Si vous lisez cet article, c'est que vous avez survécu aux dernières canicules qui ravagent le pays. Félicitations. Je vous avoue, je suis moi-même bien satisfaite d'écrire ces quelques lignes après avoir subi le pire il y a deux semaines. Oui, je suis allée en ville un jour de 40°. En vélo. On reparlera de ça. En attendant, je vois des gens pester que l’été, c'est trop nul. Comment osez-vous dire que c’est votre saison préférée ? Sans doute parce que nos étés d'enfance ont été doux, bien plus que les vôtres.
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Quand j'étais petite, on paniquait quand on dépassait les 30°
Je ne suis pas une adoratrice de l'été sur deux points essentiels : je n’aime ni la lumière trop crue, ni la grosse chaleur. J’ai des souvenirs de chaleur écrasante dans mon enfance avec les cigales en fond. Toujours mettre un chapeau, ne pas lésiner sur la crème solaire. Manger des glaces et boire des agua limon. Oui agua limon, c’est du granité citron vendu sur les stations balnéaires des Pyrénées-Orientales. Ce qui est rigolo, c’est qu’à l’époque, il existait deux ou trois déclinaisons de parfums et qu’on commandait des “agua limon au coca”. Bref, quand j’étais petite, des fois, on avait chaud. J’ai ce souvenir d’un départ en vacances un jour de grande chaleur. A l’époque, les voitures n’étaient pas climatisées. On avait fait le trajet en culotte. Température annoncée ce jour là par Météo France : 31°. Oui, dans mon enfance, dépasser les 30°, c’était préoccupant, inquiétant. Et, pour rappel, j’ai passé mon enfance dans le sud ouest.
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Les étés doux de mon enfance
J’aimais l’été. Certes, quand on est jeune, l’été a une saveur particulière. C’est le temps des vacances à la plage, de l’insouciance. Des journées au centre aéré entre piscine et kayak avec de nouveaux copains. Des séances d’arrosage des plantes aussi, où ma soeur et moi gigotions autour du parent en train d’arroser pour espérer être la cible du prochain jet d’eau. Les piscines gonflables qui niquaient la pauvre pelouse déjà peu glorieuse du jardin. Un jeu avec une balle en plastique dans laquelle on plaçait un ballon rempli d’eau et à un moment, une aiguille perçait le ballon . Oui, dans les étés de mon enfance, il y a des jeux d’eau, beaucoup. Et puis les soirées douces, parfois même un peu fraîches. La maison qui a su conserver une température agréable même aux pics de chaleur grâce à la fermeture des volets. La délivrance, le soir, quand on sortait profiter de la brise fraîche.
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Gna gna gna, les canicules, c'est pas nouveau
Alors oui, je sais. Je sais. Des 40°, on a déjà connu ça. Eté 76, par exemple. Moi, je n’étais pas née mais mon ex, lui, n'était pas loin de montrer le bout de son nez. Né mi septembre. Sa mère a passé le pire été de sa vie : enceinte sous canicule. Et oui, il y a eu un pic à 40° à Bordeaux. Sauf que c'était rare. De 1980 à 1989, ce qui correspond à ma petite enfance, on vivait en moyenne 3 jours de canicule par an. De 2013 à 2022, c’est 12. Quatre fois plus. On a vécu 32 vagues de chaleur depuis 2000 vs 17 sur la période 1947-2000. Quasi le double. Et ça devient invivable. Tout est renseigné ici sur un site gouvernemental.
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La grande expédition dans le désert Bordelais
Lundi 30 juin, j’ai dû sortir. Notamment rendre mon ordinateur puisque je suis libérée, délivrée de ma boîte toxique de ses grands morts, là. Je m'étais prévu un petit programme sympa : rendez-vous chez l’hypno à 14h30, rendre l’ordi et petit safari photo dans un parc voisin. Je veux dire, j’ai pas prévu de revenir dans ce coin, c'était l’occasion. Bon bah vu les températures (41°), la balade a sauté. Pour le reste, je n’ai pas eu le choix que de me balader en vélo vu que la moitié des trams ne fonctionne plus… Cependant, je dis ça, la clim est de toute façon très aléatoire dans les trams. Bref, j’ai préparé ma virée vélo comme une grande randonnée dans le désert. Casquette, brumisateur, foulard à mouiller pour mettre sur la tête, crème solaire, tissu à mettre sur la selle vu que les arceaux vélos sont en plein soleil, bouteilles d'eau. Une pour boire, l’autre pour arroser ma selle. Tout ça pour rendre un ordi.
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J'en ai marre de vivre enfermée
Je n’aime plus l'été car la vie s’arrête entre 9 et 10h, quand il commence à faire trop chaud. Je vis dans le noir, anxieuse de voir la température intérieure continuer à grimper et l’espoir de rafraîchissement s’anéantir. Des journées entières à rester enfermée, sans plus aucune activité extérieure car sortir, c’est mourir. Voir la pelouse jaunir, arroser les plantes en espérant qu’elles survivront. Vérifier que mon vieux chat respire toujours puisque Madame refuse de rentrer les jours de canicule. Les projets de balade envolés. Le coeur qui se serre à la moindre odeur de brûlé, peur d’une récidive des méga feux de 2022 qui avaient ravagé la région. Et cette question : ça va aller jusqu’où comme ça ? Le pire, c’est que je commence à m’habituer. Semaine dernière, je suis sortie faire des courses en vélo à 33° et je n’ai pas été particulièrement gênée. Ok, en cas de grosse chaleur, le vélo est plus confortable que la marche. Mais je repense toujours avec nostalgie à ces étés où je vivais dehors. Et je me sens de plus en plus claustrophobe et angoissée. Surtout que, clairement, rien n’est fait pour nous aider à nous adapter.
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