayer.

Les faits ne sont plus un argument

Il existe cependant une morale un peu déprimante à tout ça : ça fait longtemps que les faits ne sont plus un argument. Genre les chemtrails, pour rester dans la sphère complotiste. Ca aussi, j’ai jamais compris le concept de dirigeants qui empoisonnent leur propre peuple mais je dois être un peu con. Il existe je ne sais combien de contenus, audios, vidéos ou écrits, pour expliquer le phénomène de chemtrails. Qui n’a vraiment rien de mystérieux, c’est très simple à saisir. Et pourtant, ça continue cette histoire. “On n’a jamais marché sur la Lune. La preuve, on n’y est jamais retourné”. “Heu mais si, plusieurs fois, même…”. “C’est Stanley Kubrick qui a tout filmé. C’est d’ailleurs pour ça qu’on l’a assassiné 30 ans après parce qu’il allait parler. Bah oui, un mec qui clamse à 70 ans d’une crise cardiaque, ça ne peut être qu’un coup de la CIA, tu comprends.” Heu ?  Tu as beau avoir les faits et/ou la rationalité de ton côté, mettre des preuves de ce que tu avances sous le nez de la personne qui tient des discours déconnectés, il y aurait toujours du déni. Ou le meilleur contre-argument de type “oui oh bah hein, ça tombe bien. Comme de par hasard”. La vérité, en fin de compte, n’a jamais intéressé personne.