Les hommes gâchent toujours tout

Et ils chialent fort quand on décide de s’amuser sans eux. Un soir comme un autre sur Paris, dans un bar. Des femmes, dansent et rient en toute décontraction. Leur secret ? Une soirée interdite aux hommes. Ce non-événement a fait l'objet d'un petit reportage vidéo sur le Parisien et les commentaires furent, comme je m'y attendais, fort salés. 

Les hommes ne supportent pas d'être exclus

Je vais pas détailler ces comms car y a un point sur lequel je veux faire un article. Mais en gros "intolérable, et si nous, on faisait pareil, hein ?" Avec en réponse "tu veux la liste des clubs réservés aux hommes ?". Des accusation de sexisme et mon préféré "vous finirez seule avec vos chats". De la part d'un monsieur d'un certain âge dont tu devines le regard gênant sur sa photo de profil. Je préfère finir avec 30 chats qu'avec toi, monsieur, calme-toi. Et si beaucoup chouinaient, peu eurent le courage d'admettre que si les femmes se réjouissent de passer une soirée sans eux, c'est parce que les hommes gâchent tout. Pourtant, c'était explicite "on peut danser comme on veut sans se faire emmerder", "j'ai pas besoin de surveiller constamment mon verre".... 

On n'est jamais tranquille avec les hommes

J'exagère ? Finale de coupe du monde 2018, des tas de mecs s'excitent en ligne à l'idée de frotter des meufs dans la foule. Le moindre rassemblement populaire apporte son lot d'agressions sexuelles et de viols. Les fêtes de Bayonne, comme chaque année, les festivals de musique ici ou ailleurs. Les chanteuses ne font plus de surfing car ça finit systématiquement en agression sexuelle. Et ne me dites pas que c'est une minorité. C'est bien trop systématique. Même une footballeuse professionnelle championne du monde doit subir une agression sexuelle devant les caméras du monde entier. On est tranquilles nulle part, jamais.

Dès qu'on est quelque part, faut que vous vous en mêliez

Et même en allégeant le propos, on n'est jamais tranquilles. Genre la salle de sport. Déjà, une femme, elle doit rester côté cardio. Si elle s'approche du côté muscu, elle ne pourra pas toucher un appareil sans qu'on la renvoie aux appareils fitness, qu'on la filme ou qu'un Jean-Muscu vienne lui expliquer le fonctionnement de la machine qu'elle s'apprête à utiliser. Alors qu'elle s'en sert souvent bien mieux que lui. De façon générale, il est compliqué pour une femme de faire quoi que ce soit dans un espace public sans qu' in mec débarque lui expliquer la vie. Soit-disant pour aider mais la moitié du temps… Tiens, anecdote, encore. Au lac, l'autre jour, deux mecs glandent sur un banc. Ils interpellent une jeune femme qui les ignore. Manque de bol, elle n'arrive pas à ouvrir le cadenas de la cahute de plage où elle travaille. Un des deux mecs vient l'aide, elle remercie vite fait. Mais ça devient insistant, le deuxième gars vient même la coller pour lui rappeler que "son pote l'a aidée, quand même." Mais elle bosse, là. Et elle ne lui avait rien demandé. Elle a dit merci, c'est bon, foutez lui la paix.

Nous sommes méchantes avec eux

Tout est comme ça. Tu vas à la plage, t’as un gang de mec qui vient se baigner à côté de toi et se jettent du sable à la gueule parce que… putain les gars, vous êtes majeurs, grandissez. T’es posée tranquille dans un parc, y a un gars qui vient lire son Figaro en fumant son cigare. Ca devrait être interdit dans les lieux publics tellement ça pue ce truc. Et ce n’est que du vécu, je ne fantasme rien du tout. Enfin, sauf la partie muscu, ce sont des témoignages lus sur Twitter parce que je ne vais jamais du côté muscu des salles… pour avoir la paix. Et que dire de la vie de groupes où les mecs imposent très vite leur ego et attention si tu le froisses. On retombe alors sur les groupes de discussion en non-mixité qui font rugir de rage les hommes. Quoi, les femmes osent parler entre elles sans me demander mon avis ? C’est fou cette capacité à ne voir qu’un côté de la médaille. Au lieu de se questionner sincèrement sur le pourquoi on ne veut pas d’eux, ils pérorent sur le fait que nous sommes problématiques car nous ne voulons pas d’eux. 

On a le droit de pas avoir envie de vous voir

Alors, messieurs, une bonne fois pour toutes : vous n’êtes pas le centre de notre univers, très loin de là. On n’a besoin ni de votre présence ni de vos avis. On se sent mieux dans des lieux réservés aux femmes parce qu’on peut faire ce que l’on veut sans être sur nos gardes en permanence. Sans se sentir scrutée, non plus. J’en parlais l’autre jour à une jeune femme : la seule technique que j’ai trouvé pour ne pas me faire importuner dans la rue, c’est une attitude de confiance en moi. Epaules ouvertes, buste droit, regard placé droit devant. Dès que je me fais draguer, je sais ce que ça signifie : j’ai l’air vulnérable. Je ne peux pas me relâcher, je dois toujours feindre. Et y a des jours, vraiment, j’ai pas le chill, j’ai pas la force. Vous gâchez tout, y compris le quotidien. Et vous pourrez gueuler tant que vous vous voudrez, c’est juste un fait. Donc si vous voulez repasser des soirées avec nous, canalisez-vous et canalisez vos potes. Pour commencer.