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Citizen Bartoldi

Blog d'une citoyenne qui rêve d'une société solidaire et égalitaire mais qui voit ce rêve s'éloigner chaque jour un peu plus

La compassion pour les restaurants

Publié le 30 Mars 2019 par Nina in Actualités, citoyenneté

 

N'ayant pas eu le temps de me pencher sur mon journal d'une citoyenne, je vous propose un billet d'humeur. Noire, l'humeur. Parce que je suis écoeurée par cette fRance, sa dérive autoritaire... et son peuple plus révolté par trois vitrines cassées et un resto cramé que par des yeux crevés ou une dame dans le coma.

Qu'est-ce qui a merdé ? Comment on en arrive à justifier qu'une femme de 74 ans, qui pourrait être notre mère ou grand-mère, termine dans le coma avec multiples fractures pour avoir manifesté pacifiquement. Comment n'est-on pas pris de nausée devant la photo de cette femme au sol, la tête auréolée de son propre sang, son dérisoire drapeau de la paix en main, enjambées par un CRS qui s'en contrefout. Comment peut-on rajouter au dégueulasse en expliquant froidement qu'elle l'a quand-même bien cherché ? Je hais la Macronie et son mépris systémique, je hais cette fRance qui a perdu sa compassion...

Les blessés gilets jaunes

... ah non, de la compassion, on en a. Pour les biens matériels. Vous êtes flingués. Vous chialez sur des salariés en chômage technique comme si vous en aviez réellement quelque chose à goût de. Non parce qu'on ne vous entend pas lorsque les conditions de travail des serveurs du Fouquet's sont dénoncées ou que les kiosques sont cramés les soirs d'ivresse populaire. Je ne défends pas la casse, ça m'agace profondément. Surtout quand y a incendie, je ne peux pas cautionner une mise en danger d’autrui. Mais mon souci principal sur la casse, c’est que je sais que les médias ne parleront que de ça. Un resto qui flambe, c'est plus télégénique qu'un oeil crevé ou qu'une main arrachée. Je ne debattrai pas ici de "en vrai, ce sont les flics qui cassent" parce que, déjà, je sais que certains manifestants cassent et qu'en vérité, ce débat ne m'intéresse pas ici. Cependant, je ne comprends pas qu'on puisse s'émouvoir de casse matérielles mais pas des mutilations humaines. Et ce au-delà des raisons d'une manif. On se fait épingler à l'étranger sur les violences policières mais vous êtes encore à dire qu'ils ont cramé un resto donc bon...

Ils l'ont cherché. Ils ont manifesté alors que c'était interdit. Passons déjà sur la partie juridique extrêmement délicate de l'interdiction de manifester à Nice où Geneviève Legay a été blessée et concentrons-nous sur l'horreur absolue de cette interdiction de manifester. En fait, je suis effarée par les privations de libertés continues depuis des années, entre l’institutionnalisation de l’Etat d’urgence, la loi anti-casseur… Et vous gobez ça en vous moquant de ceux qui dénoncent cet état de fait “non mais lol, tu crois qu’en dictature, tu pourrais tweeter ?”. Ah bah si on peut tweeter, c’est vrai qu’on n’a AUCUNE inquiétude à avoir. Un préfet peut décider à discrétion si on a le droit d’exprimer une colère ou non, il va pouvoir juger de la légitimité d’un combat. On met des gens en garde à vue parce qu’on présume qu’ils vont participer à ces mêmes manifestations… Minority Report, bonjour. Mais la démocratie va super, merci.

Je suis angoissée. Je suis angoissée parce qu’aujourd’hui, manifester signifie finir à l’hôpital parce que la police nous marche dessus, ça veut dire peut-être perdre un oeil, une main… à minima respirer des gaz de plus en plus agressifs (et tant qu’on y est : arrêtez d’être cons en pensant qu’insulter les manifestants qui parlent de “gazage” en leur disant qu’ils ne savaient pas comment c’était à Auschwitz… je sais pas, ouvrez un dico et lisez la définition de gazer ?). Je suis angoissée parce que cette France va de plus en plus mal, notre liberté est grignotée chaque jour un peu plus et votre champion des Castors est en train de préparer la voie royale à celle qui voit des choses cheloues sur les réseaux sociaux, ouuuuuuuh… avec un arsenal juridique au poil. Du coup, le barrage, c’est peut-être aujourd’hui qu’il faut y penser. Non, notre démocratie ne va pas bien et en chialant sur les vitrines plutôt que sur les gens, vous n’aidez pas.

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