Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Émotion de fin de monde 

Publié le 29 Août 2019 par Nina in écologie, actualités, émotions publiques, foule sentimentale

 

Nous approchons désormais de la fin du monde. Comprenez la fin de notre civilisation. L’air du temps a un goût d’apocalypse. Incendies massifs en Amazonie, en Arctique, fonte des glaces en plein accélération, usine nucléaire géante qui sillonne les mers, la folie Trump. Verra-t-on même la fin de la prochaine décennie ? C’est à se demander.

La fin du monde

A chaque fois que j’ouvre mon journal ou ma timeline Twitter, Facebook et même Instagram, je suis prise de la même angoisse. On va tous crever. Mon moi fataliste se dit que de toute façon, c’est pas si grave, la planète recrééra la vie en espérant qu’elle ne remettra pas en scène cette espèce invasive et destructrice qu’est l’Humain. Mon moi sentimental tremble en pensant à mes neveux et nièces (6 et 4 ans). Et mon moi analytique est fasciné par l’émotion collective qui me paraît vraiment malléable.

La fin du monde dans Fight club

Aaaaalors, ça n’a rien de nouveau. J’ai l’impression que depuis que j’ai conscience du monde et sa grande catastrophe, je m’attends à mourir demain. D’une explosion nucléaire (usine ou bombe, choisis ton camp), du cancer, du sida ou même Ebola, du trou dans la couche d’ozone, aussi. En fait, c’est assez ahurissant de voir qu’aujourd’hui, on est encore à parler de réchauffement climatique, des fois que ce soit pas vrai… alors que je crois que cette histoire de réchauffement climatique, via le trou de la couche d’ozone notamment, j’en entendais déjà parler quand j’étais gosse. J’ai 39 ans ! D’ailleurs, Johnny chantait déjà l’apocalypse environnementale dans son Poème sur la 7e en 70. Dix ans avant ma naissance ! Vous avez foutu quoi les mecs ? Et je me pose une question : est-ce que c’est pas lié à cette émotion qui varie ne fonction du sens du vent (brûlant du Sahara) ?

L'eco-anxiété

C’est là où je veux en venir. Je suis relativement contente que les gens se préoccupent de l’environnement et de grandes catastrophes. Relativement parce que j’ai du mal à ressentir quelque chose de réellement positif quand on parle catastrophe. Je vais passer sur les what trilliards de messages “aucun media n’en parle” alors que ben si et je ne m’arrêterai pas sur AFP checking qui nous explique que l’une des photos utilisées pour illustrer un article présente un ancien incendie. Woké… J’ai la sensation que 75% de toutes mes communautés s’inquiètent de cet incendie et je me dis “ah, enfin, la prise de conscience, c’est maintenant !”. Sauf que je sais que non.

Incendies en Amazonie, l'émotion mondiale

Parce que l’émotion, par définition, est éphémère. Nous regardons tous la forêt brûler avec effroi puis demain, nous passerons à autre chose. Peut-être le G7, peut-être la rentrée politique, peut-être la réforme des retraites, peut-être le Brexit… Est-ce que vous vous souvenez des incendies massifs en Californie de l'an dernier ? Et le trou de la couche d’ozone ? Depuis quand on n’en parle plus, franchement ? Est-ce  que c’est parce qu’il se résorbe (lentement) qu’on considère que ce n’est plus un sujet ? Parce qu’on ne peut pas rester en alerte en permanence ? Parce qu’on est tellement dans le flot de l’actu qui n’arrête jamais qu’on oublie vite les événements de la semaine précédente. On se désole puis on oublie…

Get out

Alors ne pensez pas que je dénonce le catastrophisme dans les médias, c’est pas le sujet du jour. Je ne suis pas de ces climato-sceptiques qui se pincent le nez en mode “non mais faut arrêter avec le réchauffement climatique, c’est juste les médias qui en font trop”. Il faut lire ma phrase précédente avec cet accent très pointu des pédants, voyez ? Non, je suis juste un peu désolée, en fait. Parce que cette histoire d’Amazonie qui flambe et qu’on aura oublié dans 15 jours me paraît symptomatique de quelque chose. Et je prends ce fait car c’est celui-ci précisément qui m’inspire cet article. Je crois que nous sommes en surcharge mentale d’actualités. Si je prends mon cas : je lis la presse, je passe ma vie sur les réseaux sociaux. Alors oui, je n’ai plus la télé, ce qui m’a fait louper l’incendie du marché de Levallois (??) mais voilà, je suis abreuvée d’infos même quand j’ai envie de couper un peu. Ma seule façon d’être coupée, c’est de partir dans des pays où je peux pas me connecter à Internet. Alors on sature, on ne peut pas tout retenir car notre mémoire surchauffe, les indignations se suivent sans qu’il y ait une réelle mobilisation, une réelle révolution. Et je ne parle pas forcément de choses grandioses mais puisque ces incendies sont dues à des cultures intensives de soja (pour nourrir les bêtes pour l'essentiel, rengainez votre argument pété), limitons la viande dans notre alimentation ?

Végétarisme

Je me demande (vraiment) : est-ce que finalement cette overdose d’information n’est-elle pas la meilleure façon de maintenir le citoyen à sa place ? Sur son canapé à s’indigner sur commande mais qu’il ne sorte surtout pas dans la rue pour faire changer les choses*

Le citoyen dans son canapé

* Evidemment, je ne suis pas sans savoir que beaucoup de personnes ont encore le courage de manifester, je parle juste d’une tendance et je suis vraiment dans le doute sur ce sujet.

Commenter cet article