“C'est la lutte finaleeeeuh, Groupons-nous et demain. L'internationaaaaaale sera le genre humain”. C'est mon chant de Noël à moi, ça, bien mieux que Mariah Carey. Bien, puisque ce soir, un vieux monsieur est censé parcourir le monde pour filer des jouets à des gosses, j'ai envie de discuter fable. Ou comment il faudrait en finir avec de grand mythes qui raisonnent à mes oreilles comme un but contre son propre camp. Donc aujourd’hui, discutons de la fable du Grand Soir. Avec des majuscules, oui.
Macron, la racaille
Il y a des jours où je me demande comment ça ne pète pas. Je veux dire, la Macronie semble s’être donné pour mission de tester nos limites. Macron, c’est la racaille des films fin 70s, début 80s qui décident de faire chier les passagers gratos. Ceux qui ne sont rien, ceux qui ne savent même pas lire, ceux qui devraient fermer leur gueule parce que, ok, ils ont tout perdu mais ce serait encore pire s’ils n’étaient pas Français. Tu veux dire pire qu’insulter les gens en piétinant leur malheur pour faire tout un laïus sur l’immigration ? Bref, entre les déclarations fracassantes, les lois punitives, l’éternel discours d’austérité quand les grands groupes qui se sont gavés d’aide se permettent de licencier les gens… 1+1+1, ça fait la révolution.
On a encore trop à perdre (?)
Sauf que non. De un, une révolution ne naît souvent que quand la force armée se met aux côtés du peuple révolté la force armée se met aux côtés du peuple révolté la force armée se met aux côtés du peuple révolté. Cf les gilets jaunes qui a quand même été un mouvement important en terme de personnes impliquées, durée et intensité et pourtant… Et il manque aussi la dose de désespoir. Il est assez compliqué de décrire avec précision le terreau des révolutions. Quand j’étais étudiante en histoire, la période révolutionnaire en tant que telle n’était pas étudiée. La période moderne s'arrêtait juste avant, la période contemporaine commençait à la chute de Napoléon. Alors que je m’en étais étonnée auprès de je ne sais plus qui, on m’avait expliqué qu’il n’y avait pas vraiment consensus sur les raisons de la révolution française donc personne ne se mouillait trop à en parler. Cependant, dans cette révolution comme dans la révolution russe de 1917, un élément important dominait : la famine. Ainsi, le mouvement insurrectionnel n’est pas tant politique que de la colère brute. Une somme de colères boostée par une urgence, celle de la survie. Qu’a-t-on à perdre quand on n’a même plus de quoi manger ?
Juger nos derniers Présidents, un rêve
Oui, parfois, on a envie que ça pète. On a envie d’aller choper Macron par la peau du cou pour le juger et lui faire payer sa morgue mais surtout sa politique mortifère. Il fera moins le beau en taule. Oui, bon, la décapitation, c’est so XVIIIe, je suis pas trop pour. Et le tondre, bon, quand il n’aura plus accès à son perruquier, ce sera réglé. J’ai envie que ces mecs là, ManuMac mais aussi Hollande et Sarkozy, entendent ce qu’ils ont fait au pays. Qu’on leur fasse ravaler leur mépris. Evidemment, ça n’arrivera pas. Déjà parce que les gens arrivent encore à manger à peu près. Est-ce que Bernard Arnault a filé un coup de main aux Restos du coeur pour éviter de se retrouver la tête sur une pique ? Je n’irai pas jusque là, essentiellement parce que je ne suis pas sûre que ça lui tombe dessus en premier. Oui bon, les vitrines de ses boutiques sur les Champs prendraient cher, évidemment. Mais il me semble que le milliardaire qui se ferait raccourcir en premier, ce serait plus Bolloré.
Les grands Bourgeois refusent les efforts qu'ils exigent des autres
Et à propos de Bolloré, qu’est-ce que les médias mainstream détestent ? Les grèves, les syndicats, les gilets jaunes, tout ci, tout ça. Le côté “ah mais les grévistes, c’est que des égoïstes, des preneurs d’otages pour leurs petits privilèges”. Ah oui, les fameux privilèges cheminots ou des profs, là. Tellement privilégiés que plus personne ne veut faire ces tafs-là, bizarre. Alors que techniquement, qui ne veut rien lâcher de ses privilèges ? Il me semble que ce sont plutôt les gros Bourgeois, ceux qui ne veulent plus payer l’ISF, les droits de succession et qui ne sont plus trop intéressés à faire des dons vu que ça ne leur apporte plus rien. Ceux qui sont allergiques au moindre effort pour un bien-être commun. Mais curieusement, on va toujours gueuler sur les “preneurs d’otage” que sur ceux qui prennent l’avion tous les trois matins. Après, on parle de médias qui couvrent les mauvaises conditions pour aller faire du ski alors que ça concerne moins de 10% de Français. Par contre la pauvreté, le mal logement, les banques alimentaires, bof…
Ne pas tomber dans la passivité "en attendant"
Ainsi, je ne crois pas en un Grand Soir. Un effondrement, oui. Mais une révolution pour des lendemains heureux, pour l’arrivée d’une société plus égalitaire, solidaire, vraiment… non. Et croire à cette fable, c’est se condamner à une grande passivité. Une passivité bien plus utile pour le camp d’en face qui n’arrête pas de nous dire qu’on rêve et que la “vraie vie”, c’est pas comme ça que ça marche. Qu’on ne pine rien à l’Economie. Bruno Lemaire non plus n’y pine rien et il a été sept ans Ministre de l’Economie… Avec les conséquences que l’on sait. Notre meilleure arme, aujourd’hui, c’est la preuve par l’exemple. Les coopératives, par exemple. Organiser la solidarité et l’équité aux échelles qui nous sont accessibles. Bien sûr qu’on ne gère pas un village comme un pays mais il faut donner envie d’y croire par le concret, plutôt que d’attendre que ça pète. Déjà parce que si ça pète, rien n’indique que le bâton de pouvoir tombera de notre côté. Très à droite, y en a qui attendent, quitte à se lancer dans l’accélérationnisme.
Faut arrêter de croire au Père Noël
Je dis souvent que c’est une erreur de vivre dans un demain incertain car rien ne garantit qu’il deviendra réel. Je dis ça surtout pour le développement personnel mais ça marche aussi pour le projet politique. Désolée les enfants, le Père Noël n’existe pas, tout comme ce grand Révolutionnaire qui réunit derrière lui tous ceux qui en ont marre. Attendre, c’est s’assurer que ça n’arrivera ni demain, ni après-demain.