Si vous avez lu tous mes déboires professionnels, dans cette série ou par le passé, vous aurez noté que je suis un peu une victime. Handicapée par un syndrome de la bonne élève bien velu, silenciée par un syndrome de l’imposteur. L’effroyable Michel a dû bien le percevoir puisqu’en me rappelant en permanence que j’étais nulle, il m’a isolée et épuisée. Sauf qu’il ne se rendait pas compte qu’il était d’amorcer une bombe qui allait lui péter à la figure. Et pour être honnête… moi non plus.
Situation : tous mes copains savent que je veux me barrer, je n’en fais plus mystère. J’ai ma feuille de route avec trois scénarii possibles :
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je trouve ailleurs et je me barre. Vu que je serai disponible rapidement, je pense disposer d’un solide atout dans ma manche, même si je suis un peu chère et que je dois retourner chercher un poste de social media manager (pfff).
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Je ne trouve pas et je négocie proprement une sortie de poste où je touche le chômage (en gros, ils mettent fin à ma période d’essai)
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Je ne trouve pas et ils ne veulent pas mettre fin à ma période d’essai… et bah, on se débrouillera comme on peut.
Un jeudi matin, mail de Michel : brainstorming à 13h. Avec Aurélien, Marine et Violette, on fait la gueule. Comme il ne mange pas, la pause dej, il s’en fout. Pascal passe dans l’open space et je le taquine “hey, tu veux pas me faire un mot pour pas que je fasse le brainsto de 13h ?” Et là, je déclenche tout. “Toi, viens, il faut qu’on cause”.
Pascal est mon parrain dans la boîte, celui chargé de ma bonne intégration. On se retrouve dans une salle et il me déballe tout : il sait que je suis en pleine souffrance et que je veux me barrer. Là, je veux lui expliquer que mon plan est clair et que je maîtrise… sauf que je me mets à pleurer. Oh my, même moi, je l’avais pas vu venir. Je chouine en mode “putain mais je mérite pas ça”, même refrain qu’à l’époque avec Vanessa. Parce que dans toutes ces histoires, c’est ce qui me ronge le bide à chaque fois : pourquoi moi ? Sans doute parce que je suis de la “viande à burnout” comme m’avait dit Monolecte. Ca méritera un article entier.
Bref, je chiale. Pascal prend les choses en main : d’abord, je refuse le brainstorming de 13h puis je me fais arrêter. Et là, je mégote “mais je peux pas, j’ai une pres lundi chez le client. Je ne veux pas lâcher Tiago”. Donc je promets de me faire arrêter après. En attendant, j’écris un mail de trois pages à Pascal, mon parrain, pour lui exprimer mon mal être étayé par des faits. car il veut la tête de Michel et je suis une munition “on a besoin que tu pètes un câble.”
Mais s’arrêter, ce n’est pas si simple car si je détestais Michel, j’avais pas envie de mettre Violette ou Aurélien dans la merde. Mais Michel ne me laisse aucun répit. Alors que je refuse le brainsto de 13h “car j’ai beaucoup à faire”, il me fait comprendre que j’ai pas le choix. Et quand je ne pipe mot durant le brainsto (en call, il n’était pas présent), il finit par me demander mon avis car il ne m’entend pas… juste histoire d'être sûre que je suis bien présente.
Mais là, encore, il n’est pas encore à son max. Le lendemain, il allait me donner le bon élan… pour aller chez le médecin.