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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

L’impossible droit à la déconnexion

Publié le 26 Mai 2020 par Nina in Le travail, le travail est une humiliation, le droit à la déconnexion

 

Ce qui est fantastique quand tu décides de te lancer dans une loooongue série d’article sur la toxicité du travail, c'est quand ma boîte vient gracieusement me donner de l’inspiration. Faites-moi penser à leur dédicacer le bouquin que j’écrirai un jour sur le sujet. Par exemple, la semaine dernière, j’ai été en vacances… et on m’a quand même importunée. Droit à la déconnexion ? Et puis quoi encore !

Droit à la déconnexion
Aucune mission mais pas la paix non plus

Pour ceux qui tombent ici par hasard, très rapide résumé : je n’ai quasi plus rien à faire depuis la mi-septembre. Et on piétine régulièrement ma dignité genre on m’annonce un chômage partiel le 04 mai… pour le mois d’avril. On m’annonce une augmentation qui ne vient pas, une prime divisée par deux parce que “j’ai pas été staffée à 80% en 2019”. Ouais, super, je suis pas chargée de me trouver du taf, hein… Bref, je n’étais pas vraiment dans les meilleures dispositions. Le soir même de mes vacances, ma N+2 a essayé de m’appeler à… 19h30. J'ai pas répondu. Mercredi suivant, un commercial a essayé de m’appeler trois fois en une heure, un SMS, trois mails et une tentative de m’attraper sur LinkedIn car il voulait récupérer mon CV pour une mission. CV présent sur le réseau, bien entendu. Tout ça n’est qu’un détail, une anecdote mais j’ai vrillé. Encore. Parce que clairement, même les vacances ne sont plus un moyen d’avoir la paix.

Respectez mon droit à la déconnexion

 

"Je ne suis pas dispo"

Retour dans le passé, dans la start-up qui m’a fait plonger dans le lexomyl. Qu’est-ce qui m’a fait craquer ? Un mail dégueulasse pendant mes vacances. Car oui, j'avais consulté mes mails car je devais renvoyer un document. Une collègue qui me voulait du bien m’a expliqué clairement “non, tu pars en vacances, tu coupes tout. Tu n’es pas joignable”. Et depuis, j’essaie de l’appliquer. Sauf que dire “hé, je suis pas dispo”, ça ne marche pas. 

Je suis en vacances

 

Mon smartphone, ma chaîne

Car on a toujours ce foutu fil à la patte : le smartphone ! L’autre jour, je passais sur LinkedIn et un pauvre type rigolait en mode “les messages de vacances “je ne suis pas joignable” en période de confinement genre t’es plus chez toi, lol !”. Alors mon ami, laisse-moi reformuler : “je ne regarderai pas mes mails et je ne répondrai pas à vos coups de fil, foutez-moi la paix”. Parce que oui, manifestement, la seule façon d’être tranquille, c’est de partir loin de tout relais 3, 4 ou 5G ou ce que vous voulez. Je vous recommande Cuba pour ça, parfait pour la digital detox. Ou de faire tomber son smartphone à la mer. 

Un smartphone à la mer
David contre Goliath

Et c’est toute l’hypocrisie de l’appareil législatif soit-disant protégeant le salarié. Oui, j’ai le droit à la déconnexion mais tous mes employeurs s’assoient dessus. Neuf fois sur dix, c’est juste le petit SMS “où a-tu mis tel document ?”. Je me suis faite engueuler aussi une fois car je n’avais pas fait de passation. Par contre, j’ai pas eu de réponse à mon SMS demandant à qui j’étais censée la faire. Je reçois des mails qui semblent attendre une réponse par des gens qui savent que je suis en vacances. Vanessa la toxique m'avait fait ça quand j'étais précisément à Cuba, plein de mails pour m'engueuler... que je n'ai jamais pris la peine de lire. Parce qu’ils pensent qu’en vérité, je ne me déconnecte pas. Parce que les salariés ne le font pas.

L'impossible déconnexion
Un sentiment d'impunité légitime...

Avec toutes ces histoires de chômage partiel and co, je me suis posée une question  d’où vient l’impunité des entreprises. Tout simplement de la soumission des salariés. Ma soumission aussi, hein, comprenez bien. Les petites entorses au droit à la déconnexion ne sera dénoncé qu’en cas de licenciement litigieux. Le chômage partiel. Meeeh… Pour mille raisons : soumission à l’entreprise, peur de perdre son taf, peur d’être lae poucave de service (“han, la délation, j’aurais pas aimé être ton voisin pendant la guerre”). Bref, la rébellion des salariés n’est pas pour demain car en vrai, personne n’a envie de barboter 8h par jour en milieu délétère. Enfin, encore plus que ce que l’on subit en temps normal.

Travail en milieu toxique

 

Mais moi, mon droit à la déconnexion, j’y tiens. Du coup, aux grands maux, les grands remèdes : je fous tout le monde sur liste bloquée pendant mes congés pour ne pas être joignable. Et au moindre reproche, j’enverrai mon plus beau mail “je ne comprends pas, es-tu en train de remettre en question mon droit à la déconnexion ?”. 

Je ne comprends pas

Je suis devenue une spécialiste des mails “je ne comprends pas”. 

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