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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

La gratuité de l’information…?

Publié le 14 Février 2019 par Citizen Bartoldi in les médias, s'informer, infox, fake news

 

Je picore l’information. Partant souvent de Twitter, je clique sur l’un ou l’autre des articles que je vois passer et qui m’intéressent histoire de me cultiver ou d’en savoir plus. Le souci, c’est que je me retrouve parfois coincée par un “hey, abonnez-vous ou payez un euro !”. Alors je ne parlerai pas ici de solutions sur le sujet parce que c’est pas mon propos. Moi, je veux parler de gratuité de l’information… mais de l’impossible modèle économique qui y serait lié…

Evidemment, tout travail mérite salaire et je comprends bien que les journalistes ont besoin d’être rémunérés. Et donc, pour se faire, il faut que le journal gagne de l’argent. Alors certes, il y a les ventes du journal papier pour les titres traditionnels mais il y a aussi la pub. Or, il existe aujourd’hui une certaine crise de la pub du digital grâce aux adblocks. Je dis “certaine crise” car pas mal de sites bloquent le contenu si votre adblock est activé. Alors que moi, à la base, si j’ai installé un adblock, c’était à cause des 30 secondes de pub inzappables qui s’arrêtaient dès que tu changeais d’onglet… C’est à vous que je parle Canal+, là !

Obligé de regarder la pub online - Alex dans Orange Mécanique

Alors je me disais “non mais les informations, ça devrait être gratuit et subventionné par l’Etat”. Parce que l’information est devenu une vraie guerre sur le web. A partir du moment où nous sommes tous un medium potentiel, entre un contenu gratuit (pas forcément qualitatif) et un contenu payant… voilà. Alors attention, les contenus gratuits ne sont pas forcément merdiques et bourrés d’infox, y a pas mal de travail intéressant à droite, à gauche. Mais il y a aussi de la merde en libre-accès. Donc quand je commence à voir des abrutis commencer à propager leurs infox préférées, j’aimerais pouvoir me contenter de poster le lien d’un article étayé pour les calmer d’un contenu reconnu et… ah ouais bon, ok, en vérité, quand tu parles à quelqu’un biberonné aux théories du complot, tout média un tant soit peu “officiel” est automatiquement disqualifié. Je me souviens d’une conversation lunaire avec une jeune femme qui niait l’existence des camps de concentration et quand je l’inondais de liens d’articles sur le sujet, de droite comme de gauche, elle les rejetait tous. Bon, la fille était tellement pourrie de l’intérieur que quand je lui ai expliqué avoir visité un camp de concentration, elle m’a rétorqué “je n’ai pas eu cette chance”. Vomi dans ma bouche.

Les théories du complot, une lecture alternative du monde

Alors cette idée d’un média accessible à tous car subventionné par l’Etat, c’est joli sur le papier mais ça va poser un énorme souci : comment peut-on être indépendant si l’argent nous est donné par l’Etat. Je veux dire, si tous les médias étaient subventionnés par l’Etat, aurait-on vu émerger l’affaire Benalla ? Pas de parano de ma part, je pense juste qu’on ne mord pas la main qui nous nourrit. Et en fait, on en arrive à une vraie impasse : le gouvernement nous a sorti une loi sur les fake news. Moi, sur le principe, j’applaudis, je suis la première à péter un câble dès que je vois des articles de type “les vaccins provoquent l’autisme” ou je ne sais pas quelle merde (pour les sceptiques du vaccin, je n’aurai qu’un lien : le très bon  débunk de Defakator. A propos de bons contenus gratuits…). Cependant, quand je vois les gens aboyer au “fake news” à tort et à travers, me faisant haïr violemment ce terme, “argument” massue sur des opinions, je me dis qu’on a pas le cul sorti des ronces. Surtout que bon, la majorité présidentielle, celle qui vote la loi, là, n’a pas tout à fait le monopole de la vérité, hein…

Un salut nazi chez les gilets jaunes ou un "avé" ?

Peut-être aussi que ce problème de “vérité” est surtout qu’il n’y en a pas qu’une et qu’il existe entre la vérite et l’infox toute un tas de nuances qui rend difficile l’existence d’un média strictement rigoureux qui ne se fourvoie dans aucun dérapage. Déjà, on est dans une culture de l’hyper immédiateté. Si je prends les gilets jaunes, il y a plusieurs journalistes qui couvrent les événements en direct, ce qui peut créer une certaine confusion. C’est aussi l’exemple du mort fantôme à Tolbiac. L’an dernier, un ou plusieurs étudiants (j’ai un doute et flemme de vérifier) avait affirmé qu’un étudiant occupant Tolbiac aurait chuté du toit après une poursuite avec les flics et serait dans un état critique. A l’arrivée, il n’y a jamais eu d’étudiant tombé du toit et on en est arrivé à cette situation parce qu’il faut diffuser l’info en permanence, même quand y a rien à dire. C’est tout le drame de ces foutues chaînes d’info en continu qui donnent la parole au premier connard ou la première connasse qui passe histoire de remplir le temps d’antenne.

Leïla, fake news sur un étudiant dans le coma à Tolbiac

Bref, pour s’informer, faut mettre la main à la poche ? Est-ce que ce sera la garantie d’une info de qualité ? Non. Faut-il subventionner l’info pour en garantir une certaine rigueur ? Je doute. Surtout que parfois, s’informer, c’est surtout nourrir ses biais de confirmation. On voit ça semaine prochaine.

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