Nouvelle semaine, nouveau procès. On quitte la sordide histoire du Procès 36 pour le procès le plus indigne du monde. En effet, Sieur Denis Baupin est accusé de harcèlement sexuel, de nombreux témoignages concordent… mais il n’est pas sur le banc des accusés, non. Il n’est même pas là d’ailleurs. Les accusées, ce sont ces femmes qui ont parlé, les journalistes qui ont réalisé l’enquête… Et qui sont attaqués pour diffamation. Il va y avoir beaucoup à dire sur le sujet mais attaquons par le premier point : l’impunité du dominant.
De façon générale, Baupin agit comme un prédateur classique, sûr de son bon droit et de ses charmes. C’est assez hallucinant les témoignages : vas-y que je te coince contre un mur pour te peloter, vas-y que je débarque dans ta chambre d’hôtel “parce que je savais bien que t’en avais envie aussi” (spoiler : NON), caresses intempestives, SMS olé olé. Les SMS, justement, y en a un qui m’a marquée “je suis dans le train, j’ai envie de te sodomiser”. Pardon ? Mais à quel niveau stratosphérique de sentiment d’impunité tu es pour oser envoyer ça à une femme qui n’est pas déjà ta maîtresse ? Bon, déjà, je recevrais ça d’un mec avec qui je suis déjà intime, ça me blaserait un poil. Parce que rien que dans ces quelques mots, j’ai un peu la sensation que ce qui compte, c’est son plaisir à LUI. Mais surtout… bon sang mais comment t’oses envoyer ça, je ne comprends pas.
Je suis une femme et la culture ambiante ne m’encourage pas à être entreprenante (sinon je suis une salope, t’sé) alors sans doute qu’il me manque une clé ou deux pour arriver à me mettre à la place d’un homme qui a envie d’une femme et décide de passer la seconde mais… jamais je n’envisagerais d’envoyer un sms à ce point explicite à l’objet de mon désir. Surtout qu’ici, c’est double peine : non seulement recevoir ce sms a quelque chose de brutal, de violent, mais c’est la pauvre destinataire qui va être mal quand elle va devoir développer mille stratégies pour éviter de se retrouver seule avec ce mec. C’est lui le harceleur, c’est elle qui est dans ses petits souliers.
Parce que lui a le pouvoir. C’est marrant de voir qu’à l’heure de #metoo, l’homme de pouvoir se sent suffisamment légitime pour traîner devant un tribunal des femmes qu’il a harcelées et agressées. On pourra se satisfaire du fait que, dans cette histoire, l’arroseur fut arrosé et que si Baupin était bien le plaignant, les accusées/victimes ont pu narrer tout ce qu’elles avaient pu subir. Mais à l’arrivée, cette libération de la parole va-t-elle vraiment changer les choses ? Selon certaines rumeurs, Baupin n’a pas été nommé Ministre à cause de ses casseroles mais j’ai envie de dire qu’il s’en sort quand même pas mal du tout. Je crois que c’est ça qui me révulse le plus dans ce sentiment d’impunité du dominant : le mec a agi ainsi parce qu’il savait très bien qu’il n’y aurait pas de conséquences. On aimerait croire que ça va changer, que comme dirait Cécile Duflot “les filles de la nouvelle génération sauront qu’elles n’auront pas à subir ça”. J’aimerais que tu aies raison, Cécile, je te jure… mais on parle d’un homme blanc dominant, ils s’en sortent toujours. Jusqu’à quand ?