Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Bien sûr que je suis dans le camp du bien

Publié le 9 Janvier 2024 par 47 in Citoyenneté, Souci d'autrui, Individualisme

Titre un peu provoc mais qui illustre de façon, certes lapidaire, une pensée. Parfois, je vais lire les commentaires sur des articles de presse. Enfin, les commentaires sur les réseaux sociaux. Souvent, y a du vomi. Raciste, sexiste, homophobe… selon le sujet que l’on traite. C’est assez fou comme finalement,  n’importe quel sujet traité devient prétexte à un petit dégueulis de haine. Je pense qu’on ne rembourse pas assez les professionnels de la santé mentale. Et souvent, revient cette ritournelle “ils se pensent mieux que nous”, associés aux écolos, végés, cyclistes, militants de gauche… Sauf que… Ben oui, en fait.

Protection de l'environnement

Difficile de pas me sentir supérieure à eux

Alors l’idée n’est pas de se croire mieux que quiconque. Même si je vais avoir du mal à ne pas le faire quand on parle d’un gars qui vient insulter les gens gratos pour se sentir vivre. Ou les vieilles dames. Une sorte de syndrome Catherine Deneuve où de vieilles chouettes bourgeoises croient qu’il faut toujours être du côté de la domination pour gagner. Et qu’il n’y a pas de raisons que les jeunes femmes ne subissent pas ce qu’elles-mêmes ont subi. J’avoue que quand je vois débouler une personne qui profère une méchanceté totalement gratuite ou sort une énormité… Genre qui arrivent à balancer leur propagande antivax sur des sujets qui n’ont strictement rien à voir. Oui, je me sens supérieure à ceux-là. Enfin, je ne me sens pas… Je suis. Mais comme toute personne normalement constituée, finalement. Etre supérieur à quelqu’un qui se complaît dans la méchanceté ou une personne quelque peu paranoïaque, ma foi…

Prêcher sur les réseaux sociaux

Bêtise contre envie de mieux  faire

Evidemment, la notion de “camp du bien” est associée plutôt à des valeurs de gauche. Ici, on ne va pas tant parler de politique que de valeurs. Et pas d’étiquette non plus. Non parce que les gens qui se disent à gauche mais tiennent des propos misogynes, homophobes, islamophobes et/ou antisémites, non. Je me fiche des étiquettes, on parle plus d’échelle de valeur. Et je trouve toujours étrange que certaines personnes trouvent qu’elles valent autant qu’une personne qui essaie d’oeuvrer pour le bien commun alors qu’elles se réfugient dans un comportement totalement égoïste. Par exemple, la consommation de viande. Il est documenté que la production de viande, de par l’agriculture qui lui est dédiée et l’élevage en lui-même, est fortement polluante. Mais dès que tu parles de végétaliser ta cuisine, y a des Jean-Abrutis vénères qui viennent t’agresser. Sans doute les mêmes qui envoient une photo de leur steak à Sandrine Rousseau. Définitivement le camp des intelligents. Alors déjà, le fait que je décide de faire des petits gestes à mon niveau n’est pas une attitude passive-agressive vis-à-vis de notre ami viandard. Mais surtout, oui, j’essaie d’avoir une conduite un peu altruiste pour que ses enfants à lui ne crèvent pas à 30 ans de suffocation. Et je ne serais qu’une “donneuse de leçon prétentieuse” ?

Faire du vélo à Bordeaux : le pont de pierre
Le pont de pierre en vélo, un bonheur

Le droit à la bagnole, le début des emmerdes

Je pourrais tenir le même discours avec la bagnole. Je rigole toujours fort quand je vois de (vieux) Bordelais gueuler sur la mairie écolo parce qu’on ne peut plus circuler en ville à Bordeaux. Mais les embouteillages, c’est la faute du maire ou des gens qui prennent la voiture alors que d’autres solutions existent ? Et toujours pareil, sortez pas le couplet des gens à mobilité réduite. Vous voulez les aider à circuler ? Arrêtez de prendre votre voiture pour rien et laissez-leur la place. Mais là pareil. Dès que tu oses poser ton vélo sur une route, t’as l’impression que tu les insultes. Alors qu’en vrai, si mon vélo est sur la route, c’est parce que je vais quelque part. Ou éventuellement que je me promène mais je suis pas en train d’insulter qui que ce soit ou de me la raconter meilleure que vous. Tiens, ça me donne une idée d’article, ça. Bref, je fais du vélo parce que ça me sied mieux que la voiture… et je refuse de rajouter ma pierre de tôle de 1 tonne 5 à l’édifice. Vous devriez lire L’apocalypse est pour demain de Jean Yanne. Ecrite en 77, c’est une dystopie qui imagine une planète étouffée par la voiture individuelle. 77… Mais en 2024, y a encore des gens pour revendiquer le droit de conduire des tanks en ville pour un trajet inférieur à 5 km

suv rezvani, un tank en ville

J'ai juste envie que ça aille mieux pour tout le monde

Oui, j’essaie de faire en sorte qu’on se sorte du bourbier dans lequel on est. Je ne peux pas le faire seule, évidemment. Mais c’est en partageant ses habitudes de vie qu’on peut aider ceux qui hésitent, ceux qui doutent, à sauter le pas. Typiquement, le vélo. J’étais loin, très loin, d’être une bicycliste enthousiaste. Mais c’est la seule façon de réduire mon trajet pour aller au travail… en évitant la case voiture. Parce que oui, aller au travail en voiture me prendrait, bon an mal an, une vingtaine de minutes. Versus environ 1h sur mon mix vélo-transports. Mais il y a des avantages personnels, aussi. Sur l’heure de trajet, j’ai 25 mn de vélo et 10-15 mn de marche. Autant vous dire que j’arrive pleine d’énergie au travail. Faire du vélo alors qu’on n’est pas à la base câblée pour ça, c’est montrer que c’est possible. De la même façon, partager la végétalisation de sa cuisine, ce n’est pas pour faire la belle mais juste pour inspirer. Vous croyez que c’est une inspiration divine qui m’a donné envie de voir ce que je pouvais faire avec du tofu ? Que j’ai eu l’idée toute seule de mon plat pois chiche-patate douce-épinard ? Même l’idée de devenir flexitarienne ne m’aurait pas effleurée si de plus en plus de gens, y compris dans mon entourage, avaient entamé cette transformation. Oui, je continue de manger du poisson et des fruits de mer, des oeufs, du beurre. De la viande quand je n’ai pas le choix. Mais c’est un pas.

Végétaliser ses repas

Je n'agis pas pour la gloire

Et je ne le fais pas pour les médailles ou pour coller la honte à qui que ce soit. Je le fais parce que ça me paraît important. Un peu pour moi puisque le vélo ou la moindre consommation de viande ne peuvent me faire que du bien. Je pense aussi qu’il est important de tendre la main à son prochain. Que l’origine d’une personne n’est pas un critère pour évaluer ses valeurs humaines. Je reconnais ma chance et mes privilèges et ne m’en sers pas comme excuse pour ne pas penser à aider mon prochain. Et je pense que la redistribution des richesses est un impératif. J’ai lu des livres ou écouté des documentaires sur ça, sur les dominations qui traversent notre société. Parce que j’ai envie de croire que si on met tout sur la table pour repartir de zéro, on pourrait permettre à tous d’avoir une vie correcte. La pauvreté n’est une fatalité que dans un système capitaliste qui considère la solidarité comme un rouage accessoire, qui devrait être supporté par les citoyens plutôt que par l’Etat. Oui, je remets en cause les privilèges. Oui, je réalise que la multipropriété est un problème de société que personne ne veut prendre en considération. 

Résidences secondaires en Bretagne

Mon confort ne vaut pas plus que la vie des gens

Et oui, je vais avoir du mal à ne pas considérer être dans “le camp du bien” si je fais en sorte que mes propos et mes actions aident les plus faibles. Genre les enfants de tous les connards qui roulent en SUV pour commencer.  Des fois, j’aime bien à dire “tu ne mérites pas les efforts que je fais pour tes enfants”. Parce que franchement, je pourrais être égoïste. Je n’ai pas d’enfants donc peu importe ce qu’il pourrait se passer après moi. Je ne connais pas ces gens qui fuient la guerre, au péril de leur vie. Qu’est-ce que ça peut me faire de les aider ? Ils ne parlent même pas notre langue, certains. Etc. Oui, je considère que ma vie et mon confort n’ont pas plus de valeur ou d’importance que celle de n’importe qui sur cette planète. Et non, je ne suis pas parfaite, je pourrais encore faire mieux. Je ne prétends pas le contraire. Je ne prétends rien du tout. Mais quand une personne fière de bouffer de la viande ou de sa grosse caisse qui ne lui sert que pour rouler en ville se sent attaqué par mes choix de vie en mode “tu te crois mieux que moi ?”. Bah oui, clairement. Et je vois pas comment tu peux penser même le contraire, en fait. Comment tu peux croire que ton individualisme forcené peut faire de toi quelqu’un de bien. 

Les embouteillages

Si tu te sens agressé par la simple mention de seitan, ma foi...

Oui, cet article est un peu provoc. Mais après tout, si quelqu’un se sent agressé dès qu’on parle piste cyclable ou seitan, mon défi cuisine 2024, c’est bien qu’il doit se sentir le cul un peu merdeux… Après tout, quand tu commences à te justifier alors que personne ne t’avait rien demandé, c’est que tu dois pas avoir la conscience tout à fait tranquille. 

 

Commenter cet article