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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

Un exemple de management toxique : Alexandre Astier

Publié le 14 Octobre 2025 par Nina

Du moins selon le témoignage d'Audrey Fleurot. Cet été, en traînant sur le web, je tombe sur un article peu profond où je découvre ce qui semble être la méthode Astier. Oh le magnifique red flag ! Du management toxique pur jus justifié par un génie créatif supposé. Je dis supposé car je ne pense pas que le génie existe, quel que soit le domaine. Et d’ailleurs, sur ce cas, on va vite oublier la dimension artistique du job car il va surgir une vérité valable pour tout corps de métier. Et si vous vous reconnaissez dans ce que je vais détailler, une seule option : mettez votre CV à jour pour fuir au plus vite.

Audrey Fleurot est la dame du lac dans Kaamelott

Juste un exemple de management toxique

Précision avant de continuer : je ne sais pas si ce que dit Audrey Fleurot est l’exacte vérité donc c’est pas la peine de me hurler dessus qu’elle exagère ou quoi que ce soit. Ce qui m’intéresse, c’est que ce qu’elle décrit. Je l’ai vu ailleurs et je connais ce type de management toxique. J’utilise les propos de Fleurot comme matière mais je ne vais pas juger de la véracité des faits. Et si, elle, ça ne la dérange pas de travailler dans ces conditions, je n’ai rien à redire. C’est surtout que l’on ne perçoit pas toujours les comportements toxiques de certains managers quand on a le nez dans le truc et je trouvais cet exemple intéressant.

Audrey Fleurot en dame du Lac qui a pleuré

Un texte écrit avec soin dans le choix des mots

Audrey Fleurot expliquait dans une interview qu’il était difficile de travailler pour Astier car il était exigeant avec son texte. Selon les dires d’Astier lui-même, il choisit ses mots très précisément de par leur sonorité et qu’il ne veut pas qu’on en dise un autre à la place car son texte n’est pas écrit uniquement pour avoir du sens mais aussi pour sonner d’une certaine façon. Ok, jusque là, tout va bien. Je ne vois pas matière à débat ici. Un auteur tient au respect de son texte qu’il donne à des comédiens dont c’est le métier d’apprendre un texte. 

Apprendre son texte

Tout à la dernière minute

Sauf que ! Hé oui, le texte “qu’il faut respecter à la lettre” est toujours donné aux acteurices à la dernière minute car Astier est ce genre de personnes qui travaille un peu dans l’urgence. Alors sur ce point, je pense qu’on est très nombreux à être dans ce cas. Le rush de dernière minute, on connaît tous. Je crois même que c’est un comportement humain assez typique. Il faudrait que je fasse un peu de lecture là-dessus, tiens… Mais c’est pas mon sujet du jour. Donc Astier travaille mieux dans le rush, on comprend. Par contre, qu’il donne son texte en dernière minute aux acteurices qui doivent l’apprendre en un temps réduit à la virgule près, là… C’est red flag !

Apprendre son texte en le lisant à haute voix

Parce qu'on doit tous devenir manager, y compris ceux qui ne savent pas faire 

Quittons le cas précis Astier pour nous replacer dans le monde de l’entreprise. Dans les entreprises à organisation verticale, soit 90% des entreprises avec salariés, je dirais, l’info coule du sommet vers le bas. Et plus la hiérarchie est longue, plus il y a de ++ au-dessus de vos têtes, plus le risque de finir en nocturne est grand. En France, le management est une récompense. Dans une carrière classique, à un moment, tu es récompensé par l’octroi d’une équipe. Un processus qui fait que vous avez des chances d’avoir au-dessus de vous une personne parfaitement incompétente dans le management. Ce n’est pas grave de ne pas avoir de compétences dans le management, de ne pas arriver à faire bien. On n’a pas tous les mêmes forces et faiblesses et tant mieux. Sauf qu’en France, si à quarante ans, t’as pas ta propre équipe à manager, t’as raté ta carrière un peu.

Une équipe de managers se tape les mains

Comment l'incompétent du dessus va vous pourrir la vie

Pire. Selon le principe de Peter où chacun évolue jusqu’à atteindre son degré d’incompétence, le poste où nous nous retrouvons incompétent est souvent lié au management. C’est logique puisque le management d’une équipe est perçu comme une promotion. Apparemment, quand une personne est incompétente et qu’on ne peut pas la virer, on la met en management car c’est là qu’elle fera le moins de dégâts. Je m’étouffe. Tiens, je vais écrire un article là-dessus. Bref, tout ça fait qu’à un moment, au-dessus de vous va se cacher un branlos qui va vous pourrir la vie.

Un salarié perdu car n'a aucune vision

On va pas te laisser le temps de faire bien

En entreprise, le nerf de la guerre, c’est le temps. Il y a des tâches à effectuer et une date de rendu. Si la date de rendu n’est pas censée bouger, celle à laquelle on brieffe les équipes, elle… Par exemple, chez Vinyl, dès qu’un brief pour un pitch tombait, il fallait décider si on répondait ou non. La fameuse réunion go/no go. Sauf qu’entre la réception du brief, le fait que quelqu’un réalise qu’on a un pitch qui est tombé et la fameuse réunion, on perdait au bas mot une semaine sur les trois dédiées au travail de rédaction. Et encore, là, c’était dans le meilleur des cas. En général, j’étais contactée à J-3 avant la restitution en mode “Hé mais attendez, y a un volet marketing… Vite, appelez Nina, elle va nous pondre ça”. Pondre, c’est le mot. Un moment fugace mais douloureux où je dois sortir de moi un truc bien énorme. Ce qui fait qu’en général, le Powerpoint partait avec une énorme incohérence stylistique vu que chacun collait ses slides à peine adaptées au petit bonheur la chance. C’était un miracle s’il ne restait pas, dans les slides, le nom d’une autre entreprise à qui on avait fait la même proposition.

Travailler dans l'urgence

Le sentiment du bâclage

Résultat : tout le monde est frustré. On a fait les choses en last minute, on a fait du mieux qu’on pouvait mais… Le saviez-vous ? Moins on a de temps pour faire un truc, moins la qualité est au rendez-vous. Le nombre de fois où j’ai jeté mes slides dans un doc en sachant que c’était nul mais que j’ai fait ce que je pouvais dans le temps imparti ? Le pire, c’était quand on avait le résultat de l’appel d'offres. “On n’a pas été sélectionné”. Ah bah vu la qualité du truc, je suis vraiment étonnée. Le problème, c’est que quand ça devient systématique, ça gangrène ta motivation. Encore un pitch last minute car on s’est réveillés moins d’une semaine avant la réponse. Tiens prends mes slides. Tu veux un truc plus adapté. Et bien moi, j’aurais voulu plus de temps pour bien faire. Du coup, on fait quoi ?

Riles court sous la menace de scies circulaires

Faire en sorte que tout le monde se plante

Et c’est là qu’en lisant les propos de Fleurot, croisés à ceux d’Astier, j’ai suffoqué. Le mot “burn-out” flottait devant mes yeux. Un bon manager ne doit pas presser ses équipes comme ça. Déjà parce que personne ne peut faire bien dans de mauvaises conditions. Surtout si ça se répète. Tu veux que ton équipe réussisse ? Mets la dans de bonnes conditions, c’est pas compliqué. C’est assez évident, il me semble, que des salariés qui travaillent dans une ambiance sereine produisent de la qualité vs ceux qui alignent crunch sur crunch. Le crunch, c’est cette période où tu travailles énormément car la deadline approche et qu’une journée de 7 ou 8h ne suffira pas. J’en ai eu quelques uns de ces rushes dans ma jeunesse. Je me souviens de pres terminées à deux ou trois heures du matin. On peut l’accepter si c’est exceptionnel. Mais dès que ça devient régulier, c’est que ça couille dans le potage.

Comme un lundi, dormir au boulot

T'as pas de temps et tu dois faire mieux que bien

Là où le potage devient particulièrement toxique, c’est quand, non seulement les délais qui vous sont proposés sont peu réalistes, mais qu’en plus, l’exigence du management devient limite délirante. C’est quand on vous pourrit parce qu’il y a une faute sur vos slides alors que vous avez terminé à 4h du mat. C’est quand on vous explique qu’un texte est écrit avec des mots très précis et qu’il est impossible de ne pas sortir ces mots-là alors que vous avez récupéré votre texte à peine une heure plus tôt.

Grosse fatigue au travail

A la limite, si la qualité, on s'en fout...

Quand j’étais jeune, j’avais lu un article sur les production AB qui expliquaient que les acteurices recevaient le texte le matin pour jouer les scènes dans la journée, clic clac, c’est dans la boîte, merci, au revoir. Ce temps court expliquait en partie le mauvais jeu des acteurices de ces séries. Ca et le fait qu’ils étaient plus choisis pour leur plastique que pour leur talent. La plupart d’entre eux étaient mannequins avant de débuter, je pense à Cathy, Etienne, Johanna, Laly, Linda, Nathalie. D’autres étaient musiciens comme Christophe et Olivier, vrais batteurs. Ca devait faire bizarre de jouer d’un instrument au milieu de mecs qui ne savent pas jouer et font semblant mais ok. Hélène était initialement réceptionniste à AB productions, José était décorateur plateau… Bref, on demandait l’impossible à des gens dont c’était pas le métier mais vu qu’il n’y avait aucune exigence sur la qualité… 

Cast d'Hélène et les garçons

Traumatiser les gens n'est pas un management acceptable

Astier dispose, certes, d’acteurices confirmés, ce qui sauve le truc, je pense. Mais à un moment, il faut assumer ses responsabilités. Le souci, ce ne sont pas les acteurices qui n’apprennent pas leur texte par coeur mais bien un manager qui les met dans des conditions de stress difficiles et, franchement, inutiles. Aujourd’hui, on commence à admettre que les méthodes Hitchcock ou Kubrick qui martyrisaient leurs actrices pour les mettre dans un état de nerf pas possible pour obtenir les meilleures images, c’est de la merde. Toujours les actrices, c'est rigolo, le hasard... Pour “l’art”, on accepte beaucoup de choses. Les réalisateurs sont des créateurs qui ont besoin d’absolu. Bullshit, oui.  Le harcèlement n’est pas une méthode de management acceptable. On a surtout affaire à des personnalités narcissiques, autoritaires et/ou abusives. Avec ce côté “j’ai fait de la merde, je suis short sur les délais mais si ça foire, ce sera la faute des gens en dessous”. Nice, on dirait du Macron dans le texte.

Alexandre Astier, patron abusif

Fuyez les managers qui ne comprennent pas qu'on ne bosse pas bien dans l'urgence

Bref, moralité : si vous vous retrouvez à faire des nocturnes parce qu’un N++ a fait traîner un dossier, barrez-vous. Parce qu’à un moment, si une tête doit sauter, les fusibles sont toujours recherchés dans les strates inférieures. Et je rajouterai que si le fameux N++ n’est pas capable de comprendre que le succès n’est possible que si toute la chaîne fonctionne bien, c’est qu’il faut vous barrer. Les gens comme ça ne vous apporteront jamais rien de bon.

 

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