Est-ce que ce ne serait pas un bon titre putaclic, ça. Si, bien sûr que si. Mais à un moment, va falloir expliquer deux ou trois choses à ceux qui adorent définir les féministes comme des rageuses qui haïssent les hommes… sans comprendre que notre (plus que relative) radicalité, c'est à leur comportement qu'on la doit.
Longtemps, je n'ai pas été féministe. Ou féministe de salon, dirons-nous. J'ai toujours été pour l'égalité des sexes, évidemment. Je suis fort satisfaite de pouvoir gérer mon corps à peu près comme je veux, surtout sur le sujet de la contraception. Et j'ai toujours considéré être un "je" plutôt qu'un "nous". Je n'ai jamais voulu dépendre d'un mec. Après, je trouvais certains propos "extrêmistes" et j'étais assez défavorable à toute discrimination positive. Pas parce que je remets en questions les compétences des femmes, juste que je trouvais que ça faisait cache-misère.
"Hé mais regardez, en France, on a l'égalité des chiffres, on gère". Aujourd'hui encore, je me méfie des chiffres qui vont bien pour masquer une certaine réalité. Mais j'ai conscience qu'à un moment, si t'essaies pas de dézinguer l'entre-soi et l'inégalité avec quelques lois… Bon, ça marche quasi jamais mais ça, c'est un autre débat.
Et puis, j'ai viré féministe. Une vraie, avec du poil sur les jambes ! Enfin, ok, c'est parce que c'est l'hiver car en vrai, j'arrive pas à passer au-dessus de cette injonction. Alors que j'ai littéralement trois poils en plus… Bref, j'ai viré féministe grâce notamment à Twitter qui m'a éduquée sur de nombreux sujets. Fait tombé les peaux de saucisson que j'avais devant les yeux. Expression un peu dégueu. J'ai réalisé tous les vices du patriarcat, l'oppression masculine, les normes dans lesquelles on élève petites filles et petits garçons… car l'éducation semble partir du principe que, bambins, nous sommes tous cis et hétéros, évidemment. Aujourd'hui, j'en suis au point où, si je devais me séparer de Victor, mec assez déconstruit, je ne pourrais pas me remettre en couple avec un homme. Sauf à en trouver un aussi déconstruit mais je suis pas sûre d'avoir la force. Alors oui, certaines meufs ont également besoin d'un peu de déconstruction, je dis pas. Je hurle de rage dès que l'une d'entre elles me sort le couplet de "mais y a des menteuses aussi" quand on parle harcèlement sexuel voire viol ou les "mais elle avait qu'à partir aussi" quand il s'agit de féminicides. Mais je me rappelle que je suis née dans un petit cocon aussi et que j'ai pas toujours eu de notions de tout ça. Et que certaines pourraient me trouver pas assez déconstruite.
Mais pourquoi je dis que le féminisme rend misandre ? Tout simplement parce que dès que tu es étiquetée féministes, les hommes viennent t’agresser. Surtout ceux qui chialent en mode “c’est difficile d’être un homme.” Oh, bichon… ta gueule. Ceux qui hurlent à la misandrie sont précisément ceux à cause de qui j’ai désormais une méfiance quasi paranoïaque des hommes. La fin totale de ma patience quant à leur incapacité d’écoute. Je parle manspreading “non mais ça c’est un truc de jeunes”. Et je vous dis pas tout le mansplaining et male tears auxquels j’ai droit dès que j’explique aux hommes, même pas méchamment, qu’il n’y a rien de bon à être femme. On vit dans une société qui massacre les femmes dans une relative indifférence mais à la moindre évocation du mot “féminicide”, t’as un connard de mascu qui débarque pour nous expliquer qu’il y a aussi des hommes qui meurent, assassinés par leur moitié. Oui, Jean-Mascu, c’est vrai… un tous les 13 jours et plus de la moitié dans un cas de légitime défense de la part de sa compagne. Vraiment, tais-toi.
Etre féministe rend misandre… pas le courant de pensées mais parce que beaucoup d’hommes ne tolèrent pas notre existence. Et à chaque fois qu’on ouvre la bouche, ils débarquent en troupeau nous rappeler à quel point ils sont problématiques. Et pour ceux qui ont envie de me faire un ouin ouin à base de not all men, je vous prie de vous taire.