Non, ce n’est pas trop demandé d’avoir une gauche irréprochable

Une certaine gauche, j’entends. Etant pas mal occupée entre mon nouveau taf, l'écriture, finir Zelda et commencer Mario mais aussi mon chat qui me prend pour sa bouillote personnelle et nuit grave à ma productivité du soir… Et bien, je suis à la bourre pour écrire sur l’actualité alors que j’ai quelques trucs à en dire. Et je dis ça en reprenant un article débuté début novembre… Là, par exemple, je voulais rebondir sur l’affaire Chikirou. Enfin, je vais m’en servir de prétexte pour rappeler une nouvelle fois que, oui, on est en droit d’exiger un parti de gauche propre et droit dans ses bottes.

Une patronne de type toxique

Rapide résumé de l’affaire Chikirou, déjà oubliée de tous. Une enquête de Contre enquête a révélé que c’était un manager toxique de la pire espèce avec méchanceté et remarques homophobes. On adore. A l’occasion de cette enquête, quelques autres histoires sont ressorties comme sa petite manipulation pour squizzer un discours de Mathilde Panot en lançant “par accident” la musique d’entrée de Jean-Luc. Il y a aussi une histoire d’une militante qui aurait été violemment écartée par Chikirou par pure jalousie. Et enfin, on a les soupçons d’escroquerie aggravée avec ses tarifs appliqués pour la campagne 2017. A priori, elle devait être entendue par la justice ces jours-ci à ce sujet et j’ai rien à dire sur ce point-là. Je liste, juste.

J'aime pas bien Chikirou

Avant de poursuivre, je dois vous faire une confession : je n’aime pas Sofia Chikirou. Pas forcément en tant que personne, je ne la connais pas. Je parle de sa figure publique. C’est à dire que la première fois que j’ai entendu parler d’elle, elle était une sorte de jeune pousse du sarkozysme donc… Ok, elle dit elle-même qu’elle n’était “pas finie idéologiquement” et je suppose qu’on ne se pose jamais tout à fait politiquement. Moi, j’ai voté PS en 2012. Pas tout à fait en pure conviction, certes. J’étais plus sur un vote dégagiste de Sarko qu’un adoubement de Hollande, même si… J’ai une passion pour les outsiders et pendant quelques instants, je n’ai pas pu m’empêcher de me régaler à l’idée que ce gars sur qui personne n’aurait misé soit élu président. Ca me fait beaucoup moins marrer 11 ans après, allez savoir pourquoi… Bref, je ne peux m’empêcher de la voir comme une grosse arriviste qui prend les places à prendre sans grand état d’âme. Et son ménage perpétuel autour de Jean-Luc pour asseoir son pouvoir ne me donne pas envie de revoir ma position.

Un positionnement pas toujours finaud

En prime, on lui doit la communication et la posture du parti, notamment sur l’affaire Quatennens et… je suis pas fan. Je ne suis pas fan du tout. Bon, là, il faudrait faire une vraie étude de ce que la FI a gagné ou perdu avec son positionnement très radical et, surtout, ses outrances. Je sais que pas mal de gens n’ont pas voté Jean-Luc à cause de sa figure publique. Mais peut-être que d’autres ont voté pour lui précisément pour ça. Je ne peux pas faire la balance. Cependant, le parti est en train de craquer précisément sur la figure quasi christique de Jonluk. Personnellement, je ne suis pas attachée à la FI en tant que tel. Nous avons besoin d’un vrai parti de gauche et c’est actuellement le parti qui l’incarne au mieux. Mais au mieux, ça veut pas dire parfaitement, hein. On peut reprocher des tas de choses à la FI. Ses positions internationales souvent peu éclairées, ses connivences avec un certain milieu complotiste alors que ces gens ne voteront jamais pour vous. Mais surtout la dichotomie de plus en plus visible entre les discours et les faits. Sur les violences faites aux femmes ou sur le harcèlement au travail, par exemple.

Une posture difficile à tenir

De façon schématique, je considère qu'être de gauche implique certaines valeurs non-négociables. Un cas Fillon à gauche, ça n'est pas envisageable, on ne s'accommode pas de ça. Et que dire d'un homme qui harcèle et menace sa femme et qui finit par la gifler ? Le garder dans les rangs, c'est renoncer de facto à toute légitimité sur le sujet. Certes, il reste Sandrine Rousseau et quelques meurs bien badass sur le sujet mais comment pourra-t-on l'ouvrir sur un prochain cas sur le sujet. Idem sur les chefs toxiques. On peut bien se moquer de Laetitia Avia quand on a exactement la même meuf dans les rangs. Et encore, Chikirou n'est qu'un cas. J'ai connu un assistant parlementaire FI qui a littéralement fui du jour au lendemain sans que j'ai le fin mot de l'histoire… Le culte du chef, c'est un gros délire aussi, l'exploitation du zèle des militants…

Tendre le bâton pour se faire battre

Alors c'est sans doute pareil dans les partis plus à droite. Sauf que tu peux pas prétendre défendre les travailleurs si tu exploites et maltraite les tiens. Surtout quand ça risque de devenir le contre-argument bâillon contre toi. Vous savez pourquoi j'ai autant de mal à voter FI même si j'ai conscience que c'est un vote nécessaire ? Nécessaire dans le sens “seul parti de gauche en position de gratter des postes”. Parce que je ne leur fais pas confiance. Individuellement, il y a des figures que j'aime bien mais la tête est malade. Typiquement, c'est pas avec Mélenchon pu Ruffin qu'on va enclencher des évolutions au niveau des mœurs. C'est pas leur sujet, pas leur priorité. Sauf que les femmes continuent de mourir sous les coups de leur conjoint ou ex. Les morts au travail atteignent un niveau record. Le burn-out est un vrai problème de santé publique. Et je devrais croire que le parti qui a parmi ses têtes penchantes une meuf qui se réjouit de l'arrêt maladie de son employée, va vraiment se pencher avec sérieux et sincérité sur le sujet ?

On veut un camp propre

Bref, être de gauche, c'est d'abord avoir un système de valeurs et je ne suis pas d'accord avec ceux qui estiment qu'on ne doit pas critiquer son camp, sous prétexte que nous sommes minoritaires. Peut-être que si on commençait par se montrer droit et irréprochable, on serait moins minoritaire… Parce que vraiment, la FI, ça devient compliqué de voter pour eux. Le parti connaissant de fortes dissensions actuellement, je crois que je ne serais pas fâchée que ça craque pour de bon. Qu'on reparte sur des bases plus saines. Et non, pas avec Glucksmann ou les pseudo gaucho Macron compatibles.