Oui, j’ai pas fini de causer féminisme. Sorry not sorry. Je vous avais promis la semaine dernière de vous parler de posture, j’ai finalement changé mon fusil d’épaule suite à des conversations croisées sur Twitter cette semaine. Un vidéaste sur Youtube, Sale type manipulateur dont je tairai le nom, se demandait pourquoi il n’y avait pas plus de femmes vidéastes hors sphère beauté/mode/lifestyle. Et les réponses furent édifiantes : parce qu’une femme qui l’ouvre, elle se ramasse son lot de trolls plus méchants que bêtes. Et c’est encore à nous de gérer la situation.
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Les femmes, attaquées quoi qu'elles disent
Les trolls, j’en ai déjà parlé, j’en ai eu mon petit lot. Alors autant à une époque où j’avais du temps à consacrer à mon blog et où je squattais les comms, j’avais une certaine accessibilité qui permettait à ceux qui… je sais pas s’ennuient ou haïssent les femmes qui “couchent avec tout le monde sauf avec eux” de me toucher. Mais aujourd’hui encore, alors que je passe ici littéralement en touriste, je m’en prends encore quelques uns. Genre celui qui s’est dit que m’attaquer sur un article #metoo où je parle d’abus dont j’ai été victime, ça passe. Certains sont nés avant la décence, oui. Mais je ne suis qu’un exemple parmi tant d’autres, je vous invite à lire le thread de Ana Vdlb qui est proprement vertigineux. On en arrive à une règle : en tant que femmes, tu t’exposes sur le net même pour parler de choses très anodines, les hommes vont t’insulter, te menacer, te mépriser. C’est une fatalité.
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Le problème n'est pas notre sensibilité...
“Ben suffit de pas les écouter”. Non. Tu fermes ta gueule avec cet argument. Ce n’est pas à nous de nous blinder. (Re)lisez le thread de Ana : quelle épaisseur de cuir est-on censé avoir avant d’oser parler de sujets qui nous intéressent ? Là encore, on cherche à nous remettre à notre place : dans l’espace privé, pas public. Si la démarche n’est pas forcément conscientisé, on est bien là : une femme qui “sort” de chez elle est vue comme à disposition des hommes qui peuvent lui dire toutes les horreurs. Cette vidéaste a quand même reçu des commentaires détaillant des fantasmes de viol à son encontre. A quel moment tu lis ça sans que ça te touche même un petit peu ? Vous vous mettez à notre place deux secondes ? On a beau être fortes, à force de se faire agresser même par des mots, ça attaque. Parce que y a des jours où on a une petite forme et qu’un.e inconnu.e vienne nous dire qu’on est physiquement ingrat, même si on a trente comms qui disent le contraire, c’est pas toujours facile de hausser les épaules et passer à autre chose.
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Pourquoi ce serait à nous de nous adapter ?
Parce que le problème, ce n’est pas nous, c’est eux. Pourquoi c’est toujours à nous de pallier votre comportement de merde ? A nous d’ignorer vos agressions permanentes ? A nous de ne pas s’habiller comme ci ou comme ça pour éviter toute remarque déplacée ? Spoiler : perso, je me fais toujours draguer quand je suis en jogging parce que je dégage un potentiel message de vulnérabilité... Vous n’avez pas un peu l’impression que c’est double peine pour nous ? Qu’on tremble toujours un peu dès qu’on se fait jolie car un connard va forcément venir nous emmerder à un moment ? Qu’on prend la parole en public en sachant qu’il y aura toujours quelques connards qui vont tenter de nous rabaisser? Nous humilier, même ? Et oui, ce n’est pas la majorité mais quelques cailloux dans l’eau claire, ça peut être irritant, voyez… Puis on n’a pas à s’excuser d’être faibles face aux attaques parce que… il ne devrait pas y avoir d’attaques.
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Vos silences et votre indifférence sont complices
Sauf que vous êtes complices. Tous ceux qui disent “bah, les écoute pas”, vous êtes complices. Ceux qui disent “mais moi, je te fais des compliments, ça compte plus”, vous êtes complices. La solution n’est pas dans notre capacité à encaisser des merdes all day long mais dans notre solidarité face à ces attaques. Quand vous voyez ce genre de comms, mordez, mordez en nombre. Parce que je vous vois, certains, bien cachés derrière leur écran en mode “vazy, ignore-les” mais qui n’iraient surtout pas se frotter à ses merdes de peur d’être éclaboussés. Parce que c’est ce qui arrive à chaque fois. Je le sais car parfois, quand j’ai un peu de temps ou pas envie de bosser, il m’arrive de voir des mascus qui emmerdent des jeunes femmes et de les mordre façon pitbull, sans rien lâcher. Les faire monter jusqu’au point de rupture, les faire sortir de leurs gonds. C’est parfois éprouvant même si, parfois, c’est tellement surréaliste que tu n’arrives plus à savoir à quel degré est la personne qui te parle. Big up à celui qui semblait conclure que j’étais Noire et lesbienne. Parfois, vous pouvez tomber sur des tordus qui vont vous pister sur le net pour découvrir votre réelle identité et vous menacer. Coucou celui qui m’a fait ça, aussi.
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La solitude de celle qui se fait salir
La vérité, c’est que face à ce dégueulis nauséabond, nous sommes seules. Un peu de solidarité féminine parfois mais souvent, on affronte ça seule, les gens haussent les épaules en mode “t’as qu’à ignorer”. Bah, oui, faites-vous insulter H24 et venez nous dire que ça s’ignore facilement. Le harcèlement est un moyen de brimer essentiellement parce qu’il se repose sur un silence complice. Je ne dis pas qu’il faille systématiquement lire tous les commentaires d’une blogueuse, Youtubeuse, Twitta… mais si vous voyez un connard dépasser les bornes, arrêtez de faire comme si vous n’aviez rien vu. La femme qui subit ce genre de commentaires est la victime. Il est temps de s’en prendre au coupable.