Dans le doute, ne faisons rien

Des fois, je ne comprends pas le monde qui m'entoure. Souvent même. Je le confesse, je suis un spécimen classique de solastalgie. J'ai le ventre retourné dès que je pense à l'adultie de mon neveu (7 ans) et de ma nièce (4 ans). L'autre jour, alors que j'apprenais qu'en 2100, l'humanité se rapprocherait plus que jamais du ravioli vapeur, je calculais que Saturnin aurait 88 ans, Pivoine 86. Avec de la chance, ils ne subiraient pas de trop. Suite à cette charmante pensée, la colère m'a pris : on se bouge le cul ?

"Ahlala, t'es victime des prophètes de malheur qui font peur alors que bon, ça va, on a 81 ans pour trouver des solutions, nous casse pas les c****" Alors aujourd'hui, je vais pas parler de ce rêve de la science omnipotente qui répare tout... parce que j'y consacrerai un article à part entière. Je ne vais même pas dézinguer les climato-sceptiques parce que faudrait que je fasse quelques recherches et j'écris dans le métro. Avec en bruit de fond des ados qui jouent les bonhommes en mode "ah il m'a dit ça, j'étais trop en mode "vas-y bouffon, je vais te crever" mais bon, je lui ai rien dit parce que bon...". Masculinité fragile. Bref, je suis en condition pour partager une réflexion, pas être factuelle.

Donc ma question est simple : pourquoi on continue de discuter ? Partons sur une métaphore car j'aime bien. Imaginons que l'environnement, c'est un corps. Imaginons que ce corps, on lui fait manger les pires trucs tout le temps, tous les jours. Genre un Super size me en plus hardcore. A un moment, ce corps va plus aller très bien mais vous allez continuer ce régime de l'enfer car

1/s'il le faut, le docteur se trompe, y a rien qui prouve

2/c' est dans son intérêt de me dire ça pour me faire acheter des médicaments

3/ au pire, on trouvera bien un médoc qui détruit toutes ces substances qui pullulent dans mon corps, j'ai qu'à continuer.

Et encore que là où la métaphore ne tient plus, c'est que si vous voulez vous suicider à petit feu en touchant vos artères ou en niquant votre foie... Bah, c'est votre corps, empoisonnez-vous. La planète, par contre, c'est un bien commun donc on s'en fout pas de sa dégradation...

Alors évidemment, sauver l'environnement (pas la planète, elle nous survivra et avec de la chance, les espèces qui nous succéderont seront moins invasives et nuisibles), ça remet en cause notre joyeux capitalisme débridé. Les plus gros pollueurs sont pas chauds à l'idée de mettre la pédale douce parce que l'autre, il pollue plus d'abord. C'est un peu comme dans le métro quand une personne âgée ou une femme enceinte se pointe et que les quatre assis dans le carré de quatre se jaugent du regard en mode "j'ai de meilleures raisons que toi d'être assis.e, c'est à toi de céder d'abord". Consommons comme si c'était le dernier jour, ahah... c'est drôle parce que c'est vrai. "Oui mais les gens, ils sont pas prêts au changement, aussi, c'est compliqué"...

C'est archifaux. Vous savez ce qui est un excellent exemple de changement sociétal ? La clope. Vous vous souvenez comme on a tous arrêté de fumer dans les restos, bars et discothèques dès le 01 janvier 2008 ? Qu'avant ça, on a arrêté de fumer dans les avions et les trains ? Et qu'encore avant, nos parents ont arrêté de fumer au cinéma ? L'alcool aussi. Je suis née d'une génération où les futures mères fumaient et/ou buvaient pendant leur grossesse. J'ai grandi dans cette société qui a commencé à dire que la clope, enceinte, c'était pas ouf. Quant à l'alcool, je me souviens du débat sur la signalétique "pas pour les femmes enceintes", je crois que j'étais majeure. Et pourtant, tu me mets une femme enceinte en train de picoler sous mon nez, ça va me déranger.
 

"Oui mais là, c'est pas pareil, c'est une question de santé". Et l'environnement, c'est quoi ? On estime à 7 millions le nombre de morts liées directement à la pollution et je suis pas sûre qu'on chante encore la vie quand la température moyenne globale aura pris 7° dans la face. Tous les sites holistico healthy arrêtent pas de vous donner des astuces pour guérir le cancer ou du moins ne pas l'avoir (genre ce serait un virus), les gens font des trucs irraisonnables comme des jeûnes ou des détox et tant de pseudo thérapies que je ne connais pas. Toute la société nous enjoint à la santé (plutôt un bon point) mais la santé consommable. J'ai du mal à saisir cette obsession de la santé jusqu'à l'hérésie mais à côté de ça, on continue d'évoluer dans un air saturé en particules. Schizophrénie, quand tu nous tiens...

Mais bon, on s'en fout de la planète. Après deux photos officielles avec Greta pour un petit greenwashing, il est temps de revenir aux fondamentaux crasseux : l'immigration. Un jour, faudra vraiment que j'étudie comme la pure arnaque Macron a pu fonctionner et marche relativement encore...