Titre punchline et sans doute assez putaclic qui manque cruellement de nuances mais j’ai comme une gêne, ces derniers temps. Comme vous le savez, je n'ai plus la télé. Un choix accidentel à l'origine mais franchement, entre Netflix et Youtube, j'ai accès à tout ce qui me faut. Bon, je prends parfois un abonnement pour OCS un mois ou deux aussi. La télé, je ne la vis plus que par Twitter. Et à chaque fois, mon moi d'avant qui voulait être journaliste pleure.
Je parle de télé mais en vérité, c'est global. J'avais certes une vision un peu romantisée du journalisme, je m'imaginais partir au bout du monde pour raconter ce qu'il se passait au loin. L'international, oui, toujours. C'est un peu mon côté crâneuse, ça, j'ai toujours considéré que quelqu'un qui avait de bonnes connaissances en géopolitique était un modèle de culture. Ça se discute, hein, c'est (c'était ?) ma vision des choses, ça n'a aucune valeur de vérité. Je ne me voyais pas forcément partir en guerre, je suis froussarde, plus une sorte de journaliste sociologue ou je ne sais quoi. Je digresse. Bref, pour moi, le journalisme avait pour mission d'apporter un maximum d’éléments pour nourrir une réflexion.
Sauf que dans les faits, en 2019, je doute. Il y a de très bons journalistes d’investigation et je ne peux décemment pas jeter le bébé avec l’eau du bain en pleine affaire Benalla. Je ne peux chouiner sur mon canapé alors qu’on voit un peu (beaucoup) trop régulièrement des journalistes agressés les samedis de gilets jaunes tant par les manifestants que par la police. En vérité, je crois que le journalisme se meurt en dépit des journalistes investis et honnêtes.
Alors pourquoi je dis ça ? D'abord la très grande précarité des journalistes qui peinent à se faire payer, qui seraient priés de filer leur taf gratis ou qui chient du feuillet en masse pour parvenir à gagner péniblement un SMIC. Travailler pour l’amour de la vérité, c’est bien mais ça paie même pas un paquet de nouilles. En conséquence, il paraît compliqué de demander à ces personnes là de passer des jours et des semaines à verrouiller leur enquête. Surtout qu’aujourd’hui, on veut les faits, maintenant, de suite, limite avant même qu’ils ne se produisent. Ce qui donne à l’info cet aspect d’imbroglio incompréhensible où sur un même événement, on va pérorer des heures pour combler les trous. J’avais parlé à l’époque de l’attentat de Boston où des experts en expertise racontaient de la merde sur le plateau. Comme on n’avait aucune idée de qui avait pu commettre cet attentat, la fumée n’étant limite pas dissipée, chacun y allait de sa petite interprétation. Alors pourquoi pas dans l’absolu MAIS… le “journaliste” (j’appelle ça un présentateur mais bon), se contente de pointer du doigt celui qui parle sans jamais apporter aucune contradiction. Excepté parfois face à Marine Le Pen et ses copains et encore…
Et je vous parle de ça, c’était en 2013, c’était relativement soft. Depuis, on a Pujadas qui laisse tranquillement dire que la condamnation de l’ONU via Michelle Bachelet des violences policières en France, c’est un coup de la FI… Alors pardon, hein, mais si Mélenchon peut dicter l’agenda politique de l’ONU, je comprends pas comment il n'a pas été élu Président de la République. Et c’est ici toute l’essence de cette mort annoncée du journalisme, où l’on a d’un côté du prisme des journalistes qui sont payés au lance-pierre et à qui le travail de vérité coûte, littéralement, et de l’autre, les “journalistes” qui laissent dire des énormités sans contredire. Evidemment, d’un côté, on galère pour finir les fins de mois, de l’autre, on se gave bien comme il faut. Et encore, je vous ai pas parlé des experts, éditorialistes, polémistes et…
Ah ben tiens, on verra ça semaine prochaine.