Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Peut-on être Charlie quand on n'est pas PR ?

Publié le 11 Janvier 2022 par Nina in Actualités, Citoyenneté, Clivages

La semaine dernière, nous avons "fêté" les sept ans de l'attentat de Charlie Hebdo, début d'une funeste année. Je vais pas vous faire le couplet "je me souviens quand je l'ai su", je ne trouve pas ça particulièrement intéressant. Mais en ce moment, je suis fatiguée d'une parole vite détournée pour donner de la force à des gens à qui tu ne veux absolument pas en donner. Genre le Printemps Républicain. Des gens qui ne représentent qu'eux-mêmes mais ont réussi à squatter tous les plateaux télé pour répandre leur merde, surtout au niveau de la laïcité et du "wokisme". Du coup, aujourd'hui, j'ai l'impression qu'ils ont capturé la notion d'être Charlie. Et franchement, ça saoule. 

Je suis Charlie

La liberté d'expression capturée par un obscur think tank

Je ne ressens pas le besoin de me déclarer Charlie. Surtout que cette notion a été totalement dévoyée depuis des années précisément par ces gens qui décident ce qui est acceptable ou non en matière d'humour. En gros : attaquer la religion musulmane, c'est oui. Les autres religions, c'est non. Et les attaquer, eux, c'est in-ter-dit. On dirait des gamins "ça me fait rire quand on bashe les autres mais quand c'est moi, je siffle la fin de la récré". Ciel. Car on en est littéralement là. Un obscur think tank composé de membres hétéroclites qui n'ont aucune légitimité de prendre la parole sur des sujets le font et distribuent cartons jaunes ou rouges… Une enquête intéressante a été menée sur ce sombres personnages par Slate. Depuis les auteurs subissent pas mal de harcèlements. Ah oui, c'est leur grande spécialité, ça, le harcèlement en ligne. Avec tous leurs faux comptes, ça peut vite faire péter un plomb. Samuel Gontier y a eu droit récemment, par exemple... Même moi, quand j'ai écrit un article sur l'affaire Mila, j'ai eu droit à un mini shitstorm sur Twitter. Pour des chantres autoproclamés de la liberté d'expression, c'est rigolo.

Une armée de trolls

J'aimerais encore être Charlie, mais...

Donc, vendredi, quand j'ai vu que nous étions le 07 janvier et que ça commençait à parler des attentats de Charlie, j'ai eu un mouvement de recul. Un "sans moi, les gars". Et puis ça m'a mise en colère. Pourquoi sans moi ? Mon émotion était sincère en 2015 et surtout, pourquoi devrais-je laisser un groupe de fêlés de la pseudo-laïcité devenir les dépositaires de "l'esprit Charlie" ? D'abord je ne suis pas certaine qu'il existe une définition universelle de "l'esprit Charlie". Je suis même à peu près convaincue du contraire. En fait, la question n'a jamais été "Charlie" en soi mais de défendre la liberté d'expression. Est-ce qu'un journaliste ou un caricaturiste peut mourir pour ses propos ? Non. En aucun cas. Indépendamment de notre avis sur les caricatures qui ont mis le feu aux poudres.

Tout ça pour ça, Charlie Hebdo

Un débat capturé

Mais le débat est dévoyé. Nos amis du PR sont les seuls à avoir le droit de décréter ce qui est Charlie ou pas. Cf leur colloque "Est-on toujours Charlie, aujourd'hui ?". Oui, les think tank, c'est un peu comme les start-ups, y en a toujours plusieurs à s'engouffrer à la moindre brèche et à la fin, il n'en reste qu'un. Est-ce qu'on peut se dire Charlie alors que l'on sait que le volume de messages relayant le hashtag sera repris par des gens qui utilisent la "liberté d'expression" pour accentuer une oppression ? Parce qu'ils s'arrogent tout ce qui est "Charlie", montrent la masse contre l'obscurantisme. Obscurantisme fantasmé la plupart du temps. Oui, ce sont les mêmes qui sont partis combattre les moulins du wokisme, là...

Le wokisme

Une grosse voix relayée par les médias

Je parle de Charlie mais c'est pour l'exemple. Prenons de la hauteur. Comment prendre la parole sur un sujet qui peut vite partir sur ce qu'on ne veut pas ? Comment être sûr.e que l'on ne donne pas de force à des gens que l'on exècre, voire qui représentent l'exact opposé de vos convictions ? Ah oui, pour moi, le PR, c'est la pire imposture "de gauche". Des obsédés de l'identités, les Rois et Reines des hommes de paille. Comment faire entendre une voix dissonante quand ta voix est petite face à une bande organisée, relayée par les médias. C'est toute l'histoire des woke, également. La plupart des gens doivent être persuadés que le wokisme est réel, ils le disent à la télé. Tout le temps.

Le wokisme trop présent dans les médias

Un encouragement à l'auto-censure

Et on en arrive à une auto-censure. Je préfère passer mon tour sur Charlie. Sur le pass sanitaro-vaccinal. Sur toutes les lois sanitaires ou sécurité car tu comprends, faut protéger les plus faibles. Evidemment, je suis pour aider les plus faibles, comment ne pas souscrire à ça ? Mais d'où ça devient un blanc-seing pour plus d'autoritarisme ? Mais voilà, les pièges sont posés. Tu es vax ou antivax à savoir raisonné ou complotiste. Tu es Charlie ou identitaire. Blanc ou noir. La nuance est interdite car nos voix ne sont pas entendues. Alors je me tais. Quand on dit que chaque tweet ou like a un poids, que vous devriez être prudents quand vous donnez du poids, de la force. Le "oui, je suis rarement d'accord avec cette personne mais là, oui". Non. Des gens avec qui vous êtes en accord au global pourront dire la même chose. Mais on le sait que la taille de la communauté, c'est un argument. Comme l'audience. Va dire que TPMP, c'est de la merde, t'auras toujours quelqu'un pour te dire "ah oui, tu crois vraiment que X millions de gens qui regardent tous les jours sont des cons ?".

TPMP vs Quotidien

Alors non, je préfère ne plus être Charlie. Je serai autre chose car ce qui est défini par "être Charlie" par ceux qui se sont approprié le terme, car c'est devenu une obsession identitaire que je vomis.

 

Commenter cet article