Il y a des moments où tu n’en peux plus, que tu ne vois plus comment faire évoluer le débat, tu te dis que de toute façon, le combat est vain. Ou comment un féminicide ouvre une fois de plus la porte au vomi masculiniste complaisamment relayé par les médias. Femmes, on nous hait.
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Les femmes tuées l'ont bien cherché
Je ne vais pas refaire l’histoire pendant 107 ans mais pour ceux qui ont raté : Alexia Daval est portée disparue en octobre dernier, son corps est retrouvé brûlé, on sait qu’elle a été violentée. Effroi dans la presse, on tue les femmes qui sortent de chez elles ! Légèrement agacées, plusieurs féministes rappellent que si on compte 7 joggeuses assassinées en 10 ans, 130 femmes ont succombé sous les coups de leur conjoint. Horreur ! Ces féministes sont donc bien inconscientes de rappeler qu’on est plus en danger dedans que dehors. Et pourtant, on réalise qu’en fait, il n’y a pas eu 130 victimes mais 131. Alexia Daval n’a pas été victime d’un pervers des bois… mais de son mari. Mais ses avocats ont trouvé la parade : s’il l’a tué, c’est qu’elle était insupportable. En gros, les médias diffusent le message qu’elle l’a bien cherché au fond.
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Quoi qu'on en dise, tout est de notre faute
Femmes, on nous hait. Depuis des jours, je vois des hommes chialer en mode « nous aussi, on est victimes ». « Oui, il existe des castratrices », « y a bien deux victimes dans l’histoire ». Et on nous remet un petit coup sur Jacqueline Sauvage « ah ben vous pouvez pas dire que elle, elle était victime et que lui ne l’est pas. » Est-ce que Jacqueline Sauvage avait des traces de griffures ou morsures sur les mains ? A-t-elle étranglé son compagnon pendant de longues minutes ? A-t-elle pris soin de changer le cadavre pour l’amener ensuite en forêt, le brûler et jouer la veuve inconsolable pendant 3 mois ? Ah non… Et vous noterez également que si Jacqueline a eu droit à de nombreux « non mais pourquoi elle l’a pas quittée, elle aussi ? », je n’ai pas entendu une seule fois ce discours pour Daval. Parce que quoi qu’il arrive, ce sont les femmes les coupables.
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Elle était devenue insupportable...
Alexia Daval était-elle une femme rendue invivable par son traitement hormonal ? Je n’en sais foutre rien. Mais je sais que j’entends cette version, qu’elle est débattue sur la place publique comme si ça excusait. J’entends tout le pathos autour de son mari si gentil, « qu’on aurait jamais cru ». On l’entend à chaque fois ce discours, à chaque fois. Du coup, je suis perplexe : comment reconnaît-on un futur meurtrier ? Ou meurtrière ? Non parce que c’est censé être écrit quelque part sur leur tronche et on a oublié de me prévenir ? Quand j’étais enfant, j’avais un dentiste super gentil, une crème. Il a tiré une balle dans la tête de son associé. Vous savez, les couples adorables en apparence, on en connait tous. N’êtes-vous jamais tombé des nues en apprenant, après la rupture d’un couple plus ou moins proche, que l’un des deux était une parfaite ordure ?
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Tuée car trop de personnalité
De toute façon, à entendre les médias, nous sommes fautives quoi qu’il nous arrive. Il nous a tué car nous avions une « personnalité écrasante »ou parce qu’on allait le quitter. Il nous viole parce qu’on a été aguicheuse, trop vêtu ou court vêtu, qu’on n’a pas dit clairement non, qu’on a dit non mais nos yeux disaient oui. Parce qu’il a du pouvoir et qu’on devrait en être flattée. Que c’est une chance. Ou juste parce qu’il passera un coup de fil à quelqu’un d’important si on écarte les cuisses. Ils se frottent à nous car on ne veut plus se laisser faire et on provoque de la misère sexuelle. Ils nous frappent parce qu’on leur obéit pas bien, qu’on a parlé à un autre homme, on s’occupe pas bien du ménage. A la base, Alexia Daval était une imprudente, faut pas aller courir seule, quelle idée. Finalement, c’était une épouse exécrable à la fertilité compliquée… quel que soit le scénario, c’est toujours de sa faute, au fond. Lui, il est gentil, on comprend pas. Médias, je vous hais.