L’année commence et j’ai pas encore envie de m’énerver. Je dois me préserver un peu quand même. Ma tension, tout ça. Alors aujourd’hui, j’ai envie de vous parler des fans. Car s’ils existent, c’est d’être fans. Bon, pardon… On reprend sans chanson tarte. Donc aujourd’hui, on va parler des fans. Des fans hardcores, je précise. Parce que souvent, ceux-là, je les déteste de par leur snobisme complètement pété et excluant. Sans parler de leur incroyable agressivité dès que tu trouves leur idole pas si ouf. Vraiment, souvent, le cancer d’une oeuvre quelle qu’elle soit, ce sont ses fans.
Je ne suis pas une grande fan
Je suis assez peu fan, je l’ai déjà dit. Parce que je suis trop changeante, je pense. Mais il y a quand même deux ou trois permanences dans ma vie dont la plus manifeste, celle dont je parle beaucoup trop souvent : Starmania. L’oeuvre phare de ma vie, découverte dans mon adolescence, au moment où je me forgeais une personnalité. Si ça ne m’a pas tant donné le goût de la variété puisqu’à part Michel Berger, France Gall et Balavoine, Starmania n’a pas tant marqué mon paysage musical que ça. J’ai essayé de suivre les carrières de quelques chanteurs Starmaniesques, surtout la version Mogador puisque c’est par elle que j’ai découvert cet univers. J’ai possédé un album de Luce Dufault, Bruno Pelletier, Judith Bérard et Isabelle Boulay et je n’en garde que peu de souvenirs. Carrément aucun de celui de Pelletier, même. Mais voilà, Starmania, j’adore et… j’ai envie de partager. J’ai fait découvrir à mon mec en le traînant à la Seine Musicale alors qu’on vit même plus à Paris et qu’on avait déjà réservé nos places pour Bordeaux. Il est fort possible que je retourne le voir à Toulouse avec ma soeur, aussi. Et si des amis parisienne genre Zeno veulent quelqu’un pour aller le voir quand ils reviendront, I’m in. Parce que j’aime partager ce que j’aime.
J'aime partager mes coups de coeur
Je parle de Starmania mais ça s’étend à tout. J’avais amené un pote voir Jorane à Toulouse à l’époque où j’y vivais parce que c’est trop beau pour garder ça pour moi. Je voudrais que tout le monde voit After Yang tellement ce film m’a touchée. Je recommande avec force et cri ce que j’aime. La moitié de mes articles sur la narration sont dédiés à ça. Et je ne fais pas ça en mode maman chat apprend la vie à ses chatons ou pour garder une supériorité de savoirs. Par exemple, depuis qu’on a vu Starmania avec mon mec, on en reparle beaucoup et je lui explique les différences entre les versions, l’évolution de l’histoire. Pas pour faire ma sachante supérieure. Plus pour assouvir sa curiosité et en vrai, j’aurais tendance à l’encourager à vivre sa propre expérience Starmaniesque. Je ne dois pas être la seule source de savoir sur le sujet. Je suis juste un connecteur, on va dire.
Gna gna gna, dégage de ma passion
Alors que les primo-fans, non seulement ils se posent en gardien absolu du savoir mais plissent le nez dès que de nouveaux fans débarquent. Même sur le foot, j’ai vu ça. Alors déjà, les femmes n’ont pas le droit de s’intéresser. Si elles regardent, c’est juste pour le petit cul de… je sais plus trop qui vu que Beckham ou Gourcuff ne sont plus là. Giroud ? Ronaldo ? Pardon, je ne suis pas trop les rageux donc bon. Et sinon, les nouveaux fans, ce sont des “footix”, genre leur avis ne compte pas. Mais allez vous faire cuire le cul, en fait ? Déjà, vous devriez toujours vous réjouir de la popularité d’un truc que vous aimez bien parce que ça va le faire perdurer. Si plus personne ne regarde le foot demain, autant vous dire que la seule façon de voir un match, ce sera d’aller se peler les miches sur les bancs inconfortables d’un stade lambda. Et encore le foot, c’est pas le pire. Non, le pire, c’est définitivement… Kaamelott.
Une série qui gueule quand même beaucoup pour rien
Je ne suis pas une grande fan de Kaamelott. Je dirais même qu’au début, j’ai pas bien compris le concept. Je veux dire, ok, Arthur, les chevaliers de la table ronde, la quête du Graal, j’ai. Le côté “tous débiles sauf Arthur”, je peux voir le potentiel comique même si l’egotrip me titille un peu. Mais je ne comprenais pas pourquoi ils passaient leur temps à se hurler dessus et à se traiter de tous les noms. Encore un qui confond cool et connard. Je reconnais cependant de jolis moments, de belles fulgurances surtout sur la fin de la série. Mais les citations à outrance, les “c’est pas faux, huhu”, non, vraiment… Et j’ai parfois du mal avec Astier qui se prend pas pour la moitié d’une merde. Oui, il a beaucoup de talents, au sens où ils maîtrisent de nombreux sujets mais le concept de traiter d’abrutis tous ceux qui ne sont pas aussi “éveillés” que lui, je… mmm. C’est pas ma came.
Une oeuvre impossible à critiquer
Le problème ici, c’est que tu peux pas critiquer Kaamelott sans te prendre un shitstorm de compète. Bon, perso, je pense que c’est la première fois que j’émets un avis écrit sur Kaamelott. Je ne me sens pas trop concernée par le sujet. Je connais la série par le magie de on l’hyperdiffusion et de ces périodes où je laissais la télé allumée all day long. J’ai jamais cherché à voir les épisodes dans l’ordre, je n’ai jamais cherché à analyser l’oeuvre donc mon avis, c’est juste celui de la meuf devant sa télé qui en est à sa quinzième rediffusion de Friends, à peu près. Mais il y a des personnes qui ont un peu plus creusé le sujet et peuvent ne pas crier au génie voire souligner un ou deux soucis d’écriture. Notamment au niveau des personnages féminins écrits avec pas mal de misogynie. Vous pouvez ne pas être d’accord avec ça. Mais vous pouvez argumenter sans insulter personne ou appeler votre meute, hein.
L'antériorité n'a aucune valeur
Mais surtout, il y a une "noblesse de fans". Quand le film a été annoncé puis diffusé, il y avait une sorte de mépris envers ceux qui ne découvraient Kaamelott qu’en cet instant, presque ce côté “vous êtes indignes de cette oeuvre”. Alors déjà, vu qu’il y a eu 12 ans entre la fin de la série et le film, ça fait un paquet de monde qui est passé en âge de voir l’oeuvre entre les deux, non ? Et puis qu’est-ce que ça peut faire ? Y a environ la même avec le Seigneur des Anneaux. Quand les films étaient sortis, c’était de bon ton de rappeler qu’on avait lu les livres bien avant la sortie des films. Ouais et alors, tu veux une médaille ? S’il le faut, la personne qui est allée voir le film et qui ne connaissait pas avant est tellement tombée en amour avec l’histoire qu’elle a lu les romans depuis et des articles d’analyse, a vraiment creusé le sujet et surpasse le primo-fan en terme de savoir. L’antériorité n’offre aucune valeur. Même pas un avis plus éclairé car tu peux analyser l’oeuvre en tant qu’adaptation… ou en tant qu’objet cinématographique en soi. On peut être déçu par une adaptation parce qu’on est déçu de certains choix. Ca ne veut pas dire que le film n’a aucune valeur.
Rangez votre mépris et ouvrez votre communauté
Donc on résume : avoir découvert une oeuvre avant son hyper popularisation ne vous donne pas une valeur particulière. Surtout qu’on ne naît pas tous au même moment, voyez. Ce n’est pas parce qu’une jeune personne va découvrir Star Wars en commençant par la postlogie qu’elle ne va pas se passionner aussi fort pour cet univers que vous, né dans les années 70 qui avez vu l’épisode 04 au cinéma… En plus, si cette personne commence par la postlogie, elle a de la chance, quelque part, elle commence par le pire. Ensuite, une oeuvre n’appartient pas à une communauté de fans fermés. Les publics évoluent et c’est une bonne nouvelle. De la même façon, si une personne n’apprécie pas votre oeuvre préférée, ce n’est pas nécessairement parce qu’elle est une “noob qui ne comprend rien”. Votre mépris de fan, là… Il est possible qu’elle ait manqué un truc. Mais éventuellement, éclairez-la avec gentillesse, je sais pas ? Parce que perso, si je dis que Kaamelott, je suis pas fan du côté “poissonier” de l’oeuvre, je suis pas sûre que de me prendre des “ta gueule, t’es trop conne pour comprendre” me fasse changer d’avis ou reconsidérer ma position. Après, si vous voulez garder votre oeuvre pour votre petite communauté, oui, c’est la bonne méthode. Mais si peu de gens vont voir votre petit bijou, il risque de ne pas y avoir de suivants. Même si y a un gars qui l’a vu 204 fois. Une formidable perte de temps incroyablement célébrée par une société hyperproductiviste, quand on y pense.
Connaître une oeuvre ultra populaire ne fait pas de vous une bonne personne
Bref : l’antériorité de ne donne aucune valeur, aucune oeuvre n’est incontestable et avoir découvert une oeuvre à sa sortie n’est pas une prouesse. Surtout quand on parle de Kaamelott ou Star wars où on n’est pas sur de la petite fiction jouée dans un théâtre de 20 places ou d’une petite fiction déposée sur Vimeo, hein. On se calme et même, on accueille les néo-fans avec chaleur.