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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Le recrutement, ça te fait tourner en rond

Publié le 21 Novembre 2016 par Nina

Fin d’année oblige, les cabinets de recrutement s’agitent dans ma boîte mail “Hé salut, j’ai un poste de social media manager à te proposer, rappelle-moi !”. Je décline poliment par mail (quand j’ai moyen de le faire parce que la meuf que j’ai essayé d’appeler 10 fois et qui est jamais dispo, j’ai laissé tomber). Pourquoi je voudrais un poste de social media manager alors que je le suis déjà ?

canard en plastique pêche

 

Salut, tu veux aller faire ton taf ailleurs ?

 

Bon, depuis un mois, j’ai changé d’intitulé vu que justement, je ne suis plus social media manager. Mais j’ai omis de remettre à jour tous mes CV éparpillés sur la toile. Surtout quand tu reçois un mail t’informant que ton CV a été supprimé et qu’un recruteur t’appelle deux mois plus tard car il a vu ton CV sur ledit site… Noeud de cerveau. Donc pour beaucoup de CV sur la toile, je reste social media manager… Et donc, on cherche à me débaucher pour me faire faire la même chose ailleurs. Gniiii ?

citation d'albert einstein "la folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent"

 

Comme un alignement des planètes

En 2014, je suis en recherche très très active. J’ai bien compris que mon horizon était bouché dans ma boîte et le couperet des licenciements économiques se rapprochait. Et puis, je m’ennuyais, surtout : c’est bon, le community management, je maîtrise vraiment trop. Le paid, c’est acquis. La stratégie… J’aime ça. Peut-on me consacrer à ça ? Non. Ok, bah je me casse. C’est pile à ce moment là que je suis contacté par Oliver, directeur social media d’une big agency qui veut me rencontrer pour me proposer un poste de social media manager. Il a eu mon nom par Isadora, mon ex collègue de chez Pubilon (ah que le monde est petit !). Je décline. Non merci, Monsieur. Ce que tu me proposes, c’est ce que je fais déjà donc bof, quoi. Mais il insiste et ma soeur, qui a bossé dans ladite big agency (ah que le monde est petit ! bis) me pousse à aller passer l’entretien. Entretien top, je passe un 2e entretien avec le directeur de l’entité dont dépend le social. Il me dit que je suis trop chère, dommage. Je fais donc une croix sur ce poste et vais de l’avant. 15 jours plus tard, coup de fil d’Oliver qui m’annonce mon embauche. 3 mois plus tard, je débarque là-bas. 2 ans et 2 mois plus tard (record), j’y suis encore. J’ai même pas démissionné. Pourtant, les premiers mois furent ceux de l’ennui, au point que j’ai hésité à faire prolonger ma période d’essai. Mais grâce au plan d’Oliver, j’ai glissé petit à petit vers le social data et les études, me révélant ainsi à moi-même... et regrettant désormais de ne pas avoir fait des études de maths et surtout stats après le bac. Mais sur le coup, je me suis dit “ouais ok, je suis mieux payée et je fais un peu plus de stratégie. Mais à ce rythme là, j’avancerai jamais”.

homme de dos écrit sur le mur une stratégie marketing - recrutement réussi
Tiens, c’est « drôle », j’ai pas trouvé de photos similaires avec une femme

Pourquoi je me mettrais en danger pour des clopinettes ?

 

Et c’est là que je m’interroge. J’attends d’un poste qu’il me fasse progresser. Que j’apprenne, que je sois motivée. A quel moment me proposer de faire ce que je fais déjà, pour un salaire pas forcément beaucoup plus élevé, est censé me donner envie de postuler ? On touche ici au coeur du problème selon moi :

  • le recruteur veut quelqu’un d’immédiatement opérationnel. Même pour les stages et alternances, parfois. Il ne va pas me recruter sur ce que je pourrais être mais bien sur ce que je suis déjà. Car un recrutement raté, ça coûte cher.
  • Mais quel candidat quittera son poste actuel pour faire la même chose ailleurs avec à peine 2 ou 3k de plus sur le contrat ? Je suis experte, les experts, ils gagnent pas des millions non plus. Bon, évidemment, il y a les cas où tu en crèves de ta boite actuelle et tu es ravi d’aller voir ailleurs. Je l’ai fait, de partir d’une boîte avec quasi le même salaire dans la nouvelle tellement j’en pétais. Ou le cas éventuel d’être débauché par une boîte qui nous fait briller les yeux, mais sinon…
dessin manga jeune fille cheveux roses et étoiles dans les yeux

 

On veut quelqu'un d'immédiatement opérationnel

Du coup, quand j’ai reçu une énième proposition pour un poste de social media manager, j’ai hésité à répondre un peu sèchement. “C’est déjà ce que je fais, laissez-moi tranquille ! Je veux évoluer”. Mais j’ai remis un peu tout ça en perspective. Le recruteur, son métier, c’est pas de prendre des risques. Eventuellement, j’ai déjà été la candidate surprise de certains cabinets. La meuf au parcours un peu différent de ce que peut attendre le client. Et j’ai bien performé en entretien mais, curieusement, à l’arrivée, entre ma candidature où il manque une ou deux compétences et une autre qui a tous les éléments requis, je n’étais jamais la personne retenue. Parce que pas le temps de niaiser, faut quelqu’un d’opérationnel tout de suite.

Sasha Banks, championne WWE

Comment on arrive à évoluer ?

Mais du coup, comment on progresse ? Evidemment, évoluer en interne est la voie royale. On te connaît, on sait ce que tu vaux. Sauf qu’à un moment, ça bouchonne un peu. Si les gens au-dessus de toi ne partent pas, tu vas pas aller t’asseoir sur leurs genoux non plus. Et dans mon cas très spécifique de réorientation professionnelle, c’est encore pire. D’un côté, les recruteurs ne me veulent que pour mes compétences passées alors que je ne veux pluuuuuuuuus. De l’autre, la marche cassée devant moi dans ma boîte : j’ai tout appris par moi-même sur le social data et les études. Personne ne peut me faire progresser là où je suis vu que je suis la seule à maîtriser.

artisanat

Je suis coincée

Alors entre de potentiels recruteurs qui ne veulent pas de moi car je ne suis pas assez et ma boîte actuelle où je suis déjà trop par rapport à mon poste… L’impasse. Et je parle ici de mon cas mais je pense que nous sommes nombreux à soupirer quand on voit arriver une proposition de poste pour un job identique au nôtre mais juste dans d’autres locaux. Ah oui, bien sûr, on nous promet toujours de belles perspectives d’évolution dans cet ailleurs mais dans les faits…

Un homme s'envole, une fusée dessinée dans le dos
Tiens, toujours pas de femmes sur ce genre de photos… N’aurions-nous donc aucune ambition ?

 

Juste une question de chance ?

Finalement, c’est peut-être moi qui lis mal les trucs. Peut-être que je suis enfermée dans une voie, comme tant d’autres, et que l’évolution ne se fera que sur un coup de chance. Le coup d’être au bon moment au bon endroit. Ce qui vient déjà de m’arriver, in fine. Au fond, le recruteur, il fait juste que son travail : trouver le candidat qui remplit les critères. A moi de lui prouver que je suis celle qui lui faut.

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