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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

La victime imparfaite

Publié le 5 Mars 2021 par Nina in Le travail, l'enfer au travail, harcèlement

En ce moment, je suis vidée. Vidée, vidée. Vous l’aurez compris, mon nouveau travail est toxique as fuck avec un top management très violent. Le jour où j’en serai partie, je vous raconterai tout. Mais en gros, leur passion, c’est de lancer des recrutement pour des postes occupés par des personnes qui ne sont pas au courant qu’elles vont partir bientôt. Enfin, pas au courant jusqu’à ce qu’une petite annonce pour leur poste leur soit envoyée par mail par une relation professionnelle… Alors aujourd’hui, on va parler de Hyacinthe, une de mes collègues qui me pose quelques dilemmes.

Harcèlement au travail

Cette collègue que je n'apprécie pas

Quand je suis arrivée dans cette boîte, j’ai senti trèèès rapidement que dans l’équipe, c’était pas l’amour fou. Et donc Hyacinthe. Au début, on s’entendait pas si mal et je m’étais un peu mise entre elle et ma cheffe pour essayer d’obtenir une certaine concorde. Je me proposais volontiers pour l’aider, par exemple. Et puis, début décembre, il y a eu un basculement que j’ai pas compris. Elle ne me parlait plus que pour m’agresser, me refilait des trucs chiants qui n’avaient rien à faire dans mes attributions et j’ai commencé à avoir du mal. Surtout que ça manigançait un peu dans mon dos genre à aller voir ma N+2 pour lui demander quel était mon rôle précisément dans l’équipe. Quoi ? Alors j’ai un peu douté du pourquoi du comment mais je pense que Hyacinthe a cru que j’avais été embauchée pour lui prendre son poste. Alors que non et que j’en voudrais pas, en plus.

Rivalité entre collègues

Je suis ravie de ne jamais la croiser

Depuis Hyacinthe est devenue parfaitement odieuse, avec ma cheffe et un peu avec moi. Et j’ai du mal à la supporter. Même, l’autre jour, elle m’a appelée, j’ai hésité à répondre. En un mot comme en cent : je peux plus la piffrer. Je suis contente qu’on soit jamais en présentiel ensemble parce que j’ai pas envie de la voir, j’ai pas envie de l’entendre. Ne pas aimer un.e de ses collègues, ça arrive et c’est pas grave en soit. Ca m’arrive même assez régulièrement même si en général, “ne pas aimer” se résume chez moi à “je n’ai pas envie de passer du temps avec cette personne car je la trouve plutôt ennuyeuse”. Hyacinthe, c’est le niveau “j’ai pu me réveiller de mauvaise humeur car je devais gérer une merde qu’elle avait bien déposée du côté de ma ligne”. Je n’aime pas Hyacinthe. Pas forcément de façon personnelle. On aurait pu être amie dans d’autres circonstances, mais professionnellement parlant. Sauf que c’est problématique.

Rivalités entre collègues

A bout de nerfs

Parce que Hyacinthe est une victime. C’est la fille qui a reçu un mail cet été d’une marque avec qui on bosse avec l’annonce pour la remplacer. D’ailleurs, ça m’étonnerait pas qu’il y en ait une qui tourne encore actuellement mais j’ai pas réussi à la trouver. Hyacinthe est odieuse… mais est-ce que c’est pas légitime, au fond ? La meuf, ça fait six mois qu’elle a une épée de Damoclès au-dessus de la tête en mode “tu sais qu’ils ne veulent plus de toi”. Certains me demanderont peut-être pourquoi elle reste et je leur répondrai que j’en sais rien. Je me doute qu’elle a constitué un dossier contre eux mais franchement, est-ce que cinq ans de procédures prudhommales valent tant de souffrance ? Heeeee… Mais du coup, Hyacinthe ne maîtrise pas du tout son agressivité. Et ça me saoule de la subir sauf que…

Un harcèlement qui se transforme en burn-out

Une pression ingérable

C’est la victime. Imparfaite mais victime quand même. Et c’est ici que je voulais en venir. Il est naturellement aisée de compatir avec une personne douce et sympathique, de l’épauler. Mais que faire quand la victime est revêche ? Clairement, Hyacinthe n’attend rien de moi. Elle doit même penser que je suis dans le camp adverse. Et tout ce que je sais, je ne suis pas censée le savoir. Cependant, quitte à ne pas jouer les déléguées du personnel occultes (vu qu’on n’en a pas en vrai), je n’ai pas le droit de me laver les mains juste parce que la victime ne me plaît pas. Peut-être a-t-elle des torts, je n’en sais rien. Je l’ai toujours connue sous cette pression-là donc difficile de savoir ce qu’elle vaut professionnellement dans un environnement normal. Et même si ses compétences n’étaient pas au rendez-vous et que tu as fait une erreur de recrutement… aucun salarié ne mérite d’être aussi mal traité. Elle n’est pas responsable si l’employeur s’est rendu compte après sa période d’essai que, finalement, ça n’allait pas le faire. La meuf est là depuis un an, un an et demi donc le coup de l’annonce, c’était moins d’un an après son arrivée. Elle n’est pas responsable si l’employeur nous voit comme des meubles dont on se débarrasse pas très proprement quand il en a marre.

Le burn-out

Ne pas se tromper de coupable

Evidemment, je ne suis pas responsable de son malheur et ne devrait pas subir son agressivité mais je ne dois pas me tromper de coupable. Si elle est aussi désagréable, notamment avec moi, c’est qu’on est dans un environnement toxique où la suspicion flotte en permanence. Et ça, ce n’est ni elle ni moi qui en sommes responsables.

Mauvaise ambiance au travail

Ne pas reprocher aux victimes leurs réactions épidermiques

Bref, il n’est pas toujours facile de soutenir une victime, surtout quand celle-ci est imparfaite. Mais ne mérite-t-elle pas soutien et compassion. Ne mérite-t-elle pas que je refuse les conversations où ma N+2 essaie de bitcher sur elle auprès de moi ? Ne mérite-t-elle pas que j’évite au maximum de mettre de l’huile sur le feu et que j’essaie de trouver un terrain où nous pouvons cohabiter sans agressivité ? Ne mérite-t-elle pas que je n’exige pas d’elle de dépenser de l’énergie pour calmer son agressivité alors qu’elle est à bout ? Ne reprochons jamais aux victimes de réagir épidermiquement à ce qu’on leur fait subir. Même si elles sont imparfaites. Et c’est pas facile, on va pas se mentir. 

 

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