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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Non, l’ambiance sexuello-potache au travail, ce n’est pas cool

Publié le 18 Octobre 2022 par Nina in Le travail, Harcèlement, Humour oppressif

Oh non non non non non. Régulièrement, je vais faire un tour sur Balancetonagency pour repérer qui est dans la sauce et surtout pourquoi. Non, je n’espère pas y voir une de mes anciennes boîtes puisque parmi les pires expériences que j’ai eues : une a coulé (bien fait), deux autres ont surtout été pénibles à cause d’un manager toxique qui n’y est plus. Et sinon, c’était un annonceur. Mais même si je ne me sens plus guère “concernée” par ses révélations, je suis intéressée par les mécanismes qu’il dévoile car on retrouve souvent les mêmes mécanismes. Dernière agence dénoncée au moment où j’écris cet article : My client is rich de Strasbourg. Et notamment son humour très potache et son ambiance assez érotisée.

Humour salace au bureau

Le cul, c'est pour la sphère privé

Alors on commence par désamorcer un truc immédiatement : nous allons parler du monde du travail. Que vous ayez un humour potache avec vos potes et que vous trouviez rigolos d’exposer votre collection de godes ou d’agrémenter de menottes tous les radiateurs chez vous, j’ai zéro soucis avec ça. Si vous avez plaisir à revendiquer votre côté kinky avec votre entourage, ma foi, qui suis-je pour juger ? Tant que vous ne forcez pas avec des personnes qui ne sont pas à l’aise devant tant d’exhibition, franchement… Mais mon sujet à moi, c’est le monde du travail. Un lieu où les calendriers Playboy, les films de boules et les soirées “putes et gigolos” devraient être prohibés. Déjà parce que mélanger pro et perso, c’est moyen moyen mais surtout, on n’est pas entre individus égaux…

Sextoys sur un bureau

Ambiance boy's club

Plusieurs fois au cours de ma carrière, je me suis retrouvée dans des ambiances boy’s club. Des mecs jeunes et hétéros qui avaient assez peu de respects pour la gent féminine. Dans les deux, d’ailleurs, il s’est passé la même histoire : un groupe de gars qui va passer la soirée au Pink Paradise et ne parlent que de ça le lendemain. D’ailleurs, sur l’une des deux fois, des managers étaient venus. Si vous voulez illustrer le côté “les mecs tissent un meilleur relationnel avec leur manager car ils vont boire des verres entre couilles”... Bon, déjà, passer la journée à entendre des semis-puceaux s’exciter parce qu’ils sont allés au strip tease et se sont même payés des lap dances, excluant de facto l’autre moitié de l’open space qui n’a rien demandé à personne, c’est bof. Surtout si certains s’abstiennent de venir ou débarquent à 14h en puant encore l’alcool. Je n’exagère pas, c’est du pur vécu.

Un boy's club dans ma boîte

La stagiaire canon pas respectée

Encore, ça, c’est lourd mais c’est rien. Parce que ces ambiances masculines engendrent une certaine impunité. Dans une de ces boîtes est arrivée à un moment une stagiaire ultra goalée et un peu coquine. En gros, un gars de l’open space avait trouvé le book de la jeune fille en ligne avec des photos discrètement osées (en sous-vêtements, quoi). Evidemment, le lien a tourné entre mecs jusqu’à ce que l’un d’entre eux demande à une collègue de prévenir discrètement la fameuse stagiaire. 

Un mec a une tête bizarre devant un laptop

Une standardiste en mauvaise posture

Et encore, là, c’est gênant, d’autant que celui qui a commencé à faire tourner le lien était le manager de la jeune femme mais j’ai connu un cran au-dessus. Dans l’autre boîte, il y avait régulièrement des afterworks très alcoolisés où j’allais assez peu vu que j’ai jamais trop eu la passion de me bourrer la gueule entre collègues maintenant que j’y pense. Le boy’s club local avait grosso merdo ce profil : mec entre 25 et 30, tous maqués, tous canards avec leur meuf. Tous en chien en permanence à essayer de se choper quelqu’un à l’agence. Pour vous situer le niveau, l’un d’entre eux a collé une main au cul de la DG (qui avait bien 45 ans). Il s’est pris une tarte mais ça en est resté là. Peu de temps après, à une soirée, la standardiste a un peu trop bue et s’est retrouvée prise en sandwich entre l’attoucheur de cul et un autre gars, chacun la touchant et l’embrassant. A un moment, un des DG est intervenu… pour récupérer sa part de baisers et tripotages. Je n’étais pas à cette soirée-là, je ne l’ai su qu’après avoir quitté la boîte. Et soudain, le refus de cette standardiste à venir à mon pot-de-départ, m’expliquant que “quand elle boit, elle fait un peu n’importe quoi” prend un sens particulièrement dégueulasse. Et le pire, c’est que je suis persuadée que l’attoucheur de cul est impliqué dans cette histoire-là. TW viol.

Drague lourde au bureau

Une ambiance loooooooooourde

Revenons-en à nos moutons, l’origine de cet article, les agences qui instaurent des ambiances sexualisées sous couvert d’humour potache. Non mais y avait une boîte, le CEO diffusait des films de boule sur grand écran… Ahah humour. Ahah, harcèlement sexuel, tu veux dire ? Non parce qu’à un moment, va falloir arrêter de tout justifier sous couvert d’humour. Déjà, installer ce genre d’ambiance, c’est ouvrir la porte à toutes les fenêtres. Je n’ai jamais entendu autant d’histoires de drague plus que limite que dans les boîtes qui laissaient s’instaurer ce type d’ambiance. Après tout, c’est comme le pacte de haine mais version cul. Plus tu as des calendriers Playboy et autres soirées sur des thèmes kinky, plus les blagues de cul interpellant des collaboratrices sont répandues. Et pardon de ne pas trouver hilarant le fait qu’on ait envie de me casser le cul en deux, que ma poitrine serait parfaite pour une cravate de notaires ou que j’ai qu’à sucer le client pour obtenir le contrat. Déjà, je doute que peu de femmes apprécient ce genre de remarques en dehors d’un cercle très restreint.

L'ennui de bosser dans une entreprise à l'ambiance très masculine

Une entreprise n'est pas une société égalitaire

Mais surtout, on est au travail et tout le monde n’est pas sur un même pied d’égalité. Quand le boss diffuse des images de cul dans son bureau, ce ne sont pas les juniors ou les stagiaires qu’il adore convoquer pour les foutre mal à l’aise qui vont oser ouvrir leur bouche. Surtout aujourd’hui avec les promesses de précarité toujours plus grandes de notre cher gouvernement. Ca aussi, c’est une forme de violence. De toute façon, quand ce genre d’ambiance s’installe, c’est quasi impossible d’ouvrir sa gueule pour une femme qui sera immédiatement taxée de coinços, “pas dans l’esprit de l’agence”, qui pète l’ambiance et co. D’ailleurs, sur l’histoire du book de la stagiaire, le manager de celle-ci a bien craché dans le dos de la collègue qui l’a prévenue en mode “c’est une connasse”, “elle casse notre kif”. Une femme qui ouvre sa gueule sur ce genre d’ambiance délétère, elle met sa tête à prix. Vraiment, lisez les témoignages sur Balance ton agency. Ce pattern se reproduit dans plusieurs agences, ça se termine systématiquement en harcèlement ou agression sexuelle. Mais vas-y, ce sont les femmes péteuses d’ambiances crades, le problème.

Quand une femme dénonce l'ambiance trop érotisée de l'entreprise

Fini les agences kinky pour moi

Bref, on a droit d’aimer le cul et les ambiances kinky. Mais pas au boulot. Surtout quand on est PDG. Parce que c’est la meilleure façon de mettre vos salariéEs en danger. Mais ça, vous le savez très bien puisque vous-mêmes espérez croquer de la stagiaire ou de la junior à la prochaine soirée. Cependant, grâce à Balance mon agency, j’ai un nouveau critère de sélection pour ma prochaine boîte : les photos Instagram. De la boîte et de ses dirigeants. Si j’ai le droit à des photos coquines et un gros humour de beauf, ce sera sans moi, merci.

 

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