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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

La quête impossible de l’ombre en ville

Publié le 17 Juillet 2025 par Nina

Volume 2 de mon récit de “je suis sortie un jour de canicule en plein après-midi et j’ai cru mourir”. Je ne suis pas là pour me plaindre. Déjà, j’ai survécu. Mais jamais je n’avais eu l’occasion de réaliser avec autant d’acuité à quel point nos villes ne sont absolument pas adaptées au réchauffement climatique. Déni ? Même pas. Plus une sorte de procrastination qui t’empêche de prendre de l’avance et t’oblige à réagir en urgence, je suppose. Petit point.

Chaleur dans la ville

Un nouveau pont... sans un brin d'ombre

6 juillet 2024. C’est avec fanfare et trompettes qu’est inauguré le pont Simone Veil à Bordeaux. Sept ans de travaux pour un pont qui se décrit comme “anti-spectaculaire”, destiné à accueillir tous les publics : quatre voies automobiles, deux voies de bus, piste cyclable et large zone piétonne. Avec même des gradins pour assister à des spectacles. Un an plus tard, y a jamais eu aucune animation sur ce pont mais passons. Un pont super, pensé pour la circulation de tous et… zéro végétation. Enfin, surtout “pas un pet d’ombre”. Un bloc minéral reliant deux rives. Alors certes, les ponts, ce ne sont pas des parcs. Des ponts arborés, a-t-on déjà vu ça ? Non, du moins pas à ma connaissance. Par contre, je vois pas mal de projets de ponts végétalisés comme à Nantes ou Paris, par exemple. Car sans imaginer des chênes massifs pousser sur la partie piétonne du pont, il y a quand même deux ou trois solutions, non ? Oui parce que pour les Non-Bordelais, la partie piétonne fait 15 mètres de large. Et pas un pet d’ombre. Pas d’arbre, ok mais il existe pas mal d’autres possibilités.

Le pont simone veil, lever de soleil

Des treilles au jardin

Par exemple, à la gare de Bordeaux, côté Belcier, ils ont mis des bancs avec des treilles derrière sur lequel pousse du jasmin. C’est cool, ça couvre presque l’odeur dégueulasse du cendrier public un peu plus loin. Il existe des dizaines de systèmes de treilles ou de résine qui permettent à des plantes grimpantes de s’installer et de créer de l’ombre. Comme, toujours à Bordeaux, le parc des angéliques ou les petits kiosques végétaux quais de Queyries qui permettent de s’asseoir pour regarder les quais de la rive gauche. Mais force est de constater que l’ombre, c’est plutôt une denrée rare. Pire, ils viennent d’ouvrir une nouvelle piste cyclable en face de la Meca et elle est en plein soleil alors qu’elle est bordée de verdure… Bref, ce lundi 30 juin, j’ai fait du vélo et de la marche dans la métropole Bordelaise et y a des moments où j’ai cru mourir.

Parc des angéliques

Aucune ville n'est prête à nous offrir l'ombre salvatrice

Je critique Bordeaux mais c’est juste parce que j’y vis. Et encore, il y a un projet d'auvents en test sur certaines pistes cyclables. Mais pour finir sur Bordeaux, faudrait penser à rajouter des abris sur les quais du tram. Déjà, quand il pleut, c’est chiant mais en cas de canicule, c’est intenable. Et penser à proposer des abris pour les stationnements, aussi, pas que voiture. Même si, là encore, c’est pas la panacée. Souvenons-nous du conseil de Roselyne Bachelot en 2003 : garez-vous à l’ombre. Mais je ne demande que ça, Rosie… Essentiellement parce que j’ai pas envie de me cramer les fesses. J’en suis à avoir un tote-bag de secours dans mes sacoches pour pouvoir le mettre sur ma selle en cas de chaleur. Nina la débrouille. Toutes les villes sont sujettes à ce grand cramage. J’ai un souvenir aigu d’une traversée du Pont neuf à Toulouse un jour de canicule, toujours en 2003, où je me demandais si j’allais m’évanouir de chaud avant de finir totalement aveugle à cause de la lumière crue du soleil sur ce pont blanc. Et il ne fait que 220 m de long.

Le pont neuf à Toulouse

Les arbres ne poussent pas en 6 mois

Alors, certes, on ne fait pas pousser un arbre en trois mois.  Autant j’aime les arbres, autant j’ai parfaitement conscience qu’au vu de l’urgence de la situation, planter des arbres ne suffira pas. Et puis “planter des arbres”, ça ne veut rien dire en soi. J’ai lu récemment que la promenade des anglais, à Nice, avait été végétalisée avec la plantation de plus de 265 arbres. Oh ? Marrant, j’ai un souvenir très aride de cette Promenade. Souvenir récent, j’y suis allée en janvier 2023, me disant justement que le lieu devait être suffocant en été. Ah oui, les arbres ont été plantés en bordure de la route, surtout des palmiers. Alors c’est très joli et ça fait de super photos mais niveau ombre, on repassera. Même si le choix du palmier, au vu des températures qu’il risque de faire à Nice les prochaines années, c’est pas si con. Mais niveau ombre, bof. 

Le Negresco à Nice

Mettez des fontaines partout

Il faut donc réfléchir à des solutions alternatives, peut-être provisoires en attendant que de jeunes arbres s’étoffent. Mais à chaque fois, j’ai la sensation qu’on attend. On attend quoi ? De voir si c’est réellement nécessaire, peut-être ? De mettre ça en place pendant ou juste après une canicule pour mettre en scène une mairie proactive, je ne sais pas. Et que dire des fontaines ? Pas simplement les fontaines décoratives même si je trouve qu’on manque cruellement de fontaines qui éclaboussent, de façon générale. Mais si, ces fontaines qui mouillent les passants qui passent. On les reconnaît au fait que je fais exprès de les frôler pour me faire mouiller l’air de rien. Je parle de fontaines pour boire. En Grèce, par exemple, on croise régulièrement des points d’eau pour se désaltérer et remplir sa gourde. Avec mon mec, c’est notre règle de vacances. On croise une fontaine : on s’arrête, on boit et on re-remplit les gourdes. On a visité Budapest à 38°, on est hyper tatillons sur nos réserves d’eau. Budapest où je ne me souviens pas avoir croisé de fontaines publiques, d’ailleurs. Par contre, j’ai jamais bu autant de citronnades de ma vie. Lorsque l’on a visité la Dordogne, aussi sous canicule (...), pas de fontaine publique ou presque. On en a croisé une au pied de La Roque-Gageac mais c’est à peu près tout. Et tant que j’y suis, placer des brumisateurs en centre-ville, c’est aussi une solution intéressante. 

brumisateur en ville

Se déplacer un jour de chaleur, l'impossible équation

Bref, le lundi 30 juin, j’ai souffert. Parce que mes seuls moyens de locomotion sont mes pieds et mon vélo. Certes, il existe des transports en commun mais déjà, actuellement, pas mal de lignes de tramway sont coupées pour travaux d’été. Genre pour traverser la Garonne en centre-ville, faut traverser le Pont de pierre à pied. Pont sans ombre et vu qu’il est très encombré, inutile de compter sur votre bonne foulée. Et de toute façon, en horaire d’été, y a moins de bus et la clim’ est aléatoire sur ces transports. Comme à Paris, il me semble. Et puis, il est loin le temps des transports en commun gratuits les jours de canicule, hein… A croire que tout ça est une sorte de complot darwiniste : quand les plus faibles auront cuit, on fera peut-être quelque chose pour les autres. 

Le pont de pierre à Bordeaux

Chaque année, on se rappelle que les villes ne sont pas prêtes

Bref, la ville n’est pas prête à gérer la canicule. On le constate chaque année puisque ces phénomènes sont presque devenus monnaie courante en été. Mais toujours pas de réel plan d’urbanisme à ce sujet. On installe trois auvents solaires, on va peindre une rue en vert mais après… après, vous boirez la tasse lors des inondations de l’automne, ma foi. Parce que là non plus, on ne travaille pas sur le prévisible. Car si Macron se demandait “qui aurait pu prédire”, y a pas besoin d’avoir une double thèse en climatologie pour remarquer une accélération des phénomènes climatiques extrêmes. 

 

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