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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Vous nous emmerdez, les pisse-froids

Publié le 23 Mai 2024 par Nina in réactionnaires, LGBTophobie, progressisme

A un moment, faut dire les mots. “Ohlala, t’es vulgaire”. Et bien il vaut mieux être vulgaire que pète-joie. Parce que je commence à être un peu fatiguée par tous ces individus à qui on n’a rien demandé qui viennent nous partager leur avis puant. Parce qu’en plus d’essayer de fermer toutes les portes qui pourraient nous apporter un peu de lumière, vous faites potentiellement du mal à des personnes qui n’avaient rien demandé. Tout ça pour un prétendu “ordre moral” qui n'existe que dans votre tête.

Famille conservatrice

Une jeune fille sexualisée

Il était une fois une jeune fille de 14 ans qui commence à faire son apparition auprès de sa mère, actrice. Une apparition chargée de symbole. Qu’est-ce que les gens retiennent ? “Ah ça parle de viol mais t’as vu comment elle est habillée aussi ?”. Hé oui, la jeune fille avait choisi une robe dos nu. Trop sexualisé ? Mais qui sexualise qui, ici ? Surtout dire ça de Tess Barthélémy, la fille de Judith Godrèche qui a ouvert cette nouvelle vague de Metoo en dénonçant Benoît Jacquot qui l’avait enfermée dans une relation toxique précisément à cet âge-là. Jamais personne ne s’est dit “elle s’est trouvé jolie dans cette robe, elle était heureuse de la porter”. Non, direct, on l’utilise pour discréditer la parole des femmes. De toutes les femmes. J’ai même vu un mec qui expliquait que c’était une sorte de complot pour faire tomber l’homme cis-hétéro. Mais si vous êtes incapables de canaliser votre bite à la vue d’un dos nu, je vous garantis que c’est vous le problème.

judith Godrèche et tess barthélémy

Un artiste non-binaire qui gagne ? Scandale !

C’est l’histoire d’un jeune artiste Suisse de 24 ans qui remporte l’Eurovision. Après avoir offert une performance scénique impressionnante sur une chanson mêlant opéra, rap et drum & bass. Ah mais voilà, Nemo est non-binaire. Scandale et décadence. C’est pas comme Slimane qui méritait de gagner ! Alors, certes, Slimane a fait une très belle démonstration mais musicalement parlant, on est un cran en dessous du baryton Nemo. Et je trouve sa chanson un peu chiante alors que celle de Nemo, elle est déjà dans ma playlist. Avec celle de Bambi Thug, autre artiste non-binaire du concours. Iels sont dans ma playlist parce que j’aime leur titre, hein. Mais voilà, apparemment, c’est le bal des avis dégueus sur la non-binarité donné par ceux qui n’y pinent rien. J’ai quand-même vu quelqu’un de très condescendant qu’on devrait juger les performances des chanteurs indépendamment de leur orientation sexuelle. Sauf que la non-binarité, c’est pas une orientation sexuelle, hein…

Nemo et Bambi Thug

L'Eurovision, c'est queer

Je sais pas si vous réalisez que des gens chialent parce que l’Eurovision a sacré un chanteur non-binaire. L’eurovision. La compétition musicale la plus ouvertement queer. Il y a eu tout un micmac sur les drapeaux et le seul drapeau autorisé hors celui des pays participants est le drapeau LGBT. Celui-ci et pas celui de la non-binarité ni le drapeau européen, apparemment. Bref, si vous n’aimez pas les événements ouverts à la diversité sexuelle ou de genre, ne regardez pas ? Ne commentez pas ? Est-ce que je donne mon avis sur un concert de Sardou, moi ? Non. Mais après, je ne me suis pas autoproclamée croisée d’une cause qui pue la naphtaline. Et j’ai pas de temps à consacrer à poster des commentaires sur des sujets que je ne maîtrise pas. Non parce que je vous parie qu’en plus, 90% qui se sont excités en mode “l’Eurovision, c’est un spectacle de dégénérés” n’ont pas vu la prestation de Nemo. Ni même celle de Slimane qu’ils ont décidé de défendre. Des réacs très à droite qui défendent bec et ongle un Arabe, ça ne manque pas de sel. 

Slimane à l'Eurovision

Vous n'avez pas à avoir un avis sur l'identité de genre des gens

Alors, évidemment, on pourrait dire qu’on s’en fout des avis des vieux réacs et que l’Eurovision, c’est pas important. Déjà, sur ce dernier point, ça se discute. Je suis en train de grave me chauffer pour me pencher sur le sujet mais c’est un spectacle qui a repris des couleurs depuis quelques années et les Etats-Unis ont l’air grave hypé. Il y a eu le film Eurovision que j’ai adoré. J’ai même la chanson titre dans ma playlist. Madonna a même fait un numéro en 2019. C’est un carton d’audience absolu. Alors que les gens en parlent, on peut comprendre. Mais les charges violentes contre des artistes juste parce que leur identité de genre vous dérange… Déjà, d’où vous donnez votre avis ? C’est leur identité, vous n’avez pas à avoir un avis dessus. Petite chronique de Marina Rollman sur le sujet. Je vais pas répéter ce qu’elle a très bien dit. Ensuite, petit rappel : vous vous souvenez sans doute de Conchita Wurst, couronné il y a 10 ans. Pour une chanson que j’adore et qui est dans ma playlist, d’ailleurs. Attention, Conchita n’est pas une femme trans mais un homme homosexuel s’étant créé un personnage de diva. Par contre, en 1998, c’est bien une femme trans, Dana International, qui avait été couronnée. Il y a 26 ans… Une artiste venue d’Israël. Je me demande ce qu’il se serait passé en 2024 si Israël, supporté par tout un tas d’extrême-droitards et associés qui ont “voté pour la première fois à l’Eurovision pour soutenir Israël” auraient fait dans de telles conditions. Ca aurait un peu court-circuité dans leur tête. Et d’ailleurs, il est supposé qu’Israël a oeuvré sévère pour que son pays reçoive un max de votes du public. Manifestement, c’est pas si osef, l’Eurovision. On retiendra donc que sur cette édition 2024 où la politique a débordé de partout, c’est le pays neutre qui a gagné.

Nemo gagne l'eurovision

Respectez le genre des gens

Mais au-delà de l’histoire de l’Eurovision, ce que je reproche aux pisse-froids, c’est que sous prétexte de “donner leur avis”, ils martèlent encore que certaines identités de genre sont “monstrueuses”, “dégénérées”. Je peux éventuellement comprendre que c’est compliqué d’imaginer ce que ressent une personne non-binaire. Je n’ai jamais questionné mon genre donc malgré toute mon empathie, je ne suis pas certaine de pouvoir totalement me mettre dans la peau d’une personne non-binaire. Ok. Ca ne m’empêche pas d’accepter cette identité-là. Tu es non-binaire et tu préfères qu’on parle de toi au masculin/féminin voire au neutre. Ok et bien, faisons comme ça. Idem sur la transidentité. Je vois régulièrement passer des contenus sur Elliot Page et systématiquement, des gens viennent poster des commentaires juste pour le mégenrer. “C’est une actrice, pas un acteur”. J’ai même vu ça dans des réponses à des tweets de Meea qui a fait sa transition il y a deux ou trois ans. Elle poste un message du genre “je suis contente d’avoir fini mon montage” et quelques personnes viennent la “corriger”. “Tu es content”. Mais laissez-la ? Pourquoi ça vous fait chier à ce point ? Pourquoi vous voulez effacer ce qu’elle est aujourd’hui ? Pourquoi voulez-vous effacer ce qui vous dérange ? 

Elliot Page, le sexyness

Une violence inouïe

La société avance. Doucement. Douloureusement, même, je dirais. Même si le prix à payer, ce n’est pas moi qui le mesure. Je suis cis en couple hétéro donc je peux être alliée tout ce que je veux, ce n’est pas moi qui mangerai cette violence-là. Cette violence qui n’est pas toujours physique. Mais qui est là et qui monte. Y a qu’à voir ce week-end, la chanteuse Hoshi qui se prend des vagues de haine depuis qu’elle a embrassé une danseuse sur scène, s’est pris une nouvelle vague car elle a posté… une photo d’elle tenant un drapeau LGBT sous un double arc-en-ciel. La photo est franchement chouette, en plus. Cette violence insidieuse touche toutes les personnes LGBT car oui, au XXIe siècle, on est loin d’accepter toutes les orientations sexuelles. Surtout de la part des plus francs opposants aux Musulmans et leur “religion arriérée” alors que vous êtes les mamelles de la même bête. Mais ok. Il n’est dès lors pas difficile d’imaginer la violence que se mange une personne ayant des doutes sur son orientation et qui voit tant de haine pour des personnes comme elle. Tu peux comprendre qu’à un moment, certain·es choisissent de rester dans le placard ou, tout du moins, restent très discrets quant à leur orientation sexuelle ou leur genre. D’autres souffrent pendant des années, essayant même de "se guérir" de ce qu’ils sont. Et pour certains, ça finit mal, voire très mal

Votre vision moisie ne vous autorise pas à violenter les gens

Bref, vous me cassez les ovaires, les pisse-froids, à n’avoir aucune empathie. A considérer que tout ce qui vous échappe n'est qu'une déviance qu'il faut éliminer. Vous vous érigez en défenseur de la morale mais est-ce qu’à un moment, dans votre vision moisie de la société, il n’est pas question de bonté ? Vous êtes ok avec le fait de sexualiser une ado de 14 ans ? Ou de considérer qu’une partie de la société est “dégénérée” juste parce qu’elle ne correspond à votre vision faussée de la société ? Vous trouvez acceptable de harceler une femme, de la menacer de mort et de viol juste parce qu’elle n’est pas attirée par les hommes ? Et les autres, quand vous lâchez que les luttes LGBT vous font chier parce que “oh, c’est bon, vous l’avez l’égalité maintenant”, vous êtes sûrs de vous ? Ca vous va ce harcèlement permanent, ces insultes lâchées H24 ? Les agressions sur les couples gays ? Et je ne parle même pas de la cause trans. Là, faudrait être de sacré mauvaise foi pour décréter qu’il n’y a rien. Mais bon, que vaut la vie d’un·e trans face au souvenir nostalgique de notre enfance où on lisait Harry Potter ? Séparer l’oeuvre de l’artiste. C’est marrant, ça ne marche que quand ça va dans le sens du patriarcat ou de l’hétéronormativité.