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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Insécurité : ce que l’on est prêt à sacrifier

Publié le 19 Décembre 2024 par Nina in Lois liberticide, L'insécurité, Menaces pour les libertés individuelles

A tort. Je donne direct la tonalité de l’article, histoire que vous ne soyez pas surpris. Appelons cet article : volume 2 de mon pia pia sur les faits divers. Car ma conclusion allait sur ce sujet mais je trouve qu’il mérite un post à part entière sur mon blog donc c’est parti. Aujourd’hui, on va parler du fait que le sentiment d’insécurité nous fait accepter des privations de libertés individuelles qui, si elles nous paraissent acceptables prises isolément, ouvre la porte à des dérives plus préoccupantes.

répression policière

Les lois liberticides, ingrédient chéri des dystopies

Vous savez ce que j’aime dans la vie ? Les dystopies. J’en lis énormément, j’en regarde et parfois même, j’en écris. Les dystopies aiment les histoires de systèmes politiques et sociétaux qui tournent mal, narrer de mille façon l’arrivée d’un autoritarisme. Ou le décrire une fois mis en place par la voix de résistants. Et vous savez ce qui revient très souvent comme voie pour imposer l’autoritarisme ? Les lois liberticides imposées au nom d’une quelconque insécurité. Groupes terroristes ou menaces étrangères en tête.

les gilets jaunes

Tout état d'urgence est prétexte aux dérapages

“Ah oui mais pffff, c’est de la fiction et la fiction se vautre parfois dans les clichés”. C’est vrai. On peut sourire à un certain manque de subtilité parfois. Mais force est de constater que ce trope n’est pas un grand classique pour rien. Ai-je besoin de refaire toute l’histoire de l’Etat d’urgence et les lois liberticides ? Un petit récap pour ceux qui ne savent pas de quoi il retourne. Les lois d’urgence ont ceci de particulier qu’ils justifient donc une privation de libertés fondamentales. On pourrait admettre que c’est pour le bien commun. Le confinement, par exemple, a été une bonne décision selon une étude récente. Sauf que, plot twist : les mesures répressives du confinement ont permis des violences policières, essentiellement sur des personnes racisées. Je cite également la crise d’octobre à Montréal en 70 où les chars ont débarqué en masse et où les arrestations arbitraires ont plu.

Un char à Montréal

De la lutte contre l'insécurité à l'arrestation d'opposants

Parce que sous couvert de lutte contre le terrorisme ou une pandémie, il y a un arsenal législatif qui va invariablement être détourné. J’écoutais récemment un live de Mathieu Burgalassi sur la lutte contre la drogue qui parlait de ça. Sous couvert de lutter contre la drogue, on arrête, voire on exécute, des gens qui n’ont strictement rien à voir. C’est là le coeur de mon article : qu’est-on prêt à sacrifier au nom d’une insécurité, réelle ou supposée ? 

Prisonniers au Salvador

Qui sera le terroriste demain ?

Dans l’absolu, on a toujours tendance à penser que ce n’est pas si grave que la police ait un champ d’action élargi si tant est que ça sauve des vies. On peut tous admettre que tuer un terroriste pour sauver des vies, c’est ok. Bon, perso, je pense que tuer un terroriste n’est pas la meilleure façon de procéder si on a le choix mais laissez-moi schématiser. Sauf qu’on le voit à chaque fois : plus de pouvoir au service d’une force armée finit toujours par toucher des innocents. On peut estimer que le terrorisme doit être combattu à tout prix, il faut voir les conséquences que ça peut avoir sur d’autres luttes. Si je vous parle d'écoterrorisme, vous voyez où je veux en venir ? Utiliser le terme de terrorisme au sujet d’un mouvement écologiste n’est pas juste une figure de style. Ca ouvre un arsenal répressif beaucoup plus large.

Ecoterrorisme

A qui donnera-t-on le bâton de pouvoir demain ?

Sans aller jusqu’au terrorisme, parlons de “refus d’obtempérer”. Un délit pour le moins flou qui semble puni de la peine de mort. Un petit dossier de Libération sur le sujet, des fois que… Vous allez me dire “oui, enfin, moi, je n’ai rien à me reprocher”. Ce que vous pensez. Je vais me répéter mais les politiques répressives finissent toujours par glisser jusqu’aux journalistes, activistes, militants… Regardez ce que deviennent les opposants à Poutine, ça devrait vous donner une idée de comment l’arsenal législatif et judiciaire peut faire le ménage… Alors certes, vous allez me dire que la Russie n’est pas précisément une riante démocratie mais vous ne savez pas ce que sera la France dans quelques années. Des lois liberticides, c’est littéralement laisser un revolver chargé sur la table du salon. On peut espérer que personne de type autoritaire n’attrapera l’arme mais perso, je vais pas parier là-dessus.

La répression en Iran

Vous ne pouvez pas être sûr de rester du bon côté quoi qu'il arrive

Bref, l’insécurité est un prétexte rêvé pour restreindre nos libertés. Petit à petit, de façon discrète. En tant que citoyen·ne lambda, on n’y est pas forcément attentif·ve car, après tout, on reste dans les clous, ça ne devrait pas nous préoccuper. Mais la question n’est pas de ne rien craindre si on reste dans les clous mais comprendre que les clous peuvent bouger. Parfois très vite. La loi peut vite se détourner comme les procès en diffamation contre les victimes, notamment de viol, pour tenter de les faire taire. La justice est aveugle et peut vous broyer si les éléments sont contre vous.

 

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