Si vous n’êtes pas trop déconnectés, vous devez savoir qu’aujourd’hui,nous sommes invités à déposer un bulletin dans l’urne pour choisir nos députés européens. Vais-je voter ? Oui. Pour qui ? Je… Bonne question.
J’ai un putain de blues de citoyenne. Je n’y crois plus. Pas tellement depuis cette élection, même pas depuis 2017. Sans doute depuis 2012 et l’incroyable déception du mandat Hollande. Comprenez bien que je n’en attendais rien mais comme dirait Dewey “je n’attendais rien mais je suis quand même déçue”. Moi, je voulais juste en finir avec l’ère Sarkozy que je détestais de toutes les forces de mon âme. Mais ce ne fut que traîtrise. Ils ont utilisé le mariage pour tous pour se donner un vernis de gauche en faisant durer les débats plus que nécessaire, laissant les pauvres homosexuel.le.s se faire cracher à la gueule. Puis bon, en vrac, l’état d’urgence institutionnalisé, la loi travail, l’emprisonnement de syndicalistes, les fiches S, les répressions des manifs, Valls, Macron. Putain, Macron, je crois que je le hais tellement que j’en viens presque à penser que Sarkozy n’était pas si pire. J’en suis LA.
Et puis y a eu ma propre expérience de militante. Je ne détaillerai pas mais cette sensation de n’être là que pour servir de marche-pied aux petits barons locaux, l’obligation de ne parler que d’une seule voix, d’être regardé.e de travers quand tu ne t’indignes pas du traitement du chef alors que y a quand même de sacrés problèmes à droite, à gauche. Je veux bien m’engager mais si j’ai pas le droit de dissonner quand je suis pas d’accord, non, pardon. Je n’ai pas la docilité d’un petit soldat, je n’ai pas l’ambition de devenir le sergent du coin ou je ne sais quoi.
Alors voilà, on va voter. 34 listes, y a de quoi faire. Bon, éliminons déjà ceux qui ne sont pas de mon bord, tous les tracts bleus à la poubelle. Mais dans ceux qui restent, je choisis qui ? Surtout je choisis comment ? Je suis face à mes listes et en premier lieu, je me dis “allez, lis les programmes, fais tous les tests en ligne, ne prends que ça en considération”. Bonne idée dans l’absolu sauf que… voter pour un programme, c’est bien joli mais faut pas oublier deux choses. La première, c’est que c’est un pur argumentaire marketing. C’est très joli, c’est très motivant mais neuf fois sur dix, les trois quart des promesses ne sont pas tenables. D’abord parce que quand on vote pour les Européennes… on vote pour des gens qui vont décider (à peu près) de la politique européenne. Ce ne sont pas eux qui vont intervenir sur nos purs sujets franco-français ou qui vont ramener la paix dans le monde. Ensuite, j’ai envie de dire que les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Prenez n’importe quel programme d’un candidat ou d’un parti élu par le passé, une vraie partition pour pipeau.
Alors si le programme n’est pas si fiable, je prends quoi ? La philosophie ? Choisir une couleur, c’est envoyer un message. Oui mais entre les deux ou trois listes très proches, comment on détermine ? Aaaaaaalors on pourrait prendre la tête de liste, jouer un peu la carte de la solidarité féminine, ils ne sont pas tous détestables sauf que… d’abord tu as la suite de la liste et parmi toutes ces jolies têtes, des gens potentiellement problématiques à qui tu ne veux pas offrir de visibilité ou d’immunité. Certains ont des discours que je ne peux pas cautionner. Alors oui, j’ai dit plus haut que je ne supportais pas les partis “pas une tête ne dépasse” mais faut pas déconner. Non parce que je vous jure, à chaque fois que je me décide à peu près, quelqu’un du parti concerné (sur la liste ou non) sort une grosse connerie et je re range mon bulletin de vote.
Et puis, on va en faire quoi de mon vote ? Non, mon vote n’est pas anti Macron parce que c’est pas le sujet. Je hais Macron, je lui souhaite de disparaître dans les limbes de l’oubli collectif et que dans dix ans, on aura oublié ces heures sombres (oui, pardon, la présidence Macron est nauséabonde). Mais non, je ne vote pas contre. D’abord parce que ça me fait chier de voter contre, de faire barrage à qui, à quoi. Je veux pousser sur une voie. Je ne veux pas voter contre une Europe ultra libérale, je veux voter pour une Europe sociale et solidaire, voyez la nuance. Je ne veux pas qu’on interprète ma voix n’importe comment, qu’on me dépossède de mon vote. C’est un truc qui me hérisse tellement chez les politiciens, ça, de croire que nos voix leur appartiennent, qu’on va voter pour X ou Y parce qu’ils nous l’ont dit.
Et enfin, y a “l’utilité”. On sait que pour balancer un député à l’Assemblée, une liste doit faire 5%... Du coup… vote de conviction, sachant que personne ne fera attentions aux listes pas à l’assemblée finalement ou vote un peu utile en se disant qu’il vaut mieux un député de telle couleur plutôt que d’une autre.
Nous sommes jeudi soir quand j'écris cet article, je ne sais pas encore pour qui je vais voter. Là, avec mon mec, on envisage de partager notre voix. Vu qu’on hésite pour les deux mêmes listes, je voterai pour l’une, il votera pour l’autre. Et pour terminer “mais pourquoi tu votes vu que manifestement, tu n’es plus du tout séduite par la démocratie” (pour ne pas dire autre chose). Et bien… pour essayer d’éviter le pire en attendant… en attendant quoi, je n’en sais rien.